Jacques Higelin

Irradié

Irradié

 Label :     Pathé Marconi 
 Sortie :    1975 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

En 1974, on sait que ça bouge intramuros, dès l'aube des seventies entre un Manset & un Gainsbourg qui ont balafré notre zénith de 2 immortelles rondelles, puis le "Caricature" du Ange et le "MDK" du Magma, tout est possible, alors...
Higelin n'est pas un monsieur présentable.
Je veux dire que "Tout le monde" connaît, depuis l'âge de 14 balais qu'il traine son ombre sur les planches, de la chansonnette où devant la caméra, entre ses potes roublards les Areski - Fontaine et ses mômes braillard les Arthur - Izïa, le grand dadais du rock in Phrance a toujours été en première ligne, a donné le ton et n'a jamais baissé les bras. Et a donné plus d'une fois des leçons d'être aux petits jeunots.
Higelin, l'homme qui a construit son succès sur le spectacle. Alors que ses chansons étaient peu jouées dans les médias, notamment pour des raisons politiques (années 70), Higelin triomphait chaque soir dans de petites salles, entre un Trenet sous champis ET la gouaille d'un titi sur les barricades. Avec des prestations scéniques où il se donne sans compter et atteint souvent une communion rare avec le public, il faut l'avoir vu pour le croire.
Et puis, le baladin s'est transformé en rocker. Sans perdre ni son souffle ni son enthousiasme ; il sera un des premiers à tenter toujours de nouvelles expériences sans redouter de brouiller son image. Un très grand, toujours debout à 71 balais.
"Je suis le sage, le fou, le débile. Je suis du village l'idiot et j'entends les rumeurs de la ville."
En 1975, juste après le carton du "BBH75" et avant "Alertez les bébés" et son extraordinaire "Minimum", référence adoubée dans les rangs clairsemés de nos héros, je tombe sur ce vinyle cartonné, enregistré à Hérouville, qui annonce "Jaques Higelin et... Super Goujats" avec un dos de pochette où les loulous de la banlieue au flipper annoncent la couleur, et avant que Bertignac s'amuse à téléphoner à n'importe qui, le gars qui balance ici ses riffs plombés sur sa Gibson c'est lui. Je découvre le groupe sur une petite scène excentrée de la Fête de l'Huma, cette année-là, et j'opine, en v'la du rock, en vl'a.
"Rock In Chair", "Ô Fais Moi L'Amour", "Le Courage De Vivre", "Un Oeil Sur La Bagarre", c'est pas du léger mais, avec le sourire, ces planches contacts nous racontent des histoires.
"Mon portrait dans la glace" : 1ère baffe, c'est possible, c'est rock, c'est velu, c'est classe, c'est punk, c'est surtout une vraie marrade.
"Irradié", le titre éponyme, est une enclave surréaliste ou la poésie higelienne et le lyrisme crabouif est l'acte fondateur d'une carrière qui va se la péter et pas qu'un peu (au même titre que le morceau "Alertez les bébés" du futur opus). Là, on se barre ailleurs, voyage au pays des tambours où "Irradié" n'est qu'un cri.
"L'Ange & Le Salaud" celui qu'on aimerait tous avoir écrit, perfection dans la simplicité, ça roule tout seul, ça fonce sur le périf' vitre ouverte, le bout de la santiag qui prend l'air et une cannette de mousse à la main, vous connaissez ? Non, moi si !
"L'Hymne Aux Paumés" ou "Ballade Pour Un Matin" : qui d'autre peut se permettre ? Du grand Jacques, là où le ridicule peut tuer, lui il plante des fleurs d'espoir dans le désert culturel de ces années jolies.
Un disque qui a vieilli comme nous, patiné sans oxydation, une carte postale couleur sépia d'un temps que les moins de 20 ans se devraient de connaître...
"Conquérant du vide, je lance mes escouades d'éclairs de brume et de mirages à l'assaut des galaxies."


Très bon   16/20
par Raoul vigil


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