Jacques Higelin

BBH 75

BBH 75

 Label :     Pathé Marconi 
 Sortie :    décembre 1974 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Si Higelin a réussi à diversifier son image à de nombreuses reprises, à se métamorphoser diverses fois, il entame en 1974 sa plus belle mue. Qui est Higelin avant 1974. Un mec qui baigne dans une sorte de folk expérimentale, parfois intéressante mais souvent prétentieuse. On s'ennuie souvent. La critique trouve qu'il y a vraiment un truc chez ce grand pote de Brigitte Fontaine, mais jusque là, le succès n'est que d'estime. Bien sûr, Higelin n'est pas du genre à rechercher le succès à tout prix. Higelin joue sa musique en tant qu'artiste totalement dévoué à son art. Et Higelin fait ce qu'il veut quand il en a envie. Et à partir de BBH 75, Higelin veut faire du Rock. Du vrai, du pur, du dur ! Comme on en fait pas en France, bien bluesy avec une voix éraillée au possible, des solos en veux-tu en voilà ... Du bon rock !
Higelin quitte donc ses oripeaux de compositeurs avant-gardiste et improvisateurs pour composer une petite poignée de chanson particulièrement prenante. 8 chansons, c'est le nombre de pistes qui tiennent sur l'album. S'ouvrant sur le jouissif "Paris-New York, New York-Paris", petite histoire dans la veine de celles souvent racontées par Higelin, sur un gars qui trépigne d'impatience en attendant sa copine à Orly, l'album se déroule sur une trame semblable à celle de ce morceau d'ouverture, alliant guitares très influencées par le blues américain à la voix si particulière d'Higelin. Et Higelin maitrise parfaitement ce nouveau genre, comme s'il était prédestiné à jouer du rock depuis le début de sa vie. Le "Boxon" final en est aussi la preuve. Higelin navigue donc dans des eaux qui lui semblent si facile à maitriser ...

Pour éviter une homogénéité trop monotone, Higelin brise le rythme à plusieurs reprises. Un de ses meilleurs morceaux se trouve d'ailleurs sur cet album, le génial "Cigarette", morceau d'ambiance intime, sensuel et sexuel, finissant sur des toux de fumeur par Higelin. Une seconde rupture se fait avec "Une mouche sur la bouche", un poil en deçà, mais particulièrement bien placé, juste après le funky "Est-ce que ma guitare est un fusil ?", guerrier à souhait, arme de destruction massive qui aura sûrement infligé des dommages collatéraux à de nombreuses victimes qui ont posé leurs chastes oreilles françaises sur cet album.
Si le ventre mou est plutôt ... mou, le final n'en est que plus somptueux, avec le délirant "Oesophage Boogie, Cardiac Blues" et le déjà cité "Boxon", les deux morceaux les plus bluesy de l'album, finissant l'album dans une apothéose de guitare et de voix à réveiller les morts. Et ces paroles, si fédératrices, si désabusées mais jamais dénuées d'humour. Un chanteur-parolier donnant toujours des petites vignettes et les transformants en des hymnes véritables.

Et l'histoire continuera dans cette voie car jusqu'en 1981, et avec des albums toujours plus impressionnants et variés, le plus grand rocker français s'appelait Higelin.


Parfait   17/20
par Bona


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