The Jam

The Gift

The Gift

 Label :     Polydor 
 Sortie :    vendredi 12 mars 1982 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Paul Weller est un artiste phagocyte, une éponge de génie. Il suffit qu'un jour il découvre émerveillé tel ou tel groupe pour qu'il absorbe d'un coup d'un seul leur moelle substantifique et nous serve dans la foulée son art grandiose imbibé d'une nouvelle influence maîtresse. Après les Who, les Kinks, les Beatles, le leader de The Jam se tourne carrément vers un genre entier et même plus : la soul, le funk, le R'n'B...
Une sorte de retour au source de la source pour ces mods nouvelle génération. Un virage à 180° annoncé par un précédent single à succès, "Absolute Beginners". Délaissant une ligne rock pure et dure au grand dam de ses deux camarades de jeux, Weller entend bien apporter sa pierre à un édifice du groove qui secoue l'Angleterre depuis pas mal de temps déjà (voir à ce sujet les géniaux Specials ou Dexy's Midnight Runners).
A grand renfort de cuivres, de guitares scintillantes et de quelques beats amphétaminés, The Jam tout en ayant un pied en territoire pop, sonne le branle-bas le combat au dance floor. Pour celui qui n'aurait pas tout à fait suivi l'évolution musicale des Londoniens, le choc est forcément rude à l'écoute d'un "Precious", capable de faire trémousser direct n'importe quel quidam sur sa guitare funky wah-wah et ses coulées de saxo. Idem pour ce "Town Called Malice" aux forts relents girls group motowniens. Qu'il est loin alors le punk des débuts ravageurs. Tant pis ou tant mieux, c'est selon.
En bon mélomane, il sera tout de même difficile de résister malgré ses quelques imperfections à ce tourbillon flamboyant. Car si l'on est en droit de détester la kitcherie du caribéen "The Planner's Dream Goes Wrong", on ne peut que s'agenouiller devant un "Running On The Spot" céleste ou un "Just Who Is The 5 O'Clock Hero ?", dernier tour de force kinksien d'un Paul Weller qui rend hommage aux héros silencieux d'une Angleterre prolétaire, celle-là même qui subit alors crise et thatchérisme. Mais les vrais héros d'alors in England, ce sont bien sûr ces trois ex-banlieusards fiers d'un 6ème album qui se classe très vite numéro un des ventes.
Gloire au sommet, rien ne pouvait arriver à ce trio magnifique. Du moins c'est ce qu'on croyait. Prises de gueules répétées pour cause de divergences musicales auront eu raison du groupe issu du tremblement punk le plus fascinant avec le Clash. Une dernière tournée triomphale et The Jam annonce son divorce fin 82. Quelques millions de fans laissés sur le carreau, abasourdis d'incompréhension... Mais quelques décennies plus tard, c'est un autre sentiment qui domine, le sentiment que The Jam avait déjà tout dit et avec une éloquence rare.


Bon   15/20
par Sirius


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