Mazes
Wooden Aquarium |
Label :
Fat Cat |
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Voici un classique exemple de la Théorie de la Comédie Dramatique.
Pour une fois je ferais court et simple. Simple comme la pop légèrement acre que Mazes nous offrait lors de son premier album, A Thousand Heys en 2011, et à laquelle j'étais assez client. Découvert dans une librairie bon marché du centre parisien, j'avais acheté le CD au hasard, parce que... Bah parce que j'aime bien faire ça simplement. En rentrant, j'avais été agréablement surpris par l'EP des 4 larrons de Manchester. Une énergie punk diluée dans un son frôlant parfois le lo-fi, le tout rythmé de rengaines parfois aussi efficaces que certains morceaux des Sebadoh, en un brin plus clean. Pas de grosses recherches musicales, ou de riffs complexes, de chants diffus ou d'instruments superficiels, les Mazes avaient porté avec ce disque un réel espoir de groupe à suivre durant les prochaines années. Avec les années on vieillit alors, et j'avais eu bien d'autres occupations d'adulte relou qui m'empêchèrent injustement de me pencher sur Ores & Minerals, le successeur.
Mais voilà, nous sommes en 2014, et le groupe sort la fameuse troisième galette de la maturité, avec une pochette qui, ne nous mentons pas, n'est pas à frémir de plaisir. Alors oui, le design d'un album est toujours secondaire par rapport à son contenu, mais à l'époque du tout informatisé, l'achat d'un CD est toujours plus plaisant quand l'objet est beau. Fermons cette parenthèse et entrons de plein pieds dans Wooden Aquarium.
Donc, soyons clair de suite : j'accroche pas.
Non, c'est sûr, ça doit être moi. Je réécoute les pistes, je me les repasse : rien n'y fait. Nous sommes pour moi, en plein dans la Théorie de la Comédie Dramatique . En effet, souvent les acteurs comiques ont cette impression d'être jugés en tant que sous-comédien. Que seul le drame, la "Comédie Dramatique" pour être précis, serait noble, et que faire rire finalement, c'est assez donné à n'importe quel gugusse avec un brin de répartie. Ce qui est faux, naturellement, mais là n'est pas le débat. En musique cette envie du Tchao Pantin s'applique à un genre précis de groupes, un peu cool, frais, pas prise de tête, épris de punk simpliste qui souvent sortent un album énergisant puis se ruinent en voulant être "sérieux" au suivant. Le sérieux c'est comme la maturité dans un couple, ça ne veut rien dire de bien précis, mais dès que ça devient un but, ça en brise plus d'un. Citons au hasard les Strokes, qui, partant d'un rock dépouillé et plutôt rigolo se sont dirigés vers des arrangements pénibles, des gros sons, des riffs interminables, des démonstrations de force.
Pour évoquer le problème de manière moins perchée –j'en vois déjà qui décrochent : nous trouvons sur cet album des ambiances floues, plus monocordes, à la limite du shoegaze. Le son est plus lourd, planant, plus précis, pointu, d'accord, mais on perd en mélodie. En mélodie, bordel ! C'est là, la clé. Où sont les refrains accrocheurs de "J+J Or Summer Hits" , l'énergie punk de "Most Days" ? L'humour de "Eva" ?
On se retrouve avec un disque d'une cohérence certes supérieure à celle du premier effort, mais beaucoup moins accrocheur, moins fun, moins adolescent, en fait. Comme si les Ramones avaient remis leur blousons de cuir au placard et porté de jolis costards à cravates bicolores et se seraient mis à faire des reprises de Led Zeppelin. Non, ça ne marche définitivement pas, ça serait aussi incongru que U2 faisant référence au même Joey Ramone dans une conférence pour le plus gros capitaliste mondial. Euh...
Attention, il ne s'agit pas de dire qu'un groupe qui se remet en question ou qui fini par être un tant soit peu connu c'est forcément de la merde, comme le clamerait n'importe quel hipster écervelé de base entre deux coupes de moustaches. En vérité, l'album n'est pas mauvais, on sent le travail et la recherche dedans. Mais c'est juste que j'en ai marre des groupes qui se prennent le chou dès qu'ils arrivent à passer l'étape certes difficile des premiers LP's, et nous pondent des chansons interminables comme "RIPP" , des intros toutes similaires, mêmes sons de grattes, même avancée mélodique pour un même début de chant posé, au même phrasé régulier. Pas de gueulantes, pas de sautillement, pas de joie un peu gogol. On écoute du rock, les gars, c'est sérieux. Asseyez-vous sur le vieux canapé en cuir de papa, cachez vos premiers cheveux blancs sous une casquette hors de propos, et pleurons autour d'une bière tiède nos souvenirs obsolètes des années 90.
La mélancolie des années 90, je peux plus la blairer. Alors oui, moi aussi j'ai aimé glissé ma première main baladeuse lors d'une soirée jeux vidéos autour de Secret Of Mana ou Goldeneye, j'ai aimé voir Dinosaur Jr. Sur MTV et ça m'a fait kiffé comme une pucelle à son premier préliminaire de voir Kurt Cobain porter un T-Shirt de Daniel Johnston. Mais on peut passer à autre chose, là ? Mazes a toujours eu cette ambiance propre aux nineties sans que ça devienne du revival, ce qu'à mon sens, nous retrouvons ici. On dirait simplement un disque hommage à la musique, bonne il est vrai, de cette époque. Mais comme tout disque hommage, ça fait la blague, on replonge quelques instants dans ses vieilles jean's et van's et on sort trois secondes dehors sur sa planche de skate usagée à l'extrême avant de se péter la tronche, et de se souvenir qu'on a un peu trop oublié les automatismes de ses 17 ans.
Non, vous êtes gentils les gars, mais je m'attendais pas à ce que vous vieillissez aussi vite. C'est pas mal, hein, je vous jure, mais je vais rester derrière la ligne de la jeunesse et je vais vous regarder avancer doucement en déambulateur vers Iron Maiden, Led Zep' et les Who, ça marche ?
Oh, vous inquiétez pas, je remuerais quand même la tête quand ça passera à la radio du Franprix de quartier. Mais pour me donner la pêche et me souvenir ce qu'est de la bonne pop des années 2010, je me repasserai plutôt un A Thousand Heys. M'en voulez pas.
Pour une fois je ferais court et simple. Simple comme la pop légèrement acre que Mazes nous offrait lors de son premier album, A Thousand Heys en 2011, et à laquelle j'étais assez client. Découvert dans une librairie bon marché du centre parisien, j'avais acheté le CD au hasard, parce que... Bah parce que j'aime bien faire ça simplement. En rentrant, j'avais été agréablement surpris par l'EP des 4 larrons de Manchester. Une énergie punk diluée dans un son frôlant parfois le lo-fi, le tout rythmé de rengaines parfois aussi efficaces que certains morceaux des Sebadoh, en un brin plus clean. Pas de grosses recherches musicales, ou de riffs complexes, de chants diffus ou d'instruments superficiels, les Mazes avaient porté avec ce disque un réel espoir de groupe à suivre durant les prochaines années. Avec les années on vieillit alors, et j'avais eu bien d'autres occupations d'adulte relou qui m'empêchèrent injustement de me pencher sur Ores & Minerals, le successeur.
Mais voilà, nous sommes en 2014, et le groupe sort la fameuse troisième galette de la maturité, avec une pochette qui, ne nous mentons pas, n'est pas à frémir de plaisir. Alors oui, le design d'un album est toujours secondaire par rapport à son contenu, mais à l'époque du tout informatisé, l'achat d'un CD est toujours plus plaisant quand l'objet est beau. Fermons cette parenthèse et entrons de plein pieds dans Wooden Aquarium.
Donc, soyons clair de suite : j'accroche pas.
Non, c'est sûr, ça doit être moi. Je réécoute les pistes, je me les repasse : rien n'y fait. Nous sommes pour moi, en plein dans la Théorie de la Comédie Dramatique . En effet, souvent les acteurs comiques ont cette impression d'être jugés en tant que sous-comédien. Que seul le drame, la "Comédie Dramatique" pour être précis, serait noble, et que faire rire finalement, c'est assez donné à n'importe quel gugusse avec un brin de répartie. Ce qui est faux, naturellement, mais là n'est pas le débat. En musique cette envie du Tchao Pantin s'applique à un genre précis de groupes, un peu cool, frais, pas prise de tête, épris de punk simpliste qui souvent sortent un album énergisant puis se ruinent en voulant être "sérieux" au suivant. Le sérieux c'est comme la maturité dans un couple, ça ne veut rien dire de bien précis, mais dès que ça devient un but, ça en brise plus d'un. Citons au hasard les Strokes, qui, partant d'un rock dépouillé et plutôt rigolo se sont dirigés vers des arrangements pénibles, des gros sons, des riffs interminables, des démonstrations de force.
Pour évoquer le problème de manière moins perchée –j'en vois déjà qui décrochent : nous trouvons sur cet album des ambiances floues, plus monocordes, à la limite du shoegaze. Le son est plus lourd, planant, plus précis, pointu, d'accord, mais on perd en mélodie. En mélodie, bordel ! C'est là, la clé. Où sont les refrains accrocheurs de "J+J Or Summer Hits" , l'énergie punk de "Most Days" ? L'humour de "Eva" ?
On se retrouve avec un disque d'une cohérence certes supérieure à celle du premier effort, mais beaucoup moins accrocheur, moins fun, moins adolescent, en fait. Comme si les Ramones avaient remis leur blousons de cuir au placard et porté de jolis costards à cravates bicolores et se seraient mis à faire des reprises de Led Zeppelin. Non, ça ne marche définitivement pas, ça serait aussi incongru que U2 faisant référence au même Joey Ramone dans une conférence pour le plus gros capitaliste mondial. Euh...
Attention, il ne s'agit pas de dire qu'un groupe qui se remet en question ou qui fini par être un tant soit peu connu c'est forcément de la merde, comme le clamerait n'importe quel hipster écervelé de base entre deux coupes de moustaches. En vérité, l'album n'est pas mauvais, on sent le travail et la recherche dedans. Mais c'est juste que j'en ai marre des groupes qui se prennent le chou dès qu'ils arrivent à passer l'étape certes difficile des premiers LP's, et nous pondent des chansons interminables comme "RIPP" , des intros toutes similaires, mêmes sons de grattes, même avancée mélodique pour un même début de chant posé, au même phrasé régulier. Pas de gueulantes, pas de sautillement, pas de joie un peu gogol. On écoute du rock, les gars, c'est sérieux. Asseyez-vous sur le vieux canapé en cuir de papa, cachez vos premiers cheveux blancs sous une casquette hors de propos, et pleurons autour d'une bière tiède nos souvenirs obsolètes des années 90.
La mélancolie des années 90, je peux plus la blairer. Alors oui, moi aussi j'ai aimé glissé ma première main baladeuse lors d'une soirée jeux vidéos autour de Secret Of Mana ou Goldeneye, j'ai aimé voir Dinosaur Jr. Sur MTV et ça m'a fait kiffé comme une pucelle à son premier préliminaire de voir Kurt Cobain porter un T-Shirt de Daniel Johnston. Mais on peut passer à autre chose, là ? Mazes a toujours eu cette ambiance propre aux nineties sans que ça devienne du revival, ce qu'à mon sens, nous retrouvons ici. On dirait simplement un disque hommage à la musique, bonne il est vrai, de cette époque. Mais comme tout disque hommage, ça fait la blague, on replonge quelques instants dans ses vieilles jean's et van's et on sort trois secondes dehors sur sa planche de skate usagée à l'extrême avant de se péter la tronche, et de se souvenir qu'on a un peu trop oublié les automatismes de ses 17 ans.
Non, vous êtes gentils les gars, mais je m'attendais pas à ce que vous vieillissez aussi vite. C'est pas mal, hein, je vous jure, mais je vais rester derrière la ligne de la jeunesse et je vais vous regarder avancer doucement en déambulateur vers Iron Maiden, Led Zep' et les Who, ça marche ?
Oh, vous inquiétez pas, je remuerais quand même la tête quand ça passera à la radio du Franprix de quartier. Mais pour me donner la pêche et me souvenir ce qu'est de la bonne pop des années 2010, je me repasserai plutôt un A Thousand Heys. M'en voulez pas.
Moyen 10/20 | par S. |
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