The Sundays

Blind

Blind

 Label :     Parlophone 
 Sortie :    mardi 20 octobre 1992 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Le phénomène Sundays ou comment la presse britannique a créé la hype alors que le groupe n'était encore qu'un embryon. Aucun enregistrement concret à leur actif et pourtant en couv' du NME en cette année 1989... Jouissant ensuite dès la sortie de l'inaugural Reading, Writing And Arithmetics d'une réputation méritée de groupe pop apportant grande fraicheur et naïveté, les Sundays - essentiellement David Gavurin et Harriet Wheeler, couple sur scène comme à la ville - sont le parfait croisement entre les Smiths - pour les parties de guitares - et Cocteau Twins - pour la voix de Harriet Wheeler, toujours mise en avant dans les compositions. Le charme instantané de cette formation réside dans cette formule magique que le couple s'efforce de décliner : arpèges cristallins de guitare accompagnés par la voix enfantine et fragile de Harriet, aux très jolis trémolos. D'ailleurs, la batterie et la basse, reléguées au second plan, se cantonnent juste à se fondre en arrière plan afin de rendre le son plus rond et plus chaud, magnifiant par voie de conséquence le couple guitare/voix.

Blind ne fait que reproduire les recettes éprouvées du premier album, mais quelles recettes ! D'aucuns aiment la pop et la simplicité des belles choses, l'on imagine aisément le compositeur au travail, muni de sa seule guitare et escorté de sa muse. C'est tout ce que nous donne à découvrir "Life & Soul", titre doux-amer, nourri aux regrets. Avec ce groupe, point de désespoir, point de tristesse. L'on parle de mélancolie. La nuance est de taille tant les compos jouent subtilement de cet état, parfois en filigrane, latent, avec onces d'espoir jamais loin ; parfois plus sombrement ancré, comme dans "Medecine". "24 Hours" évoque les grands espaces explorés avant eux par les Cocteau Twins sur The Moon And The Melodies, mais avec des guitares plus bucoliques et actives. Il y a quelque chose de limpide dans les compositions qui mène irrémédiablement à l'éternité. Les arpèges clairs de Gavurin y sont pour beaucoup puisque joués à l'infini, serpentant au gré des morceaux.
Le seul hymne à la joie béate est "Love", légèrement plus enlevé qu'à l'accoutumée (rappelez-vous, tout n'est que nuances chez les Sundays). La miss Wheeler y entonne le mot "love", s'implorant elle même de s'aimer un peu plus pour vivre des jours meilleurs.
Puis il y a "On Earth", bijou éternellement pop brillant au firmament. Ici, tous les arrangements sont sublimés : suites de notes sinueuses étincelant de mille feux et croisant la discrète guitare électroacoustique, tout le titre prenant l'ascension linéaire vers les cieux. Les voix (jusqu'à trois) se répondent en écho, puis en canon pour un effet des plus angéliques. Car il s'agit bien de "Sarah", ange bienfaitrice montée au ciel et conjurée par Wheeler de descendre quand le paradis "Sur Terre" sera réalité. Dans le texte, cela donne : "She (Sarah) said 'what's in my palm ? Read between the lines and give me somethig to savour. Can you do that ?'". On croirait l'extrait issu des "Ailes Du Désir" de Wim Wenders quand l'ange veut pouvoir palper les émotions humaines, les corps tangibles. Ici, Sarah supplie donc notre chanteuse de la matérialiser parmi les terrestres. Quelle leçon de philosophie céleste...

Ce deuxième opus est finalement très similaire à son prédécesseur, bien que plus légèrement électrifié. Les Sundays sont un groupe qui s'écoute très facilement, avec une spontanéité immédiatement appréciable. Ils sortiront ensuite "Static And Silence", pour lequel - je me souviens - les Inrockuptibles avaient ressorti telle quelle la chronique publiée pour "Blind". C'était tout dire. Ce sont là les faiblesses des Sundays : une certaine forme de surplace artistique. Se mettre en danger est difficile, si confortablement drapé...


Très bon   16/20
par Cocteaukid


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