Jim Younger's Spirit

Watonwan River

Watonwan River

 Label :     PIAS ; Ipecac 
 Sortie :    vendredi 22 avril 2016 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Quand il y a des noms propres dans les titres, le curieux se doit de faire une rapide recherche. Une rivière du Minnesota, j'ai déjà la canne à pêche qui me démange. Les pieds plantés dans mes bottes, un galon de distillé "maison" à portée d'une main ganté de cuir, du jus de chique sur la lèvre et un vieux chapeau de paille, je taquinerais l'ablette alors que, de mon pick-up, s'échapperaient les notes calmes et introspectives de Jim Younger's Spirit (pour qui était le bonhomme, je vous laisser chercher, je peux pas tout faire).
Pour ceux qui connaissaient Plastic Bag, mettez de côté ce que vous pensez savoir de Polar Younger et ses acolytes. Ici, le Punk est bien mort et c'est pas dommage. Watonwan River, comme le précédent album Missouri Woods sorti en 2014, nous ballade dans une Amérique fantasmée, pas Country soyez rassurés braves gens, où la plénitude des déserts défile au rythme de la charrette transportant cette mère morte dans "As I Lay Dying".
Ce qui marque dès les premières écoutes, c'est bien sûr la voix de Polar, grave. C'est un songe, une rêverie dont les mélodies vocales s'insinuent au plus profond. Je pense à "Indian Lands", au refrain magnifique de "Touch The Clouds", à "Two hearts", le genre de mélodie que l'on a l'impression de connaître depuis toujours, qui donne envie de rouler de nuit dans un décor de canyon alors que la première station-service est encore à 300 bornes. Musique qui donne soif, besoin de fumer, d'être pieds nus dans la poussière du matin.
La voix, c'est bien mais ça ne fait pas tout. Aussi beau que soit le chant, il ne serait rien s'il n'était appuyé par une paire de guitaristes au touché d'une subtilité rare et qui semble avoir baigné dans la culture Western depuis sa plus tendre enfance. Rien n'est jamais superflu : simple, sobre, juste, la note et l'accord qu'il faut toujours au bon moment, tant dans les montées psychédéliques que dans les descentes d'alcool des petits matins blafards.
Une fois que j'ai dit tout ça, il reste quand même à préciser que, de ce que je connais de la scène Rock française, Jim Younger's Spirit fait figure de splendide anomalie. Je ne parlerai pas de la poésie des textes histoire de ne pas filer de complexes aux auteurs en herbe mais, musicalement, je ne vois pas qui d'autre pratique ce Rock qui, encore une fois, me fait penser à l'excellent groupe Bee And Flower, au Jefferson Airplane voire à certaines ambiances de Tim Buckley. Bon, tout cela est subjectif et ma culture de la musique américaine limitée à peu de choses.
Après maintes écoutes, je ferai juste deux critiques, négatives celles-là. La première porte sur le choix de placement du titre en duo avec Alex Maas de The Black Angels. Bien sûr c'est la putain de classe que d'avoir ce type sur son album, la question ne se pose même pas mais la chanson ("Bloody Deeds") dépareille trop avec l'ensemble, d'une grande homogénéité de sons et d'idées. Selon moi, ce Garage Rock aurait été plus à sa place soit en tout début, soit en toute fin, voire en Ghost de luxe. Mais c'est vraiment pour chicaner parce que Watonwan River est un petit bijou de Rock atmosphérique, légèrement noise, juste ce qu'il faut... Ah oui, j'avais deux critiques : pourquoi si peu de saxo ("Watonwan River") ? Cela dit, je râle par pur égoïsme car les compositions en l'état se passent très bien d'un ajout de cuivre dont la récurrence risquerait de devenir un gimmick lassant.
Quel putain de disque...


Bon   15/20
par Arno Vice


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