The Double

Loose In The Air

Loose In The Air

 Label :     Matador 
 Sortie :    mardi 07 février 2006 
 Format :  Album / CD   

Au coin disques du centre culturel de nos amis de chez Leclerc, on ne trouve pas toujours ce que l'on recherche. Et comme on n'a pas envie d'être venu pour rien, on flâne et on regarde vaguement les pochettes, dans le faible espoir de dénicher quand même quelque chose, mais rien de bien précis, alors on repart souvent bredouille. Mais des fois, une pochette attire notre regard éteint. Par sa sobriété par exemple, ou encore par ses airs mystérieux qui semblent nous inciter à partir à la découverte de l'album. On se demande quel est ce groupe dont on n'a jamais entendu parlé. Mais oui, d'où ça sort ce truc, saperlipopette ? On s'empare de l'obscur objet les mains tremblantes. Finalement sans trop y croire, on écoute les extraits avec un certain détachement. On est surpris. On se rend compte qu'on est tombé sur un groupe au son pas comme les autres. Dans mon cas, la surprenante trouvaille se nomme The Double.

L'auditeur est fixé dès le premier morceau, "Up All Night". En effet, tous les ingrédients qui composent l'alléchante cuisine du quatuor new-yorkais sont regroupés pour une entrée en matière succulente. L'atmosphère est nocturne. Durant quarante secondes, des grincements sortis de nulle part nous plonge dans un rêve. Puis une voix haut perchée se fraye un chemin entre ces bruits étranges, atteint nos oreilles et nous réveille en douceur. Mais le rêve est trop agréable, nous nous recroquevillons dans nos draps et tâchons de ressaisir cet instant volé. C'est alors qu'un ultime grincement, plus fort et plus long, nous sort définitivement de notre douce torpeur, et nous voici prisonnier des ténèbres qui ont envahi la chambre durant notre sommeil. Le battement de notre cœur accélère, tout comme celui de la batterie, et la peur du noir surgit en même temps qu'un déluge assourdissant de guitares. Jouissance d'une cinquantaine de secondes. Puis le jeu se calme, la mélodie jusque-là plutôt déstructurée revêt un format pop pour achever de nous charmer. La recette secrète de The Double, on l'a compris, c'est d'allier les contraires : mélodies pop et expérimentations sonores, lumières et ténèbres, décomplexions et tensions. Cette construction en clair/obscur s'étend sur les neuf autres chansons de l'album et démontre une efficacité redoutable, qui ravira les plus fins gourmets, ceux qui en ont ras-le-cul de l'indigeste son radiophonique copié/collé. Eh oui, enfin un groupe qui essaye, qui ose, qui prend des risques. Même quand le combo nous sert une ballade au piano anodine, celle-ci se révèle au fil des écoutes pas si classique que ça : merci au discret arrière-plan hypnotisant. A part un raté inévitable nommé "Ripe Fruit", tout est parfait. The Double maîtrise son sujet et va même jusqu'à réussir une dangereuse et osée exploration de contrées sonores inconnues avec le bruyant "What Sound It Makes The Thunder", saisissante reproduction d'une atmosphère plus qu'orageuse : apocalyptique. Apocalyptique, c'est également le cas du refrain ravageur de "On Our Way", qui crée un contraste étourdissant avec les couplets empreints d'une mélancolie contagieuse. Le groupe s'offre même le luxe de composer la pop-song parfaite : la dynamique et rafraîchissante "Idiocy". Le tout s'achève en douceur sur l'ensorceleur "Busty Beasty".

Ce disque est beau... alors les gars, vous accepterez bien cette p'tite chronique en pourboire ?


Parfait   17/20
par Caligula


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