Sharko

Molécule

Molécule

 Label :     Bang! Music 
 Sortie :    samedi 28 octobre 2006 
 Format :  Album / CD   

Pour moi, il y a eu ce qu'on peut appeler l'époque III.

C'était il n'y a pas si longtemps, et pourtant, depuis, bien des choses ont changées ! C'était l'époque ou l'on avait les cheveux longs, les idées folles. On dansait sur "Excellent", on 'tutulutututais' sur "Spotlite, on était fier d'être Belges ! (depuis, il y a eu les "Malibu Stacy" qui nous ont fait prendre conscience que, même la Belgique pouvait produire de la... enfin... c'est une autre histoire !) Donc voilà, c'était l'époque de III !

Quelques années plus tard, flânant chez un disquaire, je reconnais les têtes David Bartholomé, Teuk et Julien sur une pochette de cd. Sans aucune hésitation, je m'empresse d'acquérir ce nouvel album au doux nom de Molécule. Première écoute, car il en faut bien une, première surprise ! Nombreux furent ceux qui qualifièrent Sharko et sa musique de 'sympathique', 'gentillet', voir 'naïf'...force est de constater que le ton est différent sur Molécule !
A l'instar de groupes 'placebo-musesesque' qui peinent à se renouveler, Sharko est parvenu à réinventer son propre son ! Le groupe a mûri, et ça se ressent tant musicalement que visuellement. Par ailleurs, le 'Goodbye To All Our Fans' lancé par Bartholomé sur "Bug" (le premier titre de l'album) semble prévenir les puristes et autres réacs du changement amorcé. Sur des titres comme "Sweet Protection" ou "I Need Someone", le chanteur semble se dévoiler un peu plus chaque rime.

Du reste, il m'est très difficile détailler dans le détail (si,si, ça se dit !) toutes les trouvailles sonores qui nous sont offertes sur Molécule... faut y jeter une oreille, amis internautes ! Mention spéciale, malgré tout, pour 'Skish Hee, I'm gonna make it' ("Skish Hee" étant le nom une petite montagne en indien...) la première chanson qui m'ait véritablement marquée après la première audition. Un refrain tout en puissance et rage... j'adore !
Le tout se clôture admirablement par le titre "No Contest", morceau qui, indéniablement, me rappelle l'avant dernier album. 'No contest, I'm the best...', celle là, ça va être cool de la chanter en concert ! Le groupe a grandit. Ca tombe bien, moi aussi !

Si III a marqué toute une période de ma vie (nostalgie, quand tu nous tiens !) , Molécule est en passe de m'accompagner pour les 3 ou 4 années à venir... jusqu'au prochain album.


Excellent !   18/20
par Mojo Pin


 Moyenne 17.00/20 

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Posté le 06 décembre 2008 à 22 h 43

Venant d'un groupe comme Sharko, la pochette de ce dernier album fait vraiment peur, surtout lorsque l'on sait d'autre part qui s'est occupé du son: Dimitri Tikovoi, coupable à mon sens du son plastique de Trash Palace et de Placebo. Sharko serait-il devenu un power-trio plein de faux panache, d'esbroufe? Le scène belge apparue en grande force avec des projets passionnants comme dEUS ou Venus à la fin des années 90, est victime d'une sorte d'embourgeoisement depuis la Pocket Revolution, les inspirations lo-fi et le kaléidoscope d'influences est souvent mise de côté au profit d'une production calibrée, de compositions trop honnêtes et d'une grande attirance pour les codes du rock and roll (cuir, son gras etc...), sans recul parfois. Et une bonne partie des groupes suivent...

Sharko débuta en 1999 par Feuded, disque hautement bordélique, je-m'en-foutiste et tout simplement... culte. Puis un désir incontrôlable de séduire plus facilement passa avant les pétages de cables de David, ainsi naquit le très pop Meeuws. Un peu décevant pour moi qui considérait que Sharko était avant tout un grand groupe déjanté. Restait à savoir si par la suite le trio allait parvenir à garder ses distances avec son envie écrasante de composer des tubes à fredonner.

En réalité, tout comme dans "Excellent" sur III, ce qui fait mouche au milieu de ces petites perles pop maintenant très abouties, c'est l'auto-dérision un peu triste à laquelle se livre David Bartholomé ("No contest, I'm The Best!!"). Quel plaisir d'ailleurs de retrouver cette voix acide, puissante et parfois coléreuse, quelque part entre celle de Sting et les tremblotements de Conor Oberst de Bright Eyes...Le groupe annonce avec sa pochette une entrée dans le classicisme rock et un pied dans la mâturité. La voix ultra expressive est souvent plus juste qu'avant, renforce totalement la cohésion de ce disque concis (33 minutes) qui garde sans cesse en haleine. C'est le disque le plus mélancolique de Sharko, le plus explosif également.

Dans ce monde de zapping incessant, je crois bien que notre temps maximum de concentration rétrécit: ainsi les artistes en tiennent compte (et sont sans doute victime de cette tendance également) et cherchent à sortir des albums courts, sans fioritures. Ce disque s'inscrit donc parfaitement dans l'air du temps, apparaît vite comme un produit vite écouté, vite jeté. Mais les apparences sont trompeuses, même si le groupe a poussé le vice jusqu'à faire ressembler son son, parfois à celui d'un mauvais mp3. La palette sonore et émotionnelle du disque tout d'abord est saisissante: on passe d'arrangements électroniques simples à des ballades à cordes, de paranoïa à colère, de pop sympa à des petits tsunamis rock'n'roll ou à une ballade jazzy aux forts accents rétro... Et sans jamais éprouver de sensations de dispersion. La mélodie est la plupart du temps imparable, l'interprétation est homogène, pleine de classe et d'honnêteté.

Décidément Sharko a réussi définitivement son passage à une pop en apparence passe-partout, mais finalement bien plus barrée que l'on pourra le croire, en témoignent des textes délirants ou des transitions parfois hasardeuses. L'envolée brusquement brisée de "Trip" fait jaillir de mon esprit la vision jubilatoire de Bono se prenant une porte dans la tronche. Voici un groupe qui s'amuse à pervertir la pop d'infimes détails décalés et qui réussit à être à la fois immédiat et durable, efficace et profond. L'un des groupes issus de la scène belge qui a su se réinventer avec finesse.
Très bon   16/20







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