NOFX
Punk In Drublic |
Label :
Epitaph |
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La mort de Cobain semble donner l'envie à 1994 de tourner la page grunge, et l'année musicale se remet au punk. Comme la hype n'aime pas le vieux (kézako revival ?!), et puisque l'honnête Stranger Than Fiction des mentors de Bad Religion paraît un peu trop naviguer en terrain connu, elle consacre la nouvelle génération. Le Dookie de Green Day ou le Smash de The Offspring sont les grands vainqueurs médiatiques, or c'est bien le Punk In Drublic de NOFX qui s'impose comme référence définitive de la résurrection du genre. A regarder la discographie du groupe, la galette n'invente rien ou très peu, mais par contre elle sublime. Elle fait du neuf avec du vieux, mais quel neuf !
Dès la décharge électrique de la guitare d'intro de "Linoleum", on comprend qu'on est passé au niveau supérieur : le son, l'écriture, l'émotion, le grain de folie, l'énergie... L'énergie ! Mot qui s'encastre à jamais dans le punk des nineties, dont la définition vieillotte était autrefois cantonnée à la "simplicité" et la "déglingue". Rien que le soin pris pour les couleurs des guitares ou la beauté des harmonies vocales nous soumettent une révision du dico. Comment dire, bien que l'un soit adulé par l'autre, il y a un abîme entre Bad Brains et NOFX... D'où les multiples noms de baptême : hardcore mélodique, skatecore, néo-punk... Le galop de la batterie, les syncopes et breaks ska ou comiques des courts titres font filer le disque à une allure impressionnante. Si vite que les dix-sept plages en 35 minutes n'en paraissent qu'une seule sinueuse bande son excitée. Cela rentre dans la description de pas mal de disques punk, à ceci près qu'ici la quantité de structures et la complexité des riffs nous remplissent l'estomac : les chansons passent trop vite, c'est un défaut, mais quelque part, pas besoin de plus.
La grande particularité de ce punk nouveau, c'est qu'il est propre : la production de Ryan Greene (depuis spécialisé punk) sacrifie le naturel garage au profit d'une puissance calculée visant le blockbuster sonore. Le style prend une toute autre dimension. Avec ce ciment d'énergie et d'humour, c'est de là que Punk In Drublic tire la plus grande partie de son succès et de son efficacité. Car les titres du précédent White Trash... ne sont pas spécialement moins bons, et auraient probablement connus le même enthousiasme public avec un traitement audio semblable. A contrario, certains titres de PID sont eux un peu tombé dans l'oubli par monochromie : le galop néo-punk est, justement, peut être usé et abusé. L'écueil du genre...
Bien entendu, il y a surtout des chocs émotionnels : "Linoleum", "Don't Call Me White", "Lori Meyers", "Perfect Government", "Reeko"... sans oublier "Leave It Alone", LE single du groupe. Littéralement d'ailleurs : contrairement à ses contemporains, ce sera le seul clip MTV du groupe jusqu'au bricolage de "Franco-Unamerican" dix ans plus tard... Deux minutes parfaites où un sarcastique Fat Mike résume l'esprit punk et adolescent. Et justement, quel délice de se taper de belles tranches d'ironies à la sauce du faux-gros, comme sur leur hymne "The Brews", ou comment Fat Mike se fout royalement de la gueule des hooligans juifs avec une pointe de tendresse ("Vendredi soir [...] on peut terroriser les goyems tant qu'on est rentré à la maison pour le samedi matin" ; et quand porter un tatouage anti-swastika c'est quand même porter un tatouage de swastika...). L'autre face second degré de l'énorme "Don't Call Me White", où le même Mike s'insurge contre les préjugés ; variation sur l'adage "ce n'est pas ce que tu es, c'est ce que tu fais...". Bien sûr, les sacro-saintes conneries comme "My Heart Is Yearning" sont irrésistibles tant elles sont à la fois potaches et bien réalisées. On aurait presque aimé qu'il s'agisse là d'une chanson au premier degré...
C'est incontestable, Punk In Drublic est un fragment majeur du punk moderne, qu'il soit mélodique ou à roulette ou peu importe son nom... Pas compliqué : de ses deux concurrents de l'époque cités plus haut, l'un finira par merdouiller de la redite, et l'autre... par faire du sous-NOFX ! Une référence du punk américain donc, considérée absolue et inégalée, ce au point que majorité d'héritiers du style exposé par le disque sont tout simplement insupportables. "Comment le chat est-il devenu si gras ?" Rétrospectivement, on peut répondre : le talent !
Dès la décharge électrique de la guitare d'intro de "Linoleum", on comprend qu'on est passé au niveau supérieur : le son, l'écriture, l'émotion, le grain de folie, l'énergie... L'énergie ! Mot qui s'encastre à jamais dans le punk des nineties, dont la définition vieillotte était autrefois cantonnée à la "simplicité" et la "déglingue". Rien que le soin pris pour les couleurs des guitares ou la beauté des harmonies vocales nous soumettent une révision du dico. Comment dire, bien que l'un soit adulé par l'autre, il y a un abîme entre Bad Brains et NOFX... D'où les multiples noms de baptême : hardcore mélodique, skatecore, néo-punk... Le galop de la batterie, les syncopes et breaks ska ou comiques des courts titres font filer le disque à une allure impressionnante. Si vite que les dix-sept plages en 35 minutes n'en paraissent qu'une seule sinueuse bande son excitée. Cela rentre dans la description de pas mal de disques punk, à ceci près qu'ici la quantité de structures et la complexité des riffs nous remplissent l'estomac : les chansons passent trop vite, c'est un défaut, mais quelque part, pas besoin de plus.
La grande particularité de ce punk nouveau, c'est qu'il est propre : la production de Ryan Greene (depuis spécialisé punk) sacrifie le naturel garage au profit d'une puissance calculée visant le blockbuster sonore. Le style prend une toute autre dimension. Avec ce ciment d'énergie et d'humour, c'est de là que Punk In Drublic tire la plus grande partie de son succès et de son efficacité. Car les titres du précédent White Trash... ne sont pas spécialement moins bons, et auraient probablement connus le même enthousiasme public avec un traitement audio semblable. A contrario, certains titres de PID sont eux un peu tombé dans l'oubli par monochromie : le galop néo-punk est, justement, peut être usé et abusé. L'écueil du genre...
Bien entendu, il y a surtout des chocs émotionnels : "Linoleum", "Don't Call Me White", "Lori Meyers", "Perfect Government", "Reeko"... sans oublier "Leave It Alone", LE single du groupe. Littéralement d'ailleurs : contrairement à ses contemporains, ce sera le seul clip MTV du groupe jusqu'au bricolage de "Franco-Unamerican" dix ans plus tard... Deux minutes parfaites où un sarcastique Fat Mike résume l'esprit punk et adolescent. Et justement, quel délice de se taper de belles tranches d'ironies à la sauce du faux-gros, comme sur leur hymne "The Brews", ou comment Fat Mike se fout royalement de la gueule des hooligans juifs avec une pointe de tendresse ("Vendredi soir [...] on peut terroriser les goyems tant qu'on est rentré à la maison pour le samedi matin" ; et quand porter un tatouage anti-swastika c'est quand même porter un tatouage de swastika...). L'autre face second degré de l'énorme "Don't Call Me White", où le même Mike s'insurge contre les préjugés ; variation sur l'adage "ce n'est pas ce que tu es, c'est ce que tu fais...". Bien sûr, les sacro-saintes conneries comme "My Heart Is Yearning" sont irrésistibles tant elles sont à la fois potaches et bien réalisées. On aurait presque aimé qu'il s'agisse là d'une chanson au premier degré...
C'est incontestable, Punk In Drublic est un fragment majeur du punk moderne, qu'il soit mélodique ou à roulette ou peu importe son nom... Pas compliqué : de ses deux concurrents de l'époque cités plus haut, l'un finira par merdouiller de la redite, et l'autre... par faire du sous-NOFX ! Une référence du punk américain donc, considérée absolue et inégalée, ce au point que majorité d'héritiers du style exposé par le disque sont tout simplement insupportables. "Comment le chat est-il devenu si gras ?" Rétrospectivement, on peut répondre : le talent !
Parfait 17/20 | par X_YoB |
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