The Antlers

Hospice

Hospice

 Label :     Frenchkiss 
 Sortie :    mardi 18 août 2009 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Peter Silberman est