Flop

Whenever You're Ready

Whenever You're Ready

 Label :     550 Music 
 Sortie :    vendredi 01 janvier 1993 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio  Numérique   

(L'auteur de cette chronique est un chieur qui ne veut pas noter la musique. Par défaut, il met 20/20 partout et cette note n'engage que ceux qui veulent la prendre au sérieux)

Dans une interview récente donnée à bandcamp [1], Doug Martsch évoque Flop, groupe de Seattle des années 90, en des termes plus qu'élogieux, faisant quasiment d'eux l'égal des Pixies et de Dino Jr. Dans la bouche de n'importe qui d'autre, ce genre de comparaison aurait sonné comme de l'enthousiasme outrancier mais si c'est le divin chauve de Built To Spill qui le dit, ça mérite de s'attarder dessus.

Une ou deux écoutes en diagonale plus tard, le choc. Je percute que Flop, c'est un de ces nombreux groupes que j'avais découvert en matant jusqu'à l'usure une VHS copiée de "Hype!" [2]. Découvertes mythiques, mystiques et inexploitables car la plupart des groupes qui m'avaient retourné la tête n'étaient pas connus et pas distribués dans les fnac des centres commerciaux de banlieue où c'est que je zonais. Pour deux d'entre eux, Seaweed et Fastbacks, il me faudrait attendre quelques années et l'arrivée d'internet pour satisfaire ma curiosité.
Pour Flop, le trou noir, je les avais complètement oubliés, honte à moi. Je me remate leur passage dans "Hype!". Quatre lascars dans un studio en train de dérouler un morceau tous ensemble. A l'époque, je ne voyais que le morceau. Maintenant, une vingtaine d'années plus tard, j'y vois plein de trucs qui se recoupent et qui délimitent un espace-temps qui m'est devenu très familier : casquette Gas Huffer, sous-titre indiquant que le studio n'est rien d'autre que les Egg Studios [3], la tronche de Kurt Bloch derrière la console... D'ailleurs, pour ceux qui se demandent, il était pas là par hasard : Rusty Willoughby, le talentueux songwriter de Flop, était un des 5000 batteurs ayant joué dans les Fastbacks, groupe dans lequel Bloch joue de la guitare. Le dénommé Kurt a aussi enregistré leurs trois uniques albums [4] soit dit en passant.
Au final, ce qui fait la spécificité de celui-ci, Whenever you're ready, leur deuxième, c'est qu'il est sorti sur une major (une sous-filiale d'Epic) contrairement aux deux autres sortis sur Frontier Records [5].

Mais d'ailleurs, me direz-vous, à un moment donné, il faudra bien en parler de cet album. Oui oui, on y vient mais je suis au regret de vous dire que ça va être vite fait, la musique est géniale et mes capacités d'évocation étant ce qu'elles sont, je vais vite me retrouver à court de superlatifs. Alors on va donner dans le paresseux, on va se contenter de faire l'inventaire de ce qu'on peut y trouver.
En général, la formule de Flop sur cet album est à peu près la suivante : un début de morceau punk et/ou grunge jusqu'au moment inévitable et systématique où le morceau décolle. Ce moment de légèreté pop est immanquablement réussi ce qui est un scandale et, plus révoltant encore, ya souvent un rab de lévitation dans la foulée qui s'avère ouf. A ce stade, je sais plus si on peut parler de pré-refrains et de refrains, de refrains à deux étages ou de double impact mais, même à Seattle dans les '90s, c'est un niveau qui n'est réservé qu'à un cercle restreint de groupes.
Pour les paroles, je sèche. Les titres de chansons alternent entre la SF, les sciences dures et l'incongru ("Julie Francavilla", le titre qu'on voit joué dans Hype! est apparemment le nom d'une présentatrice de télé locale à Seattle).
La production, elle, doit sans doute à la major le rôle de mixeur qui a été attribué à l'anglais Martin Rushent, connu pour avoir bossé avec les Buzzcocks et d'autres trucs un peu moins fréquentables. Dieu merci, à part sur quelques guitares qui semblent parfois gonflées et quelques légers synthés très ponctuels, son CV sinusoïdal déteint peu sur la qualité de cet album.

Alors, avant de s'en aller, on se quitte sur quelques questions éternelles qui resteront sans réponse. C'est pas bien glorieux mais on en est là. Tout juste bons à essayer de comprendre pourquoi ils ont pas percé, pourquoi Sub Pop les avait pas signés, pourquoi Rusty Willoughby n'a pas une statue devant chaque salle de concert et puis aussi, comment se fait-il que les jours passent si lentement et les années si vite ? [6]


Intemporel ! ! !   20/20
par Santiagoo


  Album écoutable sur https://frontierrecords-flop.bandcamp.com/album/whenever-youre-ready

[1] "To me, Flop was a band that I thought of on the same level as The Pixies and Dinosaur Jr [...] They were so good. They wrote great songs; they were smart; and they were cool people with a cool attitude. It really surprised me that they didn't become one of the most famous bands of the ‘90s"
Issu de https://daily.bandcamp.com/big-ups/doug-martsch-bu ... ll-big-ups

[2] Hype! (1996). Un documentaire de Doug Pray assez incroyable qui réussit à raconter la scène de Seattle, ce qui inclut poids lourds, vétérans, jeunes loups et beaucoup de marketing sub popeux

[3] A Seattle, si les Reciprocal Studios (via Jack Endino) et Sub Pop sont respectivement le studio et le label officiels du grunge, avec un peu de culot, on pourrait sans doute dire que les Egg Studios et PopLlama en sont les équivalents pour le versant punk/garage/power pop de l'Etat de Washington (Young Fresh Fellows, Fastbacks, Posies, Supersuckers, Gas Huffer, Presidents Of The United States, etc.). D'ailleurs, les deux, Egg Studios et PopLlama, sont créés par le même bonhomme, Conrad Uno.

[4] Vous connaissez sans doute sa réputation d'ingé son pour son travail avec des groupes tels que Tad, Mudhoney, Les Thugs

[5] Pour une histoire du label angelino : https://daily.bandcamp.com/label-profile/frontier- ... el-profile

[6] C'est pas de moi, je vous laisse retrouver comme des grands d'où sort cette noble citation


Proposez votre chronique !







Recherche avancée
En ligne
366 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
Selon vous, quel intérêt les side-projects offrent-ils au rock indé ?