James

Seven

Seven

 Label :     Mercury 
 Sortie :    mardi 17 mars 1992 
 Format :  Album / CD  K7 Audio   

Après un précédent album Gold Mother et son tube "Sit Down", qui fit monter la pression, James publie Seven qui, tout en sonnant le glas d'un genre déjà essoufflé, sera le dernier hymne intemporel du courant baggy.
Leur coup de génie est de mélanger une pop multi-instrumentale à la mode de Manchester du début des années 90 avec l'acid-house et les raves parties dont ils ne garderont que l'ambiance festive et les rythmes dansants.
Emmené par les superbes parties de guitares tourbillonnantes de Saul Davies et James Gott et la rythmique effrénée de David Power, les chansons de cet album sont de vraies déclaration d'amour à la fête, l'exubérance et l'hédonisme, que trompettes, violons et autres effets viennent sublimer en une rafale détonante ("Ring The Bells" ou le magnifique "Bring A Gun"). Tim Booth, leader et chanteur de ce groupe composé de sept membres, pose sa voix héroïque avant qu'elle ne soit noyée sous une tonne d'arrangements, sans cesse changeant et surprenant ("Sound").
L'essentiel de l'esprit d'une époque est contenu dans ces morceaux épiques ("Mother", qui ressemble à du U2 sous ecstasy), lancinantes ("Don't Wait That Long", superbe) ou simplement irresistibles ("Next Lover", "Heavens"). Toute la musique anglaise est contenue là, virulente, droguée et vibrante. Cet album communicatif est presque hypnotique. On y sent un bouillonnement intense, celui d'une jeunesse acquise toute entière à la transe, aux joies de la nuit et au je-m'en-foutisme.
Mais là où James se fait plus amer, plus émouvant, c'est sur ses morceaux magistraux de sensibilité comme "Mother" ou "Protect Me". Cette musique poignante nous touche en plein cœur. Les slides se font caressants, la basse prédominante et la voix suppliante. Comme si James chantait la fin du cygne. Le groupe entrevoit les lendemains de fête à venir, les gueules de bois et le désenchantement. Impossible de ne pas ressentir un pincement à l'écoute d'un plaintif : "How long did it take to use me ?" sur "Don't Wait That Long". James savait que la fête ne pourrait durer éternellement.
A Manchester, les Stones Roses sont en procès avec leur maison de disques, les Happy Mondays ruinent leur santé à coup de cocaïne, le label Factory de Tony Wilson s'écroule, la Hacienda se noie sous les dettes. La folie a laissé place à l'abattement et aux désillusions. C'est un coup dur. Bientôt le courant baggy ne sera plus que l'ombre de lui-même. On parle déjà de nouveaux groupes: Blur, Pulp, Suede...
Pour James, porte-drapeau d'une époque révolue mais inoubliable, il ne reste plus qu'une chose à faire: reprendre les instruments, s'enfiler des cachets et jouer jusqu'à plus soif. Jouer pour tous, pour l'espoir ou juste pour le simple fait de jouer. Car le rock est la première drogue. Ainsi la fête se fait sans fin. On reprend notre innocence, on balance des riffs entraînants, on gueule à tue-tête pour danser et encore danser, s'oublier et s'abandonner ("Live A Love Of Life" ou "Seven", placé en conclusion).
La musique, contrairement à ceux qui la joue, est éternelle. Même si Manchester a repris son aspect morne de ville ouvrière, on n'oubliera jamais James et son rock dionysiaque entre dandysme et tragédie psychédélique. Ce groupe talentueux, qui en compagnie de tous les autres du courant baggy, a su nous faire rêver et planer.


Très bon   16/20
par Vic


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