The Czars
Before... But Longer |
Label :
Bella Union ; Naïve |
||||
Quand before... but longer sort en mai 2000, les Czars sont déjà passés à autre chose. Ils ont en effet commencé à travailler sur ce qui deviendra leur quatrième album (le superbe The Ugly People vs The Beautiful People, publié en octobre 2001) et ne se montrent plus trop intéressés par ce qu'ils considèrent comme des chansons anciennes et un disque dépassé à leur goût. Ils veulent aller de l'avant et mettre à profit ce qu'ils ont appris pendant les deux années précédentes pour faire mieux. Il est vrai que la fin de l'enregistrement de before... but longer remonte à septembre 1998 et que son processus créatif s'est avéré long et parfois frustrant.
Après leurs deux premiers albums, dont le groupe n'était pas vraiment satisfait (Moodswing en 1996 et The La Brea Tar Pits Of Routine en 1997), autoproduits et publiés sur leur propre label Velveteen Records, les Czars nouent des contacts avec Bella Union, le label fraîchement créé par les anciens Cocteau Twins Simon Raymonde et Robin Guthrie, juste avant la fin du groupe écossais en 1997. Les deux parties s'étaient déjà rapprochés précédemment, le groupe ayant envoyé des démos au label, mais sans que cela ne se concrétise. À la suite d'un nouvel envoi de chansons, Raymonde est convaincu et décide de travailler avec la formation de Denver. Il les fait venir à Londres et, en plus de produire leur disque, leur accorde une grande latitude lors de l'enregistrement, afin qu'ils soient le plus à l'aise possible et donnent leur pleine mesure.
Pour ce premier album chez Bella Union, John Grant, le chanteur et principal compositeur du groupe, décide en outre de modifier sa façon d'écrire ses textes, auparavant grandement basée sur de l'improvisation, ce qui faisait que certaines chansons avaient des paroles assez mouvantes. Pour before... but longer, il abandonne cette méthode un rien hasardeuse et fait en sorte d'arriver avec les versions définitives au moment d'enregistrer ses parties de voix, qui étaient souvent captées après les instruments. Il trouve dans ce processus une plus grande satisfaction tant dans son chant que dans l'écriture des morceaux en eux-mêmes.
Mais en dépit de toutes ces évolutions positives en interne et des efforts de Raymonde, le groupe reste à peu près inconnu et dans une situation délicate : il n'a pas d'agent, ne trouve pas de concert en Europe et ne dispose pas derrière lui d'une véritable équipe pour le soutenir. Et ce qui aurait pu être le début de quelque chose de très intéressant ne décolla jamais vraiment, et les deux albums suivants des Czars, pourtant remarquables, ne changèrent pas cette situation.
Mais en écoutant before... but longer, on peut comprendre pourquoi ils n'ont pas décroché la timbale. Cet album est un choc sans retour et n'épargne jamais l'auditeur. Les paroles de Grant sont sombres, crues, désespérées, parlent de solitude, de relations brisées, des difficultés à en nouer et à les maintenir. La musique, un mélange de shoegaze, de country électrique, de folk et de sonorités électroniques, peut nous sembler à maintes reprises plutôt lumineuse (le sublime final "Leavin' On Your Mind" par exemple), mais elle est en réalité, en son cœur, au diapason des textes qu'elle illustre, oppressante et rude, dépressive et intense. Quelques autres moments d'éclaircies sont présents (les brillantes "Dave's Dream" et "What I Can Do For You" ou le tube "Get Used To It", étonnamment catchy), mais ils nous induisent en erreur par leur éclat, tout cela paraît trop beau pour être vrai et ils sont bien vite recouverts par les sarcasmes et l'ironie ("Any Younger", "Gangrene" ou "Zippermouth" se chargent d'en remettre une couche dans la douleur).
Il va sans dire que des écoutes distraites sont insuffisantes pour cerner cette œuvre lente et addictive qui nous plonge dans l'abîme de la psyché torturée de John Grant, dont la voix incroyable dispose pour la première fois d'un écrin digne de ce nom pour s'exprimer. Et il semble finalement assez logique que les Czars, malgré leur nom glorieux et surtout en raison de leur musique pas vraiment joyeuse, n'aient pas connu le succès qu'ils espéraient. Reste un album aussi superbe qu'abrupt qui hantera vos nuits sans sommeil de la plus belle des façons.
Après leurs deux premiers albums, dont le groupe n'était pas vraiment satisfait (Moodswing en 1996 et The La Brea Tar Pits Of Routine en 1997), autoproduits et publiés sur leur propre label Velveteen Records, les Czars nouent des contacts avec Bella Union, le label fraîchement créé par les anciens Cocteau Twins Simon Raymonde et Robin Guthrie, juste avant la fin du groupe écossais en 1997. Les deux parties s'étaient déjà rapprochés précédemment, le groupe ayant envoyé des démos au label, mais sans que cela ne se concrétise. À la suite d'un nouvel envoi de chansons, Raymonde est convaincu et décide de travailler avec la formation de Denver. Il les fait venir à Londres et, en plus de produire leur disque, leur accorde une grande latitude lors de l'enregistrement, afin qu'ils soient le plus à l'aise possible et donnent leur pleine mesure.
Pour ce premier album chez Bella Union, John Grant, le chanteur et principal compositeur du groupe, décide en outre de modifier sa façon d'écrire ses textes, auparavant grandement basée sur de l'improvisation, ce qui faisait que certaines chansons avaient des paroles assez mouvantes. Pour before... but longer, il abandonne cette méthode un rien hasardeuse et fait en sorte d'arriver avec les versions définitives au moment d'enregistrer ses parties de voix, qui étaient souvent captées après les instruments. Il trouve dans ce processus une plus grande satisfaction tant dans son chant que dans l'écriture des morceaux en eux-mêmes.
Mais en dépit de toutes ces évolutions positives en interne et des efforts de Raymonde, le groupe reste à peu près inconnu et dans une situation délicate : il n'a pas d'agent, ne trouve pas de concert en Europe et ne dispose pas derrière lui d'une véritable équipe pour le soutenir. Et ce qui aurait pu être le début de quelque chose de très intéressant ne décolla jamais vraiment, et les deux albums suivants des Czars, pourtant remarquables, ne changèrent pas cette situation.
Mais en écoutant before... but longer, on peut comprendre pourquoi ils n'ont pas décroché la timbale. Cet album est un choc sans retour et n'épargne jamais l'auditeur. Les paroles de Grant sont sombres, crues, désespérées, parlent de solitude, de relations brisées, des difficultés à en nouer et à les maintenir. La musique, un mélange de shoegaze, de country électrique, de folk et de sonorités électroniques, peut nous sembler à maintes reprises plutôt lumineuse (le sublime final "Leavin' On Your Mind" par exemple), mais elle est en réalité, en son cœur, au diapason des textes qu'elle illustre, oppressante et rude, dépressive et intense. Quelques autres moments d'éclaircies sont présents (les brillantes "Dave's Dream" et "What I Can Do For You" ou le tube "Get Used To It", étonnamment catchy), mais ils nous induisent en erreur par leur éclat, tout cela paraît trop beau pour être vrai et ils sont bien vite recouverts par les sarcasmes et l'ironie ("Any Younger", "Gangrene" ou "Zippermouth" se chargent d'en remettre une couche dans la douleur).
Il va sans dire que des écoutes distraites sont insuffisantes pour cerner cette œuvre lente et addictive qui nous plonge dans l'abîme de la psyché torturée de John Grant, dont la voix incroyable dispose pour la première fois d'un écrin digne de ce nom pour s'exprimer. Et il semble finalement assez logique que les Czars, malgré leur nom glorieux et surtout en raison de leur musique pas vraiment joyeuse, n'aient pas connu le succès qu'ils espéraient. Reste un album aussi superbe qu'abrupt qui hantera vos nuits sans sommeil de la plus belle des façons.
Excellent ! 18/20 | par Poukram |
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