Superchunk

Paris [La Maroquinerie] - jeudi 31 mai 2018

 Superchunk
Mon marathon de concerts semestriel se poursuit avec une découverte. Oui, je vous entend bien ricaner : le bassiste de polarbird ne connaissait pas Superchunk ? Hé bien oui, honte à moi. Depuis que j'ai commencé à écouter de l'indie-rock, des Pixies à la bande de Seattle en passant par Pavement, je me dis "Superchunk, il faudra que j'essaie, je pense que ça va me plaire". L'occasion ne s'est jamais présentée, genre le CD qui traîne miraculeusement dans une médiathèque ou le pote pris de pitié qui te prête un album. J'ai bien fait une tentative d'écoute en 2013, à la sortie de I Hate Music, mais je n'ai pas accroché. Il a fallu des vacances en Écosse et un passage au HMV de Glasgow en 2016, qui présentait en tête de gondole les rééditions des vieux albums de Superchunk, pour que je me jette à l'eau. L'excellent Foolish, puis le rugueux premier album éponyme, de quoi provoquer mon enthousiasme à l'annonce de leur venue à Paris, une première depuis 2001 semblerait-il.

Attablé avec Oneair et Santiagoo à la terrasse de la Maroquinerie à évoquer le bon vieux temps, je rate une bonne moitié de la première partie, les lyonnais de Not Scientists. Un quatuor ultra-efficace, avec des compos noisy-pop-punk bien foutues dans le genre Thugs/Teenage Fanclub et des sonorités piquées chez The Cure. Sauf que les compos en question sont boursouflées par une section rythmique nu-metal, tant dans le jeu surpuissant que dans l'apparence (muscles tatoués et jeu de scène testostéroné) qui les tire vers un style qui m'est à peu près insupportable. Dommage.

Et puis les voilà enfin, les légendes de l'indie-rock US. Enfin presque toutes : Laura Ballance n'assure plus les tournées pour cause d'hyperacousie. Elle est remplacée sur scène depuis 2013 par Jason Narducy, bassiste de Bob Mould sur ses trois derniers albums aux côtés de Jon Wurster, batteur de... Superchunk. Small world. Mac McCaughan, le chanteur-guitariste (et co-fondateur avec Laura de Merge Records, les découvreurs d'Arcade Fire), lance les hostilités avec autorité. Je dégaine rapidement les bouchons d'oreilles : dans la lignée de l'ingé son de leurs premiers albums Steve Albini, leur son est sec, puissant et râpeux.
Très vite, les fondamentaux se mettent en place : un morceau de Foolish, quelques morceaux plus récents qui tiennent plutôt bien la route, un pogo, quelques sobres réflexions de Mac entre deux sur l'Amérique sous Trump ("It's no fun. It's less than fun. It's... negative fun"), et surtout une joie d'être là et de balancer des morceaux bien foutus à fond la caisse. L'audience est clairsemée mais éclairée : ce sont des principalement des connaisseurs qui viennent voir le groupe. Le quatuor enchaîne des morceaux punk bien speed en mode Buzzcocks et les morceaux plus travaillés qui ont fait sa marque de fabrique. Avec sa section rythmique au dessus de la moyenne, Superchunk sait varier les tempos.

Un concert aux petits oignons avec un rappel et nous voilà dehors, à nous poser cette question existentielle : qu'est-ce qui fait qu'un groupe power-pop aussi talentueux, attachant et intègre ne parvienne pas à remplir une Maroquinerie après quinze ans d'absence ? Pas assez arty ? Pas assez garage ? Reste un petit noyau dur d'irréductibles dont je fais désormais partie, prêt à les accueillir à nouveau avec ferveur à leur prochain passage à Paris.


Parfait   17/20
par Myfriendgoo


  "Crédits photo : Oneair"


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