Willis Earl Beal

Acousmatic Sorcery

Acousmatic Sorcery

 Label :     XL 
 Sortie :    mardi 03 avril 2012 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

My name is Willis Earl Beal.
Write me & I will make you a drawing.
Call me & I will sing you a song.

Voilà comment se présente le bonhomme sur son site internet. Modeste, humble même, qui prend le succès qui lui tombe dessus comme il vient, un outsider musician comme on dit.
On pourrrait faire une longue diatrybe sur le passif de Willis Earl Beal, écrire quelques lignes de plus sur la légende, de l'ancien SDF au nouveau fer de lance d'XL Recording & les galères qu ivont avec. Mais on va s'intéresser à l'album, plutôt qu'au mec.
Si le terme lo-fi est employé souvent pour désigner un album enregistré dans un garage, dans une cave, Acousmatic Sorcery serait l'album lofi ultime. Voix lourde, puissante & fragile à la fois, cassée ou gorgée de rondeurs, sa voix est vraiment là, prête à nous envahir sans plus nous lâcher jusqu'à la fin disque.
Subtiles rythmiques fracassée, guitare qu'on devine usée jusqu'à la moêlle, sonnant juste une fois sur deux, mais là n'est l'important. Le tout, l'ambiance générale qui se développe le long de l'album est proprement envoûtante.
Evoquant tour à tour la rage d'un Saul Williams ("Ghost Robot") le blues rocailleux d'un Tom Waits ("Angel Chorus", "Take Me Away"), la finesse & l'amplitude d'un Jeff Buckley (sans en faire les mêmes caisses fort heureusement), la monochromie über lo-fi des instruments & l'intelligence minimale des arrangements jurent avec bonheur avec sa voix, qu'il module à volonté.
Bande son d'une promenade à travers le bayou, à travers le Baltimore de The Wire, d'un nomade égaré mais foutrement sur de son talent, se permettant toutes les idées qui lui passent par la tête, comme si c'était presque improvisé... Toujours pour le meilleur.

ça donne envie de lui écrire une missive, histoire qu'il nous fasse un dessin, voire même lui passer un coup de fil, l'entendre nous chantonner une de ses complaintes à travers le haut-parleur...
Juste pour soi.


Très bon   16/20
par X_Lok


 Moyenne 16.50/20 

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Posté le 06 avril 2012 à 13 h 29

Il rêve d'être le Tom Waits noir. Willis Earl Beal, grâce au léger buzz dont il est l'objet, a aujourd'hui la possibilité de le devenir. Signé sur Hot Charity après avoir été remarqué à l'émission X-Factors, Beal couche sur bande audio le résultat de ses années d'errance passées à se nourrir de la rue, de ses influences et de ses expériences. À vos percus les gars, ça s'appelle Acousmatic Sorcery et ça sort tout droit de la cave de grand-mère !

Et chez Beal, c'est suffisamment rare pour être remarqué, le lo-fi se fait réellement authentique. Chez l'ancien SDF qui squatte la maison de sa grandma' (non non, c'était pas une blague), le magnéto four-tracks ne sent pas le réchauffé. Ce n'est pas un effet de design utilisé par un indie-poseur façon "tâte mon son crade, tu la sens mon authenticité ?", mais plutôt le meilleur moyen de rendre compte des histoires solitaires d'un homme qui n'a que sa sincérité à donner (on le sent au bord de la rupture dans la ballade explosée "Away My Silent Lover", la voix chargée de sanglots refoulés). Fort heureusement pour le monde, Willis Earl Beal a plus à dire avec sa seule sincérité que bien d'autres !

Comme Tom Waits, Beal ne veut pas être l'homme d'un seul son. À l'instar du vieux songwriter, il exprime cette diversité au travers d'un registre vocal ahurissant, doté lui aussi d'un organe à mille facettes. Sa musique est à l'image de sa vie passé et présente ; composite et métissée d'influences diverses, allant de la poignante ballade lo-fi "Evening Kiss" (qui ferait à coup sûr frissonner les grands gaillards de Guided By Voices) au blues concassé gueulard ("Take Me Away"). Entre ces pôles flottent les perles ; "Ghost Robot" qui renvoie au proto-rap des Last Poets, le crooning soul de "Sambo Joe From The Rainbow", la bizarrerie envoûtante de "Cosmic Queries", et enfin la délicieusement terrifiante "Angel Chorus", qui achève de voix de maître le disque de Beal. La seule constante dans ce melting-pot stylistique est la monotonie des cordes, de sa guitare et de sa mini-harpe, qui sonnent comme si elles étaient à moitié détruites (ce qui est probablement le cas).

Willis Earl Beal, avec ce seul album (premier, on l'espère d'une longue série), redonne tout son sens à la notion de lo-fi, utilisant intelligemment ce filtre pourtant casse-gueule pour mettre en valeur la variété de son spectre son spectre vocal et accroître la sincérité de sa démarche. On ne peut dès lors que lui souhaiter une carrière aussi prolifique que son père spirituel !
Parfait   17/20







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