Tim Buckley

Starsailor

Starsailor

 Label :     Rhino 
 Sortie :    1970 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Avec les deux disques qui ont ouvert la carrière de Tim Buckley entre 1966 et 1967 (Tim Buckley et surtout Goodbye & Hello), Starsailor fait partie des trois disques légendaires du père inconnu de Jeff. Marquant une trève fatale avec son folk originel, Tim Buckley s'ouvre ici à une musique expérimentale et racée, teintée de pop et de jazz vocal, aussi difficile à appréhender qu'impossible à lâcher si jamais vous parvenez à l'apprivoiser.

Dans Starsailor, tout tourne autour de la voix du maître, qui virevolte sans frein dans un air pesant, savamment construit autour d'arrangements anti-conformistes et anti-mélodiques, qui, c'est certain, en dérouteront plus d'un au passage. Saxos, guitares, choeurs déstructurés sur rythmique arythmiques construisent la trame sonore de ces improvisations et mélodies pour un rendement insoupçonné, bizarre, glauque, mais impressionnant.

On pourrait parler de musique directe, d'essais musicaux, de musique cérébrale ... Je crois plus simplement que Tim Buckley est un grand artisan, qui dévoile toute une méthode de composition en live sur Starsailor. Il ne prend aucun gant, se permet absolument tout, des boucles de guitares aux dissonances les plus improbables sur fond de paroles incompréhensibles. Il crée un malaise permanent qui habitera chaque auditeur et s'intensifiera en lui au fur et à mesure de l'écoute.

Deux points culminants pour moi, sur "Monterey", où Tim Buckley crie plus qu'il ne chante, et sur "Moulin Rouge", où il nous offre l'occasion d'écouter son doux accent américain sur des paroles en français. Avec ce dernier titre, l'artiste-artisan nous donnera d'ailleurs l'unique once de douceur de Starsailor, comme une petite brise au milieu d'une tornade sonore, avec sa petite mélodie pour une fois appaisante.

En construisant son album sur les bases de son vécu de star pop naissante et d'incompris intello futur, Tim Buckley crée une oeuvre sensible et conquérente, pour le moins osée. On aimera ou on détestera Starsailor, mais, comme pour ses oeuvres suivantes, on ne pourra pas taxer le grand Tim de copieur ou d'opportuniste. Il créa au début des années 70 une musique totalement hors du temps et de la 'pensée juste', qui, je l'espère, saura vous émouvoir autant qu'elle m'a émue.

Difficile pourtant de noter ce disque. Intemporel, le disque l'est assurément, puisque personne à ma connaissance n'a jamais reproduit quelque chose dans cet esprit. Mais mettre 20 à Starsailor serait assez injuste en regard de toutes ses imperfections et difficultés de compréhension. Je lui affecterai donc, de façon totalement arbitraire, la note de 17, mais, j'espère que mes mots auront mieux traduit ma pensée que cette note sans véritable sens.


Parfait   17/20
par Sinoc


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