La Route Du Rock

Saint-Malo [Fort De Saint-Père] - vendredi 12 août 2016

Depuis ma première venue en 2006, la Route du rock est devenue mon marronnier de l'été : je n'en ai ratées que trois depuis cette première magique, dont le point d'orgue était le concert de... Belle and Sebastian. Autant dire que l'idée de les revoir ici dix ans après n'était pas pour me déplaire, même si je n'ai pas été ébloui par leurs derniers albums. Et puis Belle and Sebastian, Tindersticks et Lush, ça aurait fait une belle affiche en 1996...
Premier couac en ce premier jour, dès l'entrée sur le site : alors que la page Facebook nous mettait en garde contre le temps d'attente lié aux fouilles à l'entrée, c'est au stand Cashless que je reste coincé une heure. Motif : un gros souci d'organisation au niveau de l'échange des cartes 2015 contre les bracelets. Une heure d'attente pour découvrir qu'il ne restait plus de crédit sur ma carte 2015, et que tout ce que j'ai gagné, c'est un euro de frais d'activation du bracelet. Un euro de l'heure, ça doit être ça, l'uberisation de la société...

En attendant, j'ai raté le concert de Psychic Ills sur la petite scène. Enfin, pas totalement, puisqu'on l'entendait depuis la file d'attente. On l'apercevait même sur un écran géant flouté par un soleil éclatant. Un concert très beau et très paisible, comme leurs trois derniers albums (particulièrement le dernier, sur lequel figurait Hope Sandoval, la chanteuse de Mazzy Star).
J'ai aussi raté le début du set de Kevin Morby sur la grande scène. Un set très chouette malgré tout. Le folk-rock de l'ancien bassiste de Woods est une sorte d'équivalent américain de celui des irlandais de Villagers. Il y a du très doux et du plus râpeux, on y décèle beaucoup de Dylan, un peu de Crosby, Stills, Nash & Young (ensemble ou séparément), et même une pointe de Velvet sur le tubesque "Dorothy". Tout ce qu'il faut pour me faire oublier des déboires initiaux et me mettre dans l'ambiance avant l'arrivée sur cette même scène de Belle and Sebastian.
Vous l'aurez compris, ce n'est pas ce soir qu'on va pogoter. Pourtant, la prestation des écossais va mettre une très belle ambiance et donner la banane à tout le monde. Les rôles sont bien répartis : Stuart Murdoch le farfadet dynamise le public pendant que Stevie Jackson le binoclard imperturbable joue les chefs d'orchestre, sautant d'un instrument à l'autre et assurant les enchaînements sans perte de rythme. Une sacrée troupe qui se promène entre la sublime "sad bastard music" des débuts ("Stars of Track and Field", "The Boy with the Arab Strap"), la pop sautillante du milieu des années 2000 ("I'm a Cuckoo") et la disco-pop plus dispensable des derniers albums. J'avais été un poil blasé par leur passage à Rock en Seine en 2013, mais là, le grand orchestre de Glasgow assume avec brio son statut de tête d'affiche du premier soir. Stuart ira jusqu'à faire monter sur scène la vingtaine de hippies qui mettait l'ambiance dans la fosse pour danser avec eux pendant deux ou trois morceaux.

La suite sera moins enthousiasmante. C'est d'abord Haelos qui prend le relais. L'une des dernières signatures de Matador avec Car Seat Headrest (j'arrive à les recaser même quand ils ne sont pas là) propose une musique bien différente de celle des power-popeux de Seattle : annoncés comme trip-hop par le programme du festival, ils n'ont pas grand-chose à voir avec le peu que je connais de Massive Attack ou de Portishead. Deux batteries, une basse et un clavier, et un duo mixte de chanteurs, le tout me laisse un arrière-goût de variétoche américaine ; j'abandonne avant la fin du deuxième morceau et me pose dans un coin pour attendre Minor Victories.
Minor Victories, c'est un super-groupe, comme à la fin des années 60 : la voix féminine (et enchanteresse) de Slowdive, un Mogwai à la gratte, un Editors et son frangin aux claviers et à la batterie. J'aime beaucoup les deux premiers groupes cités, j'apprécie le peu que je connais du troisième, mais le mélange des trois est très loin de me convaincre. On est pourtant dans la définition du shoegaze telle qu'elle sera présentée le lendemain par le conférencier Christophe Brault : voix aérienne, morceaux pop et guitares bruyantes. Sauf que les morceaux pop en question sont assez inégaux, et souvent un peu plan-plan. Et que quand la voix féerique de Rachel Goswell se pose sur la grosse guitare baveuse de Stuart Braithwaite, ça ne donne pas toujours le résultat escompté. La sauce prend par moments, et c'est précisément durant l'un de ces moments que les relous bourrés font leur apparition (brutale) à mes côtés : " pourquoi les gens y dansent pas ? Faut danser les gens ! Bande de parisiens ! ".
Cet événement précipite mon départ, aux trois quarts du concert. Après, c'est de toute façon un autre festival qui commence, électro celui-là : Pantha du Prince, Gold Panda, Rival Consoles. Autant de noms qui ne m'évoquent rien du tout et de descriptions qui m'incitent à aller me coucher. Au final, une soirée mitigée malgré de très beaux moments. Et une question qui commence à tarauder tous les fidèles de ce festival : l'affluence maigrichonne va-t-elle lui permettre de survivre ?


Pas mal   13/20
par Myfriendgoo


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