Oh putain... ok...ok...

Le théâtre occidental a trop tendance à se porter sur le texte, or le propre du théâtre c'est bien de le jouer, de le vivre, de porter dans les mouvements la représentation imagée et physique d'un récit. Le théâtre doit d'abord être du mouvement, un environnement, une mise en scène du vrai, par le corps et sa symbolique, ses petits riens qui ramène à l'émerveillement et à la magie du réel mis en scène et de la scène mise au réel. C'est conception du théâtre de la cruauté d'Artaud m'attire profondément. Si on veut du texte on lit un livre, si on veut du théâtre on prend la vie dans toutes ses dimensions et on joue sur sa forme et ses effets pour provoquer des émotions vraies et bouleversantes chez le spectateur invité à vivre le théâtre. Le texte tue la magie là où les cris et la danse viennent parler de leur évidence et faire trembler par le corps.

Bravo ! Bis bis !

J'ai rien compris mais je suis d'accord.

Oui UpTo mais qu'est donc Artaud face à ce penseur de très haute volée qu'est Twilliam ?

Bah déjà faut voir si Twilliam est capable de relier Montevideo à Saint Malo en moins de 3 mois et 14 jours.

Je suis allé au bout de moi même.

Boaf... Je ne suis pas vraiment d'accord avec Upto moi... Ca veut dire quoi le "vrai" ? Ca veut dire quoi le "réel" ? Alors pour toi, le théâtre aurait pour mission de retranscrire la réalité?
Moi ce qui me fascine et me plait dans la littérature et dans le théâtre, c'est quand on met au jour des questionnements sur cette soit-disant réalité en montrant au spectateur qu'il est dupe d'une illusion. Pour cela, le théâtre dans le théâtre est un procédé ô combien baroque que j'affectionne beaucoup (comme dans Hamlet de Shakespeare notamment)
Et les auteurs qui s'interrogent sur l'illusion théâtrale comme Pirandello m'attirent beaucoup. Edouard Baer fait un peu pareil d'ailleurs dans Akoibon ou Looking for mister Castang

Le vrai et le réel c'est fluctuant, il y a du réel dans l'illusion de même que du faux dans la croyance, et inversement. Le truc c'est que ce qui se passe sur scène doit aller plus loin que son aspect de représentation, d'illusion et provoquer des effets réels sur celui qui vit l'expérience, le rôle devient vrai parce que la réalité c'est que tout le monde vit un rôle et donc sur scène on joue mais plus on joue de l'imitation et plus on se perd et plus ce qu'il se passe sur scène constitue un événement, une réalité en soi. Il ne s'agit pas de représenter la réalité mais d'une créer une, de rendre le symbole magique c'est-à-dire que ce qui est joué devient réel, voire plus réel que les croyances qui nous servent pour définir notre réalité (comme de penser que la scène n'est qu'un lieu d'imitation).

J'ai l'impression que tu es vachement dans l'aspect "émotionnel" et "identificatoire" du théâtre. Tu regardes une pièce pour éprouver des émotions fortes (la carthasis) et te projeter dans les personnages.
Sauf que tu oublies qu'il y a de nombreux dramaturges, metteurs en scène, cinéastes qui ont voulu casser l'illusion et dire au spectateur "Vous êtes devant un film/vous êtes en train de regarder une pièce de théâtre" en cherchant à ce qu'il y ait une distanciation entre celui qui regarde et ce qui est vu. Et tous les procédés pour rompre avec ce culte de l'émotion (la mise en abyme du théâtre, les acteurs qui parlent aux spectateurs, les acteurs qui circulent dans la salle ou sortent carrément du théâtre, les personnages qui se posent des questions sur leur auteur/la narration/les dispositifs scéniques) ont ma faveur...

La théorie c'est une chose, "penser" le théatre comme Artaud c'est magnifique mais en pratique on en est loin...

Le cinéma est un mon "humble avis de penseur", bien plus adapté à retranscrire ce dont tu parles Up to.

Je n'en sais rien c'est pour ça que je cherche à voir le théâtre de la cruauté mis en scène. Cela dit les critiques de l'époque relatent la grande force, bizarrerie et réussite des pièces mises en scène et jouées par Artaud alors j'ai confiance. Pour moi ça correspond à une expérience totale et pas à un simple récit ou défilé de vignettes. Cela dit j'aime aussi l'absurde (Rhinocéros notamment) et Shakespeare (je ne crache pas dessus contrairement à Artaud) mais de même je n'ai rien vu au théâtre.

MrNovember > ce n'est pas exactement cela, je te conseille donc le Théâtre et son Double...

Il y a un enregistrement radiophonique de Pour en finir avec le jugement de Dieu, réalisé par Artaud lui-même, qui peut donner une idée, je ne sais pas si tu connais :
http://www.megaupload.com/?d=QSHC2IPF

Après personne n'a pu réaliser effectivement le projet impossible d'Artaud, et la plupart de ceux qui s'en revendiquent aujourd'hui produisent des choses assez... discutables voire insupportables (pour rester poli).

Ca peut être intéressant à voir en tous cas et ça n'enlève rien à l'approche et l'idée d'Artaud sur le théâtre. Bref, à voir.


Sinon oui je connais Pour en finir avec le jugement de Dieu, c'est même la première chose que j'ai connue d'Artaud et c'est juste excellent autant sur le fond que sur la forme, malheureusement on pourrait le croire fou à l'écoute de cette prestation alors que ce n'est pas le cas. Et j'ai utilisé un morceau de cet enregistrement sonore sur une de mes compos.