Simon Joyner

Step Into The Earthquake

Step Into The Earthquake

 Label :     Ba Da Bing! 
 Sortie :    vendredi 06 octobre 2017 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Le confinement est aujourd'hui de rigueur mais, bien avant la Grande Epidémie de l'an 20, Simon Joyner était expert en la matière. Et c'est isolé dans son studio près d'Omaha qu'il a vécu le Novembre Noir de l'an 16, de l'élection de Trump à la disparition de Leonard Cohen, son père spirituel.

Le témoignage qui en résulte est pourtant plus proche dans la forme des longues errances de Dylan, comme "Desolation Row", "Sad-Eyed Lady of the Lowlands", "Highlands" ou "Tempest". Souvent, elles commencent avec un rapport sur sa santé mentale, s'arrêtent ensuite sur des détails du quotidien puis dérivent vers des considérations plus métaphysiques. Jusque là, rien de nouveau dans la méthode confessions intimes du songwriter mais pour la première fois, on peut l'entendre prendre le pouls de ses contemporains, évoquer le mouvement Black Live Matters ou la victoire de Donald. Extension de la mégalomanie qui pourrait être maladroit si Simon ne savait pas autant jongler avec la langue de Townes Van Zandt. À chaque nouvel album, on le retrouve meilleur conteur. Step Into the Earthquake est sa plus belle collection d'histoires.

Ne serait-ce que pour "I'm Feeling It Today", morceau écrit et joué pour la première fois en première partie de son jeune padawan Conor Oberst le 23 novembre 2016. Composé après avoir passé des heures à réécouter les protest songs du Greenwich Village, de Dylan à Pete Seeger en passant par Phil Ochs, maître sous-estimé quand il s'agissait de chroniquer le monde en direct.

As long as there's something to be afraid of I'm sure we'll be fine
As long as we're in danger, I wager we'll be fine


Qu'il paraphrase Bob le mystique pour écrire son élégie au grand méchant Lou ("I Dreamed I Saw Lou Reed Last Night") ou qu'il reprenne les mots de Woody Guthrie pour questionner sa place dans l'arbre généalogique des songwriters américains, Simon se montre toujours aussi habile dans la réécriture, toujours aussi digne de ses modèles. Pas question de name-dropper mais plutôt de confronter ses fantômes au réel.

Son réel, l'automne 2016. Ou le votre, le réel du jour où vous écouterez ce disque. Le printemps 2020 me rend Simon Joyner plus essentiel que jamais.


Parfait   17/20
par Dylanesque


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