Jessamine

Don't Stay Too Long

Don't Stay Too Long

 Label :     Kranky 
 Sortie :    mardi 01 septembre 1998 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Don't Stay Too Long ou la nécessité de réhabiliter le rôle de Jessamine dans l'histoire du rock en général et du post-rock en particulier.

Après deux albums de post-rock de grande classe, ténébreux et désespéré, et une compilation aux accents plus expérimentaux et aventureux, Jessamine revient en 1998 pour un troisième et ultime album studio: Don't Stay Too Long donc. Et ce nouvel album va marquer une nette différence avec ses prédécesseurs...

Oui, Don't Stay Too Long diffère incontestablement des précédents albums de Jessamine... et c'est tant mieux ! Le quatuor aurait pu nous ressortir un nouveau Long Arm Of Coincidence et tout le monde aurait été (très) content. Au lieu de ça, les quatre de Seattle, s'ils nous offrent tout de même un post-rock à l'atmosphère toujours si particulière, enrichissent leur son d'un nouveau "groove" (il n'y a qu'à entendre l'intro de "Hand Held" pour comprendre) qui illumine littéralement cet opus. Post-rock évidemment, certes, mais avec des tendances presque trip hop (comme sur "It Was Already Thursday") qui s'en échappent, et de légères acoquinances pop qui émergent.
Et puis, autre différence, et non des moindres, ce n'est plus Andy Brown qui s'occupe du chant puisque le leader a décidé ici de confier cette tâche à sa bassiste Dawn Smithson dont la voix lascive est un délice pour les oreilles (même si le claviériste ne peut s'empêcher d'intervenir au côté de sa bassiste sur les très bons "Pilot-Free Ignition" et "Continuous")... De plus, Don't Stay Too Long est un album court, en tout cas plus court que les autres: sept titres pour même pas quarante minutes.
Tout cela, nous amène donc à un disque aux couleurs presque inédites chez Jessamine.

On retrouve toujours ces climats, ces ambiances envoûtantes tout en finesse et en subtilité menées par le clavier impeccable d'Andy Brown. Mais ici, tout semble plus calme, plus posé, comme si la pression des tout premiers albums était retombée, laissant place à une liberté totale de choix artistiques. Jessamine prend de l'envergure, étend son répertoire et gagne même en crédibilité (même si pour ça, Brown et compagnie avaient déjà fait le plus dur).
Rex Ritter n'a rien perdu de son attrait: sa guitare est plus que jamais noyée sous les effets, chaque note jouée se percutant dans cet espace sonore une nouvelle fois d'une richesse réjouissante.
Jessamine est toujours animé de cette même passion qui amène le groupe à nous proposer des titres comme l'instrumental "Burgundy" et sa basse vrombissante, ou l'excellent "Corrupted Endeavor" et sa rythmique que l'on pourrait attribuer à Can. Malgré cette comparaison, le groupe se débarrasse totalement de ses réminiscences noisy-pop à la My Bloody Valentine (notamment) que l'on pouvait trouvé sur le premier opus (excellent au demeurant), et de tout autre rapprochement musical: non Jessamine fait exclusivement du Jessamine ici, avec son propre son, son propre univers et ses propres aspirations... et le résultat est ô combien fameux ! C'est en faisant preuve d'une vraie concision et d'une cohésion flagrante entre les morceaux, que ce disque nous prouve à quel point le groupe d'Andy Brown croulait sous le talent et l'ingéniosité !

Don't Stay Too Long aura été le dernier album de Jessamine, et pourtant, il laissait présager le meilleur pour le quatuor: une nouvelle approche musicale tout aussi intéressante avortée trop tôt... beaucoup trop tôt.
Alors ce troisième album ne fait que renforcer le mystère autour de cette question pourtant si simple: mais pourquoi un groupe de cette trempe est-il resté si méconnu et si confidentiel ?


Excellent !   18/20
par X_Jpbowersock


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