Laetitia Sadier

Parfois ce qui est blanc peut devenir noir en passant par le gris, ça change [samedi 27 septembre 2014]

Laetitia Sadier, moitié de Stereolab et leader de Monade, a accepté de répondre à quelques questions. Rendez-vous en un beau samedi après-midi, au Walrus – excellent disquaire dont la collection fait rêver, autour d’une limonade artisanale à la figue. La chanteuse se prépare à jouer un concert en début de soirée ; elle offre le portrait amical d’une artiste affable, enjouée et bavarde !

Interview menée par Wazoo



-Je vous ai vu au concert de Neutral Milk Hotel le 25 mai au Trianon, vous y faisiez la première partie, et j'ai été notamment marqué par la façon dont vous présentiez vos morceaux : un peu ambiguë, parfois c'était une vanne, parfois une piste de réflexion, parfois un peu des deux, en somme on ne savait pas trop sur quel pied danser. Cette ambiguïté m'a renvoyé à la façon que vous avez, dans vos disques, d'envelopper des messages forts dans un écrin musical le plus souvent très doux. Est-ce conscient de votre part ?

-C'est intéressant ce que vous dites, parce que c'est vrai ; on me dit souvent que je suis comme ça, les gens n'arrivent pas à dire "est-ce que c'était une blague ? est-ce que c'est sérieux ?", on me dit que je fais du quatrième degré. Moi je ne me rends pas nécessairement compte, c'est pas du tout quelque chose que je programme de faire ; c'est comme ça, c'est moi ! Peut-être aussi simplement que les choses ne sont souvent pas telles qu'elles semblent l'être, qu'il y a des profondeurs, des complexités. Peut-être qu'on est trop dans un monde soit noir, soit blanc, tu sais ce monde manichéen, à l'américaine… Je pense que la réalité est vraiment faite de toute une palette de gris, il n'y a rarement que du noir, ou que du blanc, parfois ce qui est blanc peut devenir noir en passant par le gris, ça change ! C'est transient, je ne sais pas si ça se dit en français mais oui, c'est comme ça que je ressens les choses !

-D'ailleurs ça me renvoie à une autre question que je me posais ; est-ce que vous pensez d'abord au message que vous voulez donner à vos chansons dans le processus de composition, ou bien est-ce la musique qui vient en premier ? Y a-t-il une règle stricte ?

-L’un n’exclut pas l’autre ! Il n’y a pas de hiérarchie non plus. Comme souvent j’ai pu le voir faire, où des gens privilégiaient la musique – souvent les garçons j’ai l’impression, et où les paroles sont quelque chose de complètement accessoire, on s’en fout un peu, de toute façon tout le monde n’écoute pas les paroles. Donc non, pour moi c’est une opportunité, et un travail de longue haleine d’ailleurs. Parce que je me souviens de mon premier album (Socialisme et Barbarie, de Monade), quand je me concentrais sur la musique (enfin !), j’avais prêté tellement d’attention à faire la musique – parce que, aussi enregistrer de la musique c’est toute une entreprise, ça ne se fait pas ‘clac’ comme ça : « tiens l’album il est prêt ! », c’est beaucoup de travail, un travail qui s’apprend : comment faire tenir toutes ces pistes, ces idées ensemble ? Donc au début, je me souviens très clairement – et très consciemment – avoir mis beaucoup d’énergie dans la musique, et c’est vrai que les paroles… D’ailleurs le projet était parti de l’idée que j’attendais Alex, mon fils, et on lui a offert un livre de comptine (il n’était pas encore né) ; je me suis dit « tiens, je vais mettre une comptine par jour en musique ! » Et en fait j’ai fait ça pendant 7 jours, j’ai fait 7 chansons. Alors là c’étaient des paroles que je mettais en musique. C’est la première et dernière fois que j’ai fait ça, je regrette maintenant, parce que j’ai pris le mauvais pli de d’abord faire la musique et ensuite de faire squizzer les paroles dans les mélodies, et je trouve qu’il y avait une liberté d’apporter d’abord les paroles. C’est plus difficile, parce que tu as moins de contrôle, mais la chanson va être plus libre tu vois ? C’est assez étrange comme phénomène ! C’est plus de risques, plus de vulnérabilité, parce qu’on a moins de contrôle sur la musique. Ca je crois que c’est un truc de garçon, ils aiment bien les ordinateurs parce que subitement là ils peuvent tout bien contrôler ! Les trucs plus volatiles dans la réalité c’est pas tout a fait ça ! Bon pardon je fais un peu la guéguerre aux garçons, mais je suis un peu comme ça aussi, puisque finalement j’ai plutôt tendance à d’abord faire la musique, et ça c’est dommage, mais bon. C’est quand même des grandes entreprises. En tout cas pour moi c’est pas « facile » de faire un album, on se jette un peu dans un truc immense, où effectivement il faut que tout, de la première chanson créée à la pochette, que tout soit en adéquation.

