The Twilight Singers
A Stitch In Time |
Label :
One Little Indian |
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Après la sortie de l'excellent Powder Burns en mai 2006 et la tournée qui suivit, Greg Dulli et ses Twilight Singers décidèrent de battre le fer tant qu'il était chaud et publièrent, d'abord en numérique en octobre de la même année et ensuite en physique en décembre (ou novembre, c'est pas clair), ce A Stitch In Time, EP composé de cinq titres, trois originaux inédits et deux reprises, qui semblent échappés des sessions de leur récent disque (les crédits l'attestent en tout cas, au vu du personnel et des divers collaborateurs mentionnés) ou bien enregistrés peu auparavant. Ces trois originaux sont de bonne facture, particulièrement "Sublime", morceau coécrit et chanté par Dulli et Joseph Arthur (déjà présent sur Powder Burns et connu pour sa carrière solo et comme membre de Fistful of Mercy et RNDM) qui distille, comme souvent avec l'ancien Afghan Whigs, une petite ambiance soul un peu lugubre mais néanmoins très plaisante. "They Ride", lui écrit avec Rick McCollum, vieux compère de son fameux groupe, revient au rock et rajoute une bonne dose de gras et d'électricité, alors que "The Lure Would Prove Too Much" s'avère plus lent et méditatif.
Mais les deux moments forts de l'EP sont en fait les reprises. "Flashback" est à l'origine une composition des Néo-Zélandais de Fat Freddy's Drop, connus pour leurs improvisations, leur mélange des genres (dub, reggae, soul, jazz, funk, techno, rhythm and blues, roots) et leur premier album au succès phénoménal en leur pays, Based on a True Story (2005), dont est issue la chanson. Cette dernière, aux accents plutôt planants, est ici totalement remodelée par Dulli et son inévitable acolyte, Mark Lanegan, à l'époque en plein doute existentiel. Les deux hommes se partagent le micro pour en donner une version rock incandescente qui parvient à conserver la sensualité de l'originale ("There's something natural in the way you touch me" chante Mark, "Yeah, yeah" lui répond Dulli en écho), tout en lui insérant une délectable auréole de stupre. Ça donne envie. Mais le sommet est atteint avec la monumentale reprise du "Live With Me" de Massive Attack (Collected, 2006), elle aussi métamorphosée en objet rock à la puissance démentielle, rehaussée par des paroles auxquelles la voix de Lanegan ne fait qu'ajouter mystère et menace latente (la supplication "I've been thinking about you baby / Come live with me"). La progression du morceau, la mélodie lancinante à la guitare, la rythmique lourde, les voix mêlées de Lanegan et Dulli, tout contribue à la noirceur, à la grandeur de cette adaptation aussi magnifique qu'implacable. En plus d'annoncer les indispensables Gutter Twins, il faut également la placer parmi les meilleures reprises du grand Mark, aux côtés de son incroyable "Man In The Long Black Coat" (pour la BO du film I'm Not There consacré à Bob Dylan en 2007) ou du formidable "Carry Home" (I'll Take Care of You, 1999), à l'origine de son mentor et ami Jeffrey Lee Pierce.
Au bout du compte, A Stitch In Time constitue un parfait complément à Powder Burns, prolongeant parfaitement ce déjà très bon disque, la présence de Lanegan sur ses deux meilleures pistes étant la cerise, inquiétante mais ô combien goûtue, sur le gâteau. Et comme il est le prélude à l'un des meilleurs albums des années 2000 (celui des jumeaux du caniveau, Saturnalia, en 2008), n'en jetez plus, il vous faut l'écouter.
Mais les deux moments forts de l'EP sont en fait les reprises. "Flashback" est à l'origine une composition des Néo-Zélandais de Fat Freddy's Drop, connus pour leurs improvisations, leur mélange des genres (dub, reggae, soul, jazz, funk, techno, rhythm and blues, roots) et leur premier album au succès phénoménal en leur pays, Based on a True Story (2005), dont est issue la chanson. Cette dernière, aux accents plutôt planants, est ici totalement remodelée par Dulli et son inévitable acolyte, Mark Lanegan, à l'époque en plein doute existentiel. Les deux hommes se partagent le micro pour en donner une version rock incandescente qui parvient à conserver la sensualité de l'originale ("There's something natural in the way you touch me" chante Mark, "Yeah, yeah" lui répond Dulli en écho), tout en lui insérant une délectable auréole de stupre. Ça donne envie. Mais le sommet est atteint avec la monumentale reprise du "Live With Me" de Massive Attack (Collected, 2006), elle aussi métamorphosée en objet rock à la puissance démentielle, rehaussée par des paroles auxquelles la voix de Lanegan ne fait qu'ajouter mystère et menace latente (la supplication "I've been thinking about you baby / Come live with me"). La progression du morceau, la mélodie lancinante à la guitare, la rythmique lourde, les voix mêlées de Lanegan et Dulli, tout contribue à la noirceur, à la grandeur de cette adaptation aussi magnifique qu'implacable. En plus d'annoncer les indispensables Gutter Twins, il faut également la placer parmi les meilleures reprises du grand Mark, aux côtés de son incroyable "Man In The Long Black Coat" (pour la BO du film I'm Not There consacré à Bob Dylan en 2007) ou du formidable "Carry Home" (I'll Take Care of You, 1999), à l'origine de son mentor et ami Jeffrey Lee Pierce.
Au bout du compte, A Stitch In Time constitue un parfait complément à Powder Burns, prolongeant parfaitement ce déjà très bon disque, la présence de Lanegan sur ses deux meilleures pistes étant la cerise, inquiétante mais ô combien goûtue, sur le gâteau. Et comme il est le prélude à l'un des meilleurs albums des années 2000 (celui des jumeaux du caniveau, Saturnalia, en 2008), n'en jetez plus, il vous faut l'écouter.
Parfait 17/20 | par Poukram |
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