Merz

Moi Et Mon Camion

Moi Et Mon Camion

 Label :     Grönland 
 Sortie :    lundi 17 mars 2008 
 Format :  Album / CD   

Merz ne se sera pas fait attendre bien longtemps cette fois-ci pour donner suite à son superbe (et mélancolique) Loveheart, qui marquait un retour discret sous le signe d'une folk intimiste et ouverte sur les sonorités du monde. Moi Et Mon Camion se situe dans l'exacte lignée de son prédécesseur, sorte de folk baroque et rêveuse, bien que l'atmosphère y soit plus apaisée. Le titre de l'album est en fait un emprunt au nom d'une société de déménagement à laquelle l'artiste a fait appel à maintes reprises, incapable qu'il est de se poser (aujourd'hui il vit en Suisse, et demain?). Un titre un peu incongru pour quelqu'un qui en plus ne parle pas bien français. L'artiste dit avoir été séduit par les mots et le sens qu'ils pouvaient prendre... Titre à prendre comme une invitation à voyager avec un Conrad toujours aussi volatile, simple, ouvert, et néanmoins perfectionniste.
Ici la production prendra de l'ampleur, l'électronique à peu d'exceptions près sera peu présente (mis à part sous forme de nombreux effets sur les instruments), et on comptera quelques moments inédits de rock un brin débraillé.

Après avoir entendu le son d'un vieux camion qui démarre, on est embarqué dans un "road-trip" de 45 minutes entre chien et loup, au souffle de cette voix inimitable, d'une clarté de plus en plus précise, se posant délicatement sur des arrangements très variés. Contrairement à Loveheart, ce disque semble se refuser à partir dans une orientation musicale trop nette, le rendant toujours accessible mais particulièrement difficile à saisir dans son ensemble, de par sa forme éclatée. Le début de l'album fait la part balle à une pop-folk enveloppante et panoramique (terrain connu donc) qui débouche sur un "Shun" qui sera finalement le seul moment du disque où les sonorités electroniques ne se planqueront plus, qui se termine hélas par des claviers kitsch et pompiers malvenus, accompagnés comme si ça ne suffisait pas par une guitare péteuse (bien sûr ce n'est que mon avis). Heureusement, cette drôle de faute de goût sera vite balayée...
Les morceaux s'allongent avec les ombres, une chaude nuit constellée tombe sur "Malcolm", superbe et lente dérive pour cordes, cuivres et vibraphones (on pense à l'atmosphère du Vertigone des regrettés Venus), qui s'enchaîne sur la tout aussi hypnotique "Silver Moon Ladders", calme torrent de grâce en apesanteur qui prend l'auditeur par la main pour le conduire jusqu'à la lune.
Le décor ne change pas pour autant, mais le voyage se poursuit ensuite sur son versant le plus pop. "Presume Too Much", tout d'abord, est un exemple parfait de single classique mais efficace (le seul du disque), avec explosion mélodique imparable en guise de refrain, qui rendrait jaloux des Coldplay englués dans la surenchère sonore. Puis la pop poum poum guitare-tambourin tout en légèreté de "Lucky Man" prépare avec simplicité le nouveau moment de grâce feutrée qu'est "Cover me" (et ses "lalala" immaculés) qui finit par un surprenant moment de rock'n'roll.
Comme les morceaux semblent marcher souvent par deux, on change encore de décor pour les deux derniers du disque : Conrad Lambert choisit judicieusement l'épure pour dissoudre le voyage dans un horizon vaste. Serait-on perdu au fin fond de l'Irlande, avec ces notes de violon trad qui suggèrent un retour au bercail? Une fois de plus, Merz nous perd au fond de nous-mêmes, peu importe la destination géographique.

Un disque réussi, quoi que un peu plus inégal que Loveheart, qui prendra tout son sens selon le moment et l'endroit où vous l'écouterez.
Personnellement, l'écouter dans le train alors que la nuit tombe sur une nature qui renaît me plonge direct dans un état de sérénité béate...


Très bon   16/20
par Sam lowry


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