-Oui, que ça forme un tout cohérent, sinon ce n’est qu’une collection de chansons.

-Voilà. Mais après généralement les choses se mettent ensemble hein ! Même si on peut aller très loin… ça je l’ai appris avec Stereolab, quand on allait à Chicago enregistrer, on se disait : « Ouais ! On va vraiment se trouver un autre son, on va être complètement différents, on va pas se reconnaître ! », puis on rentrait chez nous et « ah ben en fait c’est encore nous ». J’ai appris que finalement même si tu vas très loin pour t’échapper, tu te retrouves toujours en face de toi, quoi qu’il en soit. Donc je n’ai pas vraiment peur de l’égarement, c’est pas un danger.

-Je repensais à votre engagement politique, vos positions personnelles, que vous arrivez à tenir avec les années, notamment sur une chanson de votre disque (« The Scene Of The Lie »), où vous faites une diatribe contre la société du spectacle ; est-ce que ça vous a déjà valu des ennuis dans votre carrière ? Est-ce que ça vous a fermé des portes ?

-J’espère pas ! (rires) Non, jusqu’ici non. Parfois j’ai peur de me prendre un truc dans la gueule, parce que je sais que ça énerve les gens quand on dit des choses trop près de la réalité, où ça frotte trop sur leur peau. Mais de façon générale je vois bien que les gens sont d’accord et se rendent de plus en plus compte de l’état actuel général, de toute cette manipulation aberrante et nauséabonde qu’on nous fait subir.

-Il faut juste un porte-parole pour le dire ?

-Oui mais c’est bien ; il faut articuler ces choses-là, dans le sens « articulate » ; une idée que tu vas articuler pour qu’elle ait un sens que tu peux afficher et affirmer. Il faut faire ça, parce qu’évidemment tous les messages médiatiques vont à l’encontre de cette réalité, puisqu’ils ne veulent pas de la réalité. Ils ne veulent que de l’édulcoré et du mensonger. Il est important que quelqu’un fasse ce travail d’articulation.

-Oui, ça me fait penser à une chanson du groupe Future of the Left (« Singing of the Bonesaws »), une parodie d’un présentateur de la BBC qui présente cette société qui nous dit constamment que nous sommes « excités » ; que tout est incroyable, fantastique et ça permet de faire passer des choses en loucedé…

Laetitia : … et c’est pas du tout fantastique. Par exemple l’exploitation… Moi je vois autour de moi – et c’est ça l’idée centrale du disque je pense – et moi incluse, et vous aussi je suis à peu près sure : on travaille plus, et on gagne moins. Ça résonne, non ? Mais où va l’argent ? Alors qu’il y a des groupes très marginaux dans la société qui, eux, s’enrichissent de manière phénoménale ; on ne peut même pas imaginer l’ampleur de leur richesse tellement ils sont richissimes ! Alors que cela se produise c’est bien normal, il y aura toujours des gens pour s’en mettre plein les fouilles à en faire péter leur compte en banque. Ce qui n’est pas normal, c’est que nous on soit là ; à faire du sleepwalking, à marcher en dormant. Tout en étant très stressés, très sollicités, en ayant des journées qui passent très vite, et sans prendre action… Prendre position, déjà ! Alors que font les gens ? Et ben ils vont voter Marine Le Pen, ils vont dire « et bah nous on va se séparer » comme les écossais, des choses sans rapport. Non, au contraire ! Il faut s’unir, trouver un projet commun. Et ça, il n’en est même pas question, et pour moi c’est quand même une évidence qu’il faut qu’on arrive à s’entendre au moins un minimum. Mais les gens ont tellement peur de ne pas s’entendre… Et c’est d’ailleurs là qu’en est la gauche aujourd’hui ; elle ne s’entend pas. Et c’est aujourd’hui que les gens votent Marine Le Pen, parce que la gauche nous a abandonné. Puis nous on ne prend pas non plus la gauche, on ne s’organise pas. Alors il y a quand même des petits groupes, comme… la « nouvelle donne » je crois ? Bon, ce que je souhaite maintenant c’est un vraiment mouvement populaire, c’est quelque chose qu’il faut construire aussi. Et ça se construit en passant par la conscience ; quand vraiment il y a un moment où l’absurdité et l’injustice sont tellement exposées que tu te dis : non, là je ne peux plus ne rien faire, me voiler la face, continuer à faire mon Facebook, ou regarder la télé, ou je ne sais pas ce que font les gens… !

-Et cette prise de conscience, c’est le rôle que vous vous donnez en tant qu’artiste ?

-Oh ben ça fait vachement prétentieux, non ? (rires) Je suis madame conscience, appelez-moi madame conscience !

