The Telescopes

Taste

Taste

 Label :     What Goes On 
 Sortie :    1989 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

On entend souvent dire que sans Oasis, le rock se serait maintenu dans un état larvaire proche de la neurasthénie aseptisée. Qu'ils avaient réinventé le rock brut, sale et bruyant. Bref, que les années 90 avaient émergé de l'ombre.
C'est faux.
On vous a dit n'importe quoi. La plupart des gens ont menti, soit parce qu'ils étaient mal informés, soit parce qu'il profitait de l'engouement soudain du public, au moment de la Brit-Pop par exemple.
A la fin des années 80, une époque féconde, mais dont on redécouvre aujourd'hui la documentation à coup de réeditions bienvenues, la scène anglo-saxonne était (et à toujours été d'ailleurs) une des plus brillantes. Pour preuve: The House Of Love, The Jesus And Mary Chain, My Bloody Valentine, Primal Scream, Spacemen 3, et j'en passe. Tous pratiquaient une musique géniale, sauvage et hisurte. Les albums de l'époque sont devenus des classiques insurpassables.
Proue avant du rock indé (selon la définition stricte), ces groupes renouvelaient le rock sans se soucier une seule seconde de paraïtre révolutionnaires. Et pourtant ils l'étaient.
Et parmi eux, ceux qui méritaient le plus le titre de "culte", au sens où ils sont restés un peu dans l'ombre des autres, étaient sans doute The Telescopes.
Mené par Stephen Lawries, véritable génie au cerveau cramé, ce groupe britanique avait un charisme incroyable. Des singles comme "The Perfect Needle" ou "7th# Disaster" sont restés aussi percutants que des hymnes. Taste, le premier opus s'est vite révélé un chef-d'oeuvre.
Les tombereaux de guitares sales et brouillones sanglés par une quantité d'effets fuzz, s'acoquinent d'arrangements psychédéliques à base de cordes, de sonorités riches et originales, de cuivres, de passages planants. Inspiré de la sauvagerie élégante des frères Reid et de la nonchalance embrumée de Jason Pierce, The Telescopes balançait le shoegazing qui venait tout juste d'apparaître, dans un tourbillon bouillant, avec la plus stricte obédience.
Se moquant de tout et s'éloignant des pollissages maniérés, The Telescopes étaient magistraux dans le registre du shoegazing, tout en situant Taste à un niveau très riche et fouillé, rempli de pièces plus aventureuses. La voix de Stephen Lawries, enfumée et rapeuse, était pleine de morgue et de provocation. Le domaine saturé et planant était pour eux une porte ouverte vers les délires, l'expérimentation et le lâcher-prise.
Une démarche que retiendra l'ensemble des groupes du mouvement shoegazing (soit une cinquantaine de groupes répartis sur cinq ans seulement) puis des groupes comme Oasis, Spiritualized, The Dandy Warhols, Black Rebel Motorcycle Club...
La réécoute de Taste permet de rendre justice à ce groupe novateur. De se rendre compte aussi que ces soubresauts sont toujours vivaces et acérés et qu'ils sont prêts à réouvrir les plaies aux endroits où ils les avaient laissés...


Très bon   16/20
par Vic


  En écoute : https://thetelescopes.bandcamp.com/album/taste


 Moyenne 17.00/20 

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Posté le 12 mai 2009 à 19 h 49

The Telescopes est un de ces groupes dont on ne parle plus et qui ont pourtant une valeur intemporelle avec ce Taste daté de 1989 goûtu à souhait comme une entrecôte bien saignante...

Déniché a Camdem Town pour trois fois rien, j'avais déjà écouté les mélodies de ce groupe avec "Untitled Second", déjà énormément shoegazing, mais je ne m'attendais pas à cela avec ce taste bourru comme un cocktail détonnant de hard core, de spare rock et de noisy.

Tout cela pour vous dire que cet album est à l'image des deux premiers titres "And Let Me Drift Away" et "I Fall, She Screams". Ils ont une allure de fusion noisy, entre rock psychédélique tripante comme un bon film de Gus Vans Sant et furie sonique à la Ride période justement Taste.

Les titres suivants se croisent "Oil Seed Rape" et ne se ressemblent pas "Violence", on est en pleine mer, plus précisément au Cap Horn, mais ici on ne vomit pas, on admire la force des vagues et des flots qui se montrent à nous.
Et "There Is No Floor", ce septième morceau est énorme, comme disent si bien les Telescopes, il n'y a pas d'étage, de place, de pièce ou on ne peut se cacher ou fuir.
Du coup, The Telescopes nous envoie à la gorge l'émotion intacte de leur sensation, leurs mélodies rondement ciselées, leur batterie sismique et leurs guitares ahurissantes.
On est en pleine orgie, profitez en car ces 12 titres vous emballeront secs ou plutôt vous donneront envie de goûter à leur charme.
Je me comprends, écoutez cet album imparable et voluptueux.
Excellent !   18/20







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