NOFX
White Trash, Two Heebs And A Bean |
Label :
Epitaph |
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"Une face de craie, deux feujs et un espingouin". L'autodérision parfaite qui donne son nom au quatrième album de NOFX, peinturluré à même la poitrine des membres du groupe pour la pochette, est une véritable note d'intention. Rarement groupe de rock n'aura affirmé son identité d'une manière aussi explicite et adroite. Tout est là : l'humour, dans un esprit punk.
Car il faut bien se rentrer dans le crâne que le quatuor injecte au punk un humour salutaire sans le parodier. Et cette distinction est très importante : la bonne humeur de l'humour, pas le snobisme du foutage de gueule. Le groupe ne prend pas le punk de haut, il l'adore ; il ne se contente pas d'une caricature de trois accords baclés, il su sang et eau sur le manche pour en transcender l'énergie qu'il utilisera pour alimenter son identité. Les plans de guitare d'un titre comme le touffu "Warm", même s'il n'a pas du tout la même couleur, ne sont pas beaucoup plus faciles à reproduire que ceux d'un Metallica (au Texas ou en Californie, le soleil ne doit pas taper pas de la même manière sur l'humeur du songwriting, c'est tout)... Bref, un vrai travail sérieux de compositions, ici d'une richesse incroyable, juste d'une teinte allant du léger au potache. Et encore, tout n'est pas si simple...
Avec ces californiens, l'affaire n'est pas aussi nette, et s'ils ont toujours autant mêlé textes politiques basiques et humour cul-bière-nichon-prout dans leur bloubi-boulga de punk traditionnel et metal saboté, la diversité de leur arsenal n'aura jamais été aussi fédératrice que sur cet album. "Soul Doubt", "Sticking In My Eyes", "Bob" : dès le début du disque, on a trois classiques du groupe, pourtant bien différents. Ça part dans tous les sens à toute allure, mais c'est en même temps la meilleure synthèse du groupe qu'on puisse trouver. Difficile de dénicher ailleurs que chez des imitateurs la tension grunge/hardcore (une première pour le groupe) du sensationnel "I Wanna Be Your Baby" dont seuls le propos et le timbre de Fat Mike raccrochent à l'univers du quatuor... enchaîné avec la bonhomie de la récréation ska qu'est "Johnny Appleseed"... pour poursuivre avec l'oraison funèbre intense "She's Gone"... et boucler le disque sur la blague "Buggley Eyes" et son "Have you ever gone to sleep with Bo Derek and woke up with Bo Diddley ?"...
De quoi nous chier un bon gros bordel si un petit truc en plus ne nous chantouillait pas au fil de cette bonne demi-heure : l'émotion. Grand mot, "l'émotion"... Cela dit, il suffit d'écouter le sus-cités "She's Gone", "You're Bleeding", ou le fulgurant classique "Sticking In My Eyes" - omniprésent sur les setlists du groupe, pour qu'il prenne tout son sens : énergique, tendu, humoristique mais amer... Plus que de simples morceaux punk sérieux ou débiles, qui donnent au disque son statut de petit classique du genre avant la grosse déflagration de Punk In Drublic.
Et rien n'est laissé au hasard. La musique et les paroles peuvent soit se compléter, comme ce troublant "She's Gone" aux paroles touchantes, sur lequel les désormais célèbres octaves de guitare saturées installent une tension dramatique ; marque de fabrique. Soit se contredire dans un but bien précis, avec pour preuve extrême, l'ironie de cette reprise du très sérieux "Straight Edge" des non moins sérieux Minor Threat résidant totalement dans sa musique, remodelée en un jazz débile, où le guitariste El Hefe nous paye sa petite imitation de Louis Armstrong. Dans le même genre, la prophétique connerie qu'est "Please Play This Song On The Radio" est doublement délicieuse à mesure que le temps passe : d'une part parce qu'à la manière du "We're Not Gonna Make It" des Presidents Of The USA, le groupe pratique le jeu rigolo de la subjectivité en se mettant lui-même en scène. Il faut ainsi écouter Fat Mike manquer (exprès) la mesure au moment où il chante "almost every line is sung on time"... D'autre part, parce que la musique de cette pique au punk mainstream à venir ressemble comme deux gouttes d'eaux à l'ersatz consensuel que sera bientôt Blink 182. Ou comment faire fermer sa gueule à un groupe qui n'est même pas encore né...
Outre ce bon vieux "Bob", la cerise de l'album, faussement débile, et certainement la naissance du feuilleton obsessif de Fat Mike sur les lesbiennes, avec l'anthologique "Liza And Louise". Notre gros maigre met tant de cœur à nous raconter une touchante histoire de cunilingus et de fist-fucking que... comment dire... Springsteen n'est pas loin...
Car il faut bien se rentrer dans le crâne que le quatuor injecte au punk un humour salutaire sans le parodier. Et cette distinction est très importante : la bonne humeur de l'humour, pas le snobisme du foutage de gueule. Le groupe ne prend pas le punk de haut, il l'adore ; il ne se contente pas d'une caricature de trois accords baclés, il su sang et eau sur le manche pour en transcender l'énergie qu'il utilisera pour alimenter son identité. Les plans de guitare d'un titre comme le touffu "Warm", même s'il n'a pas du tout la même couleur, ne sont pas beaucoup plus faciles à reproduire que ceux d'un Metallica (au Texas ou en Californie, le soleil ne doit pas taper pas de la même manière sur l'humeur du songwriting, c'est tout)... Bref, un vrai travail sérieux de compositions, ici d'une richesse incroyable, juste d'une teinte allant du léger au potache. Et encore, tout n'est pas si simple...
Avec ces californiens, l'affaire n'est pas aussi nette, et s'ils ont toujours autant mêlé textes politiques basiques et humour cul-bière-nichon-prout dans leur bloubi-boulga de punk traditionnel et metal saboté, la diversité de leur arsenal n'aura jamais été aussi fédératrice que sur cet album. "Soul Doubt", "Sticking In My Eyes", "Bob" : dès le début du disque, on a trois classiques du groupe, pourtant bien différents. Ça part dans tous les sens à toute allure, mais c'est en même temps la meilleure synthèse du groupe qu'on puisse trouver. Difficile de dénicher ailleurs que chez des imitateurs la tension grunge/hardcore (une première pour le groupe) du sensationnel "I Wanna Be Your Baby" dont seuls le propos et le timbre de Fat Mike raccrochent à l'univers du quatuor... enchaîné avec la bonhomie de la récréation ska qu'est "Johnny Appleseed"... pour poursuivre avec l'oraison funèbre intense "She's Gone"... et boucler le disque sur la blague "Buggley Eyes" et son "Have you ever gone to sleep with Bo Derek and woke up with Bo Diddley ?"...
De quoi nous chier un bon gros bordel si un petit truc en plus ne nous chantouillait pas au fil de cette bonne demi-heure : l'émotion. Grand mot, "l'émotion"... Cela dit, il suffit d'écouter le sus-cités "She's Gone", "You're Bleeding", ou le fulgurant classique "Sticking In My Eyes" - omniprésent sur les setlists du groupe, pour qu'il prenne tout son sens : énergique, tendu, humoristique mais amer... Plus que de simples morceaux punk sérieux ou débiles, qui donnent au disque son statut de petit classique du genre avant la grosse déflagration de Punk In Drublic.
Et rien n'est laissé au hasard. La musique et les paroles peuvent soit se compléter, comme ce troublant "She's Gone" aux paroles touchantes, sur lequel les désormais célèbres octaves de guitare saturées installent une tension dramatique ; marque de fabrique. Soit se contredire dans un but bien précis, avec pour preuve extrême, l'ironie de cette reprise du très sérieux "Straight Edge" des non moins sérieux Minor Threat résidant totalement dans sa musique, remodelée en un jazz débile, où le guitariste El Hefe nous paye sa petite imitation de Louis Armstrong. Dans le même genre, la prophétique connerie qu'est "Please Play This Song On The Radio" est doublement délicieuse à mesure que le temps passe : d'une part parce qu'à la manière du "We're Not Gonna Make It" des Presidents Of The USA, le groupe pratique le jeu rigolo de la subjectivité en se mettant lui-même en scène. Il faut ainsi écouter Fat Mike manquer (exprès) la mesure au moment où il chante "almost every line is sung on time"... D'autre part, parce que la musique de cette pique au punk mainstream à venir ressemble comme deux gouttes d'eaux à l'ersatz consensuel que sera bientôt Blink 182. Ou comment faire fermer sa gueule à un groupe qui n'est même pas encore né...
Outre ce bon vieux "Bob", la cerise de l'album, faussement débile, et certainement la naissance du feuilleton obsessif de Fat Mike sur les lesbiennes, avec l'anthologique "Liza And Louise". Notre gros maigre met tant de cœur à nous raconter une touchante histoire de cunilingus et de fist-fucking que... comment dire... Springsteen n'est pas loin...
Très bon 16/20 | par X_YoB |
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