Hazel

Toreador Of Love

Toreador Of Love

 Label :     Sub Pop 
 Sortie :    dimanche 01 août 1993 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

(L'auteur de cette chronique est un chieur qui ne veut pas noter la musique. Par défaut, il met 20/20 partout et cette note n'engage que ceux qui veulent la prendre au sérieux)

De nos jours, dans le champ lexical de la communauté indé [1], Portland, Oregon, se retrouve assez souvent associé à Elliott Smith, Sleater-Kinney et les Wipers. Dans mon édition à moi de cet indie thesaurus qui reste à écrire, on y trouverait aussi Astoria, le patelin où a été tourné les Goonies (émoticône coeur), le groupe de heavy rock instrumental Grails (émoticône coeur noir) et les presque légendaires Hazel (émoticônes binoclard, pouce en l'air, bonhomme dansant, feux d'artifice).

L'adjectif légendaire vous paraîtra sans doute usurpé pour un groupe dont vous avez si peu entendu parler jusqu'ici mais si j'en crois une citation du Talmud chopée je sais plus où, comme le vin, les légendes réjouissent le cœur des hommes (ou alors ça vient de mon oncle Pacheco, amateur de piquette et de Maradona). Et à ce compte là, rien que sur la foi de Toreador Of Love, cet incroyable album sorti en 1993 chez Sub Pop et enregistré par Jack Endino, les portlandeurs sont assurément des légendes.
Si je devais décrire le créneau qu'ils occupent dans l'indie galaxie du grand Nord-Ouest américain, je dirais que c'est du Nirvana poppy. Vous savez, cette pimpante facette du groupe d'Aberdeen qui n'a jamais eu les faveurs de la postérité. Tous ces "Breed", "Lounge Act", "Dive" et autres "Drain you" qui sont énormes mais qui sont éclipsés par les tubes, l'unplugged, ou les riffs de platine. Pas vraiment de la power pop léchée façon Posies donc, ce serait plutôt une manière d'aborder les mélodies en faisant un pas de côté par rapport aux fifties et aux sixties.
Et ben voilà, Pete, le songwriter chanteur, même s'il ne pousse pas la voix aussi loin que l'ami Cobain, il a ce niveau là, mélodique et détaché. Pas de quoi devenir le roi officiel de l'adolescence des nonantes mais largement de quoi devenir un membre de la team "ils étaient géniaux en pleine vague grunge, n'ont pas cartonné, c'est injuste mais quand même quelle drôle de décennie de malade".
Et puis j'aimerais qu'on parle un peu de Jody Bleyle, la batteuse. Elle a pas encore commencé sa merveilleuse carrière de chanteuse guitariste chez Team Dresch mais elle fait déjà des étincelles. Frappe lourde, roulements de caisse claire punk, magnifiques descentes de toms obliques (comme en témoigne l'incroyable "J.Hell") et chœurs parfumés à la nicotine.
Pour la déconne, en plus du bassiste Brady, on peut aussi évoquer le quatrième membre de ces trois mousquetaires de l'Oregon : Fred Nemo. Il ne joue d'aucun instrument, il est juste là pour danser en concert (pour les érudits, un peu comme le teenageur du concert de Nirvana à Reading en 92) donc vous étonnez pas si ce disque ne porte pas son empreinte.

Paradoxalement, d'une certaine manière, cet échalas barbu qui se foutait de la postérité et ne dansait que pour ceux qui étaient là au bon moment au bon endroit, est probablement celui qui incarne le mieux toute la beauté fanée de Hazel, ce groupe légendaire et oublié de Portland qui n'émeut presque plus personne aujourd'hui.


Intemporel ! ! !   20/20
par Santiagoo


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