Aidan Moffat

I Can Hear Your Heart

I Can Hear Your Heart

 Label :     Chemikal Underground 
 Sortie :    lundi 28 janvier 2008 
 Format :  Album / CD   

Après le split de Arab Strap, on se demandait ce que le poète John Aidan Moffat pouvait nous réserver.
Honnêtement, on n'imaginait vraiment pas qu'il pouvait revenir avec un objet musical aussi osé et réussi. I Can Hear Your Heart est un véritable ovni, qui se rapproche bien plus de la poésie que de la musique.
On hallucine quand on se procure l'objet. La pochette est très crue, le track-listing fait très peur avec 24 morceaux. Mais on se rend compte qu'ils ne dépassant quasiment jamais les 90 secondes.
I Can Hear Your Heart est un poème en prose de 36 minutes, parfois accompagné de musique. La première piste est constituée des instructions de l'Ecossais: il nous demande de d'abord lire la nouvelle qu'on trouvera dans le livret, appelée "Poop" (...), et d'ensuite commencer l'écoute du disque par la piste 2, pour la seconde partie du récit, appelée "Loop".
La plupart du temps, l'artiste est accompagné de très beaux instrumentaux, très cinématographiques où les cordes et guitares sèches se taillent la part du lion. Le poète écossais pose par-dessus sa voix, ne chantant pas et se contentant de lire son texte. Le principal intérêt de l'œuvre est bien évidemment ce dernier. Aidan John Moffat nous gratifie une fois de plus de sa prose crue et sexuelle, mais toujours très bien écrite et saisissante. Je ne vous raconterai pas l'histoire pour vous laisser la surprise, mais je vais plutôt vous confier quelques phrases chocs qui m'ont marqué, que ce soit pour leur valeur intrinsèque ou leur place dans le récit.

'I didn't know sex should be a way of talking' ("Cunts")
'Sex always makes me hungry, and I could have a feast tonight, but who was on your mind, when I got my appetite? I'm sure it wasn't me, but I'm not bothered if you lied: something we're good at shouldn't ever be denied' ("Fuck It")
'Saturday night is the night for fun but where is the boy that made your make-up run?' ("The Boy That You Loved")
'We were talking about music and records, but every song you played me was shite Then you got upset when I fell asleep halfway through that dreadful film that you insisted we rent last night' ("Nothing In Common")


Vous l'avez compris, Aidan John Moffat continue d'exposer ses obsessions liées au sexe, à l'infidélité, à l'ennui et à l'insatisfaction. Le tout est extrêmement troublant mais résolument pas à mettre entre toutes les mains (par exemple, sur "Double Justice" il nous parle de cunnilingus et de double-pénétration).
Mais derrière ce texte sombre et cruel, Aidan John Maffat évoque un homme hésitant entre le véritable amour et l'oubli dépravé dans le sexe, une histoire triste sur l'impossibilité d'apprendre de ses erreurs mais aussi la peur de l'autre avec cette question en filigrane: pourquoi est-il parfois plus facile d'être intime avec des étrangers ?
Le tout est entrecoupé de messages au langage fleuri laissés sur répondeur, ou encore d'un poème sans musique sur le racisme.
Une œuvre à part donc, à la forte valeur littéraire (la dernière piste "Hilary And Back" dure 10 minutes ne contient pas de musique et se limite à Moffat lisant son texte sur un ton monocorde). Il me semble que c'est le Times qui a écrit qu'Aidan John Moffat est le plus grand poète britannique actuel. C'est pourquoi il s'adresse avant tout à un public anglophone. Heureusement, le texte est disponible dans le livret, car le léger accent écossais de l'artiste rend la compréhension parfois difficile. A vous de voir si ça vous intéresse, mais si vous aimez ce genre de poésie, c'est un excellent achat.


Exceptionnel ! !   19/20
par Vamos


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