The Scientists
Paris [Le Petit Bain] - jeudi 07 juin 2018 |
Voilà un groupe rare et méconnu en France : il a fallu que j'aille dans un festoche basque "du sud", Azkena Rock à Vitoria-Gasteiz, pour découvrir ces barjots australiens. Et l'idée de les revoir, qui plus est au Petit Bain, m'a fait enfreindre sans hésitation aucune ma récente règle, déjà enfreinte pour Deerhunter la semaine précédente : pas de concerts en semaine. Too old for this (...).
Un concert au Petit Bain, c'est toujours magique quand la météo vous lâche un peu la grappe : vous flottez gentiment sur la Seine, il y a un quai sans bagnoles juste devant, de la bonne bouffe, un bon son et un peu de place pour circuler entre la fosse, le bar et les chiottes. Ce jeudi soir, contrairement aux orageuses semaines qui ont précédé, il fait doux, pas trop lourd, et le ciel est presque dégagé. Le quai François Mitterrand accueille les premières foules d'étudiants désœuvrés en terrasse.
Je descends à la cale alors que le concert de The Kill Devil Hills a déjà commencé : un sextet de barbus chevelus qui oscille entre Gun Club, Nick Cave et le Mark Lanegan des débuts, mais sans le magnétisme ni la voix. C'est pas mal mais j'ai la tête ailleurs. Je finis tout de même par me laisser prendre par un morceau gentiment énervé et descends dans la fosse... juste avant que le groupe entame une ballade country mièvre façon sous-Springsteen, qui me fait débander direct. Dans un set particulièrement long - il s'agit en fait d'une tournée commune, les groupes étant tous les deux originaires de la région de Perth - ils continuent d'alterner country-blues sirupeux et swamp-garage intense jusqu'à ce sidérant morceau final : orgue, accords, rythmique lente, on les voit s'acheminer vers une reprise plutôt fidèle du "With A Little Help From My Friends" version Woodstock. Mais non, c'est bien un morceau différent, même si la manière de le chanter imite plutôt bien celle de ce regretté "Acid" Joe Cocker.
J'ai tout de même profité de ce petit moment de solitude pour jeter un oeil à la faune bigarrée qui s'est mélangée au public indie-rock des concerts que je fréquente habituellement : un assortiment créatif de moustaches, boucs, pattes, bananes, coupes mulets, franges, chignons, chapeaux, casquettes de marin, chemises en jean, T-shirts sans manches, chemises et robes à fleur, jupes léopard et autres tatouages, comme je n'en avais pas vu depuis mon dernier passage au Binic Folks Blues Festival.
Pourtant, The Scientists n'est pas un groupe garage ordinaire. Cela se ressent dès leur arrivée sur scène. Même si leurs morceaux gardent toujours un minimum d'éléments blues-rock basique, les rythmiques sont plus tribales, le jeu des deux guitares très noisy et les structures souvent répétitives. On est quelque part entre d'un côté les Heartbreakers, les Cramps et Gun Club et de l'autre Birthday Party et The Fall. Punk et post-punk qui s'entrecroisent, une fois de plus.
Le groupe ne s'embarrasse pas de ces étiquettes pour intellos. Non seulement ils étaient là à l'époque (leur album référence, Blood Red River, remonte à 1983 et avait marqué le jeune Thurston Moore et ses acolytes), mais ils sont là pour s'amuser, et jouer avec le public. Ils nous ont même prévu une petite surprise : une reprise du "Mini, mini, mini" de Dutronc chantée en yaourt. Kim Salmon, le chanteur-guitariste blondinet, espérait sans doute un peu plus d'aide de la part d'un public parisien, mais les seuls qui semblent connaître les paroles ne sont pas les grandes gueules qui pogotent sans retenue au milieu de la fosse. Le quatuor s'amuse également de son propre manque de "professionnalisme", rigolant même après avoir raté deux fois le début d'un morceau. Leur enthousiasme et leur créativité compense largement leurs lacunes instrumentales. La reprise cradingue de "You Only Live Twice" en est une belle démonstration.
Leur set est un poil court mais finalement bien maîtrisé du point de vue du spectacle : Kim Salmon est tonique et à l'aise en public. Ils nous gratifieront de deux nouveaux morceaux, un scoop quand on sait que le groupe n'a rien enregistré depuis 1987.
Un petit rappel et puis s'en vont, et je repars avec leur magnifique coffret intégral 4 CD dans ma musette. Je ne sais pas si j'aurai l'occasion de les recroiser, mais je ne suis pas près de les oublier.
Un concert au Petit Bain, c'est toujours magique quand la météo vous lâche un peu la grappe : vous flottez gentiment sur la Seine, il y a un quai sans bagnoles juste devant, de la bonne bouffe, un bon son et un peu de place pour circuler entre la fosse, le bar et les chiottes. Ce jeudi soir, contrairement aux orageuses semaines qui ont précédé, il fait doux, pas trop lourd, et le ciel est presque dégagé. Le quai François Mitterrand accueille les premières foules d'étudiants désœuvrés en terrasse.
Je descends à la cale alors que le concert de The Kill Devil Hills a déjà commencé : un sextet de barbus chevelus qui oscille entre Gun Club, Nick Cave et le Mark Lanegan des débuts, mais sans le magnétisme ni la voix. C'est pas mal mais j'ai la tête ailleurs. Je finis tout de même par me laisser prendre par un morceau gentiment énervé et descends dans la fosse... juste avant que le groupe entame une ballade country mièvre façon sous-Springsteen, qui me fait débander direct. Dans un set particulièrement long - il s'agit en fait d'une tournée commune, les groupes étant tous les deux originaires de la région de Perth - ils continuent d'alterner country-blues sirupeux et swamp-garage intense jusqu'à ce sidérant morceau final : orgue, accords, rythmique lente, on les voit s'acheminer vers une reprise plutôt fidèle du "With A Little Help From My Friends" version Woodstock. Mais non, c'est bien un morceau différent, même si la manière de le chanter imite plutôt bien celle de ce regretté "Acid" Joe Cocker.
J'ai tout de même profité de ce petit moment de solitude pour jeter un oeil à la faune bigarrée qui s'est mélangée au public indie-rock des concerts que je fréquente habituellement : un assortiment créatif de moustaches, boucs, pattes, bananes, coupes mulets, franges, chignons, chapeaux, casquettes de marin, chemises en jean, T-shirts sans manches, chemises et robes à fleur, jupes léopard et autres tatouages, comme je n'en avais pas vu depuis mon dernier passage au Binic Folks Blues Festival.
Pourtant, The Scientists n'est pas un groupe garage ordinaire. Cela se ressent dès leur arrivée sur scène. Même si leurs morceaux gardent toujours un minimum d'éléments blues-rock basique, les rythmiques sont plus tribales, le jeu des deux guitares très noisy et les structures souvent répétitives. On est quelque part entre d'un côté les Heartbreakers, les Cramps et Gun Club et de l'autre Birthday Party et The Fall. Punk et post-punk qui s'entrecroisent, une fois de plus.
Le groupe ne s'embarrasse pas de ces étiquettes pour intellos. Non seulement ils étaient là à l'époque (leur album référence, Blood Red River, remonte à 1983 et avait marqué le jeune Thurston Moore et ses acolytes), mais ils sont là pour s'amuser, et jouer avec le public. Ils nous ont même prévu une petite surprise : une reprise du "Mini, mini, mini" de Dutronc chantée en yaourt. Kim Salmon, le chanteur-guitariste blondinet, espérait sans doute un peu plus d'aide de la part d'un public parisien, mais les seuls qui semblent connaître les paroles ne sont pas les grandes gueules qui pogotent sans retenue au milieu de la fosse. Le quatuor s'amuse également de son propre manque de "professionnalisme", rigolant même après avoir raté deux fois le début d'un morceau. Leur enthousiasme et leur créativité compense largement leurs lacunes instrumentales. La reprise cradingue de "You Only Live Twice" en est une belle démonstration.
Leur set est un poil court mais finalement bien maîtrisé du point de vue du spectacle : Kim Salmon est tonique et à l'aise en public. Ils nous gratifieront de deux nouveaux morceaux, un scoop quand on sait que le groupe n'a rien enregistré depuis 1987.
Un petit rappel et puis s'en vont, et je repars avec leur magnifique coffret intégral 4 CD dans ma musette. Je ne sais pas si j'aurai l'occasion de les recroiser, mais je ne suis pas près de les oublier.
Parfait 17/20 | par Myfriendgoo |
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