-Mais ça peut être un but vers lequel vous tendez ?

-Mais oui, bien sûr ! Sans vouloir être super prétentieuse, ou ce que tu veux, oui. Mais ce travail je le fais pour moi, en tout premier lieu, parce que vraiment : je ne suis pas madame conscience ! Si je me laissais faire je serais avec une bouteille de vin sur mon canapé à regarder des films toute la journée, si j’avais eu le choix. Mais non, la vie en veut autrement. Et peut-être qu’on a chacun, un purpose, quelque chose pour lequel on est fait particulièrement, sur cette planète, puisqu’on est tous uniques. Et c’est le thème d’une de mes chansons d’ailleurs ("Echo Port"), en français, sur le fait qu’on est tous uniques et qu’on a tous quelque chose à faire ici qui est particulier, qui est en adéquation avec le tout, mais qui n’est pas exclusif du tout. Et par déduction, ce système qui nous met en concurrence les uns par rapport aux autres aussi, est stupide. C’est absurde, de vouloir nous mettre en compétition ; c’est une fabrication sociale et non, je pense, une réalité humaine profonde.

-Je vais vous ré-embêter sur la musique : quant à la transition entre Stereolab et votre carrière solo. Qu’est-ce que ça vous a apporté de devenir une artiste solo ? Plus de liberté ? Est-ce que ça a été une transition hyper naturelle ?

-Ouais, tout ça, t’as répondu à la question ! Oui, ça s’est fait très naturellement. Quand Tim (Gane) a décidé qu’on devrait arrêter un peu, j’ai décidé d’aller faire mon chiatsu –puisque j’étudiais le chiatsu, et puis j’ai signé à Facebook. Là des gens m’ont invité, m’ont dit « ouais, viens chanter, etc » Alors j’avais quand même toutes mes chansons de Monade, tu vois, mais je jouais vraiment très mal de la guitare, je n’avais pas cette expérience de jouer en solo et déjà les gens m’invitaient… J’allais pas leur dire « ah non, sorry, je ne joue pas bien de la guitare ». En plus on m’invitait en Grèce, au Portugal, en Belgique, au Brésil, au Chili, j’allais pas dire non enfin ! J’y suis allé un peu comme ça, quoi. Et puis par ailleurs le publisher, l’éditeur m’a donné une somme d’argent pour enregistrer mon prochain disque (The Trip). Tu vois, j’ai rien demandé ; on m’a donné une somme d’argent ! Je me suis dit aussi, là il faut y aller, il faut écouter le seigneur, écouter l’Univers ! Il y avait aussi eu ce grand malheur dans ma famille, qui faisait que j’avais envie d’écrire des chansons, d’exprimer toute ma douleur quelque part… Donc voilà, ça s’est fait comme ça. Et puis la cerise sur le gâteau c’était qu’on avait fait une tournée avec Richard Swift avec Stereolab ; Richard Swift faisait la première partie et Monade la première première partie. Ce qui fait que c’étaient des journées très difficiles pour moi de faire Monade, puis d’avoir Richard, puis ensuite Sterolab… ça faisait des journées très longues, j’étais assez traumatisée. Je préférais que ce soit avec Monade, puis Stereolab et pas avec Richard au milieu. Enfin bref, j’avais quand même demandé à Richard de venir faire notre première partie, mais j’étais tellement prise dans mon traumatisme que j’ai pas parlé à Richard Swift de toute la tournée sauf le dernier jour, où on s’est fait une promenade et on s’est vaguement dit qu’on travaillerait ensemble un jour. Bref, plusieurs mois se passent et voilà Richard Swift qui vient jouer à Londres. Dans la salle, le bassiste joue sa première note et cette première note… j’ai été touchée, ça m’a fait un effet dingue, ça a résonné partout, il est génial ce mec ! Enfin tout ça pour dire que quand le concert se termine, il descend de scène, il vient tout droit vers moi, me tend la main en disant : « Hey ! J’entends dire qu’on va travailler ensemble, que tu vas travailler avec Richard, and I want to be part of that project ! » Et là si tu veux, c’était : bon bah, il va bien falloir que je fasse ce disque parce que je veux vraiment travailler avec ce gars, il est trop génial ! Et effectivement, il a joué sur les morceaux qu’on avait enregistrés chez Richard.

-Du coup, il est resté dans votre équipe de musicien ?

-Non non, il habite à Seattle et puis il joue dans plein d’autres groupes, mais il s’était impliqué. Et c’est un grand bassiste, donc si un jour j’ai besoin d’un bassiste comme ça ; oui bien sûr je ferai appel à lui ! (U.K. Matthews)

-Justement, à propos des musiciens qui ont travaillé avec vous. Puisque vous abordez énormément de styles différents sur vos albums ; comment faites-vous pour trouver de tels musiciens ? Viennent-ils d’eux-mêmes en disant « je veux travailler avec Laetitia Sadier » ?

-Mais tu sais généralement ça se passe aussi naturellement ; comme ce gars qui vient vers moi et qui me dit : je veux travailler, et que je venais d’entendre. Oui, clairement j’ai appris à faire confiance à l’Univers…

-Trouver son pouls ? (Référence à un morceau de Silencio ! : « Find Me The Pulse Of The Universe », humour)

-(Rires) Mais oui, des fois ! Oui, c’est exactement ça ; après j’ai mes chouchous comme Emma (Emmanuel Mario), j’aime bien travailler avec Julien Gasc – qui a joué d’ailleurs hier soir au Buzz, boulevard de Belleville : Julien et les Gasquettes. Il n’a pas pris part au dernier album par contre. Il y a mon ami David Thayer, qui a beaucoup de claviers chez lui – des vieux claviers qu’il récupère. Après c’est chouette de demander à Armelle Pioline ; c’est elle qui a proposé : « tu sais, si tu veux des voix, que je te mette des petits claviers quelque part. Je lui ai donné une chanson, elle a fait ses parties. Il y a Mocke aussi, l’autre moitié de Holden avec Armelle, je sais pas si tu connais ; je suis sure que j’oublie des gens mais voilà après tu demandes à des amis ! Comme sur l’autre album (Silencio !) j’avais demandé à Sam Prekop de faire de l’électronique. Donc c’est l’occasion ! Parce qu’au final ton album n’est jamais fini, et puis la vie est riche, elle amène son lot chaque jour.

-Et ça s’entend d’ailleurs : la production est toujours hyper riche, avec des sons partout ; ça doit refléter ça, le fait que vous confiez vos morceaux à des gens pour qu’ils fassent leur petit partie dessus, pour former au final un grand agrégat !

Laetitia : Ouais, c’est comme ça que ça se passe. Il faut avoir confiance en fait, c’est ce que j’en déduis. C’est ma grande déduction !

-J’avais lu dans une interview que vous aviez donnée à Quietus qui vous aviez été pas mal dérangée par la pression qu’on vous avait mise pour l’écriture des morceaux. Est-ce que c’était plus libre pour Something Shines ?

-Ah mais c’est moi qui me mettais la pression ! Parce que Tim écrivait toujours dans l’urgence et donc je faisais pareil. Après si tu veux ce sont des habitudes, dont il faut se débarrasser pour essayer d’avoir d’autres effets. Là justement pour Something Shines je ne voulais pas me mettre la pression. Mais c’est vrai que je marche mieux avec ; parce qu’il y avait des moments où j’attendais, j’attendais… Mais rien ne se passe !

-Est-ce que vous avez, pour vos projets futurs, des gens avec qui vous voulez travailler, ou inversement ?

-Je vais travailler avec Helado Negro en mars, c’est un américain ; je vais travailler avec Adrian Young en janvier. Ce sont des gens qui m’ont proposé et à qui j’ai dit oui. Moi j’aimerais bien travailler avec Beck, mais c’est un peu comme ça, un rêve, parce que je suis sûr qu’il doit être très cher. Peut-être très chiant aussi ! (rires) J’en sais rien. Mais bon c’est un mec qui me fascine. C’est marrant, je suis pas fan de Beck, de ses disques, à part Sea Change – c’est tellement beau ! J’aime bien ses string arrangements. Sinon comme ça je sais pas…

-J’ai vu qu’en parallèle sortait un album d’un nouveau projet : Little Tornados, il nous reste un peu de temps, vous pourriez m’en toucher un mot ? -Alors brièvement c’est un ami (David Thayer), qui m’a demandé si je voulais jouer de la basse et faire des back-ups. Moi ça m’intéressait parce que j’aime bien faire des lignes de la basse, et je voulais aussi apprendre à en jouer. On a, en fait, fait nos albums au même moment, et donc ils sortent en même temps. J’ai peut-être guidé un peu aussi, parfois, c’était son premier album. Parce que c’est quelqu’un qui faisait de la musique électronique ; ça s’appelait Xeno Volcano.

-Enfin, puisque vous faites un concert ici juste après, et en repensant au concert que j’ai vu au Trianon ; quel type de salle préférez-vous ? Une salle plutôt intime ou… ?

-Oh ben le Trianon moi ça me va ! (rires) C’est magnifique comme salle. Je prends ce qu’on me donne. Et puis il y a jouer en groupe ou en solo. En solo je m’entends mieux, c’est plus cool, en groupe il y a plus d’énergie, de puissance, c’est plus riche. On ne peut pas vraiment comparer !

L’intervieweuse suivante est arrivée, le temps de conseiller à Laetitia Sadier de passer à Lille de temps à autre et c’est fini pour cette fois. On ne repartira pas sans un disque sous le bras…




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