No Age

Paris [Espace B] - lundi 24 juin 2013

Dire que les deux furieux de No Age ne sont pas des businessmen serait un bel euphémisme : un concert à Paris trois ans après la sortie de leur troisième album, deux mois avant la sortie du quatrième, avec pour seule actualité récente des happenings arty californiens plus ou moins fumeux... Si le concert, initialement prévu au Punk Paradise, n'avait pas été déplacé dans cette excellente salle qu'est l'Espace B, dont je reçois la newsletter, cet événement m'aurait sans doute échappé. D'autant plus que leur dernier passage à Paris, au point FMR, m'avait laissé un tantinet sur ma fin : la présence d'un troisième larron pour gérer l'électronique avait renforcé leur côté shoegaze planant sans libérer complètement l'intensité punk.

À l'Espace B ce lundi soir, c'était l'exact contre-pied : le duo originel en version total garage. Pourtant, la présence de Puce Moment en première partie semblait indiquer l'inverse : un duo électro-ambient-avec-des-vraies-nappes-de-guitare-dedans, pas désagréable mais un peu désincarné.

L'ambiance a changé du tout au tout dès que No Age a eu fini d'installer son matos. Dans une salle bien remplie qui semble les avoir surpris par sa petite taille, les compères ont lâché les watts sans préavis et sans contrôle, au détriment de la qualité musicale. Avec une guitare surpuissante à l'accordage douteux, leurs riffs rudimentaires et géniaux se sont transformés en une bouillie sonore qui aurait fait passer Guided by Voices pour les Beach Boys. Cela n'a rien enlevé à la capacité du duo à mettre en ébullition une foule venue pour en découdre, déclenchant un pogo comme je n'en avais jamais vu dans cette salle. Même lorsque Dean Allen Spunt, dont la voix était quasiment inaudible, lâchait sa batterie pour attraper une basse, le tempo restait plus proche de Hüsker Dü que de Jesus & Mary Chain. Exit les passages planants, mais ils ne m'ont finalement pas manqué tant que ça.

Je suis sorti de là abasourdi par la claque scénique mais frustré par le carnage musical. Sur le chemin du retour, je me suis réécouté Nouns, leur deuxième album, et j'ai eu plaisir à retrouver ces arrangements évidents, ce juste milieu entre une voix et des choeurs minimalistes qui auraient leur place dans Sebadoh, une guitare à la Bob Mould gonflée de sons pêchés chez My Bloody Valentine, et un jeu de batterie primaire – pour ne pas dire primal. Leur prochain passage à Paris sera-t-il celui du retour à l'équilibre ?


Très bon   16/20
par Myfriendgoo


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