Foxygen

Voilà que débarque, précédé d'une réputation flatteuse, le premier véritable album d'un groupe que certains décrivaient déjà comme le nouveau messie quitte, comme à chaque fois, à provoquer des déceptions et des attitudes blasées. Face à un énième buzz, fallait-il rejoindre le clan des peine-à-jouir qui en ont vu d'autres, ou celui des ravis de la crèche prêts à s'extasier devant le premier repompage bien fichu ?
Écouter attentivement le disque semble le meilleur moyen de s'en faire une idée. Se rendre compte qu'on ne s'en est toujours pas lassé deux mois plus tard me semble un signe évident, je suis un ravi de la crèche sur ce coup-là. Soit, j'entends et j'accepte les arguments des autres, leur musique semble sortie des sixties, des seventies au maximum et n'apporte pas grand chose de nouveau à ce vingt-et-unième siècle, auquel ils revendiquent pourtant leur appartenance dans le titre du disque. J'admets aussi que le disque n'est pas d'une cohérence folle, et qu'on a parfois l'impression d'entendre une compilation de trésors oubliés des périodes précitées. Je reconnais aussi que le chant est parfois à deux doigts de l'imitation, tant il se rapproche de ses modèles. Toutefois je vois tout cela finalement comme des qualités plus que des défauts. À une époque obsédée par l'identité, ou le premier débile de télé-crochet prétend à son "univers artistique" (même en ne chantant que des reprises), un groupe caméléon comme Foxygen fait du bien. Et après tout, entendre un groupe se réinventer à chaque chanson, fut-ce en s'inspirant fortement de ses glorieux anciens, est une expérience pas si fréquente. En bref une démarche louable, des singles impeccables, un très très chouette album.