Silver Jews

American Water

American Water

 Label :     Drag City 
 Sortie :    mardi 20 octobre 1998 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

The jukebox is playing a sad melody
For heartbroken lovers just like you and me


Parfois, le hasard fait qu'on est jamais tombé sur la route d'un groupe culte. Et puis dès qu'on l'entend une fois, le hasard fait qu'on arrête pas de tomber dessus. La première fois que j'ai entendu parler de David Berman, c'était il y a 10 ans, lors d'un concert d'Herman Düne. Le groupe s'était lancé dans une reprise des Silver Jews et je m'étais promis de checker ce groupe que j'imaginais ressembler à une bande de troubadours avec des costumes de Rabbi Jacob. Sauf qu'à l'époque, le catalogue du groupe n'était pas sur Spotify, incomplet sur Youtube et il avait fallu pas mal d'attente à la médiathèque pour pouvoir enfin en savoir plus sur cet ami d'un ami d'un ami, cette figure un peu mythique, ce poète torturé qui allait pouvoir m'en dire plus sur ce que ça allait être de vieillir avec une dépression.

Et puis Starlite Walkerm'a refilé la même sensation d'éphiphanie que lors de ma première écoute de Slanted & Enchanted. Et puis American Water qui a scellé mon amour pour les Silver Jews tout comme Crooked Rain avait scellé mon amour pour Pavement. Et c'est avec l'aide de Stephen Malkmus que David entre en studio pour enregistrer ce troisième album. Cette fois, le songwriter veut s'amuser, ne pas sonner trop dépressif mais il y a tellement de drogues dans le studio et il devient tellement accro aux anti-dépresseurs qu'il finit par être de plus en plus dépressif... Le résultat est probablement ce qu'il a fait de mieux, équilibre parfait entre mélancolie et humour pour survivre à la mélancolie. "American Water" est à ranger auprès des meilleures disques de Leonard Cohen et Townes Van Zandt, même si au final, il sonne comme du David Berman. Et comme d'habitude, il débute les festivités avec une réplique culte : en 1984, on m'a hospitalisé parce que j'approchais la perfection....

"Random Rules", "Smith & Jones Forever", "People"... Tout le génie de David est immortalisé sur ses plus belles tranches de vies tragi-comiques. Le génie de son écriture, capable de parler de manière ultra précise à beaucoup de monde mais avec des tournures de phrases et des vérités que personne n'avait jamais écrit comme lui. Le génie de sa musique, à la fois au service du texte et mélange savant d'influence country et de mélodies lo-fi inoubliables.

Début juillet, quand David a fait son grand retour sous le pseudonyme Purple Mountains, je pouvais enfin le considérer comme un mentor, un vieux compagnon de route, un héros que j'étais heureux de retrouver autant en forme créativement. Le 7 août, il s'est pendu. Quand j'ai vu la légion de musiciens et de fans qui lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux, j'ai réalisé qu'il n'était pas juste un artiste culte ou un poète dépressif mais qu'il a été tout au long de ses albums un guide, un grand frère, un ami, une voix intérieure. Et c'est en se souvenant de ça et en continuant à revisiter ses chansons qu'on ne l'oubliera pas et qu'il pourra toujours être à nos côtés quand ça va bien, quand ça va pas et quand c'est plus compliqué que ça.

Honk if you're lonely tonight
If you need a friend to get through the night


Exceptionnel ! !   19/20
par Dylanesque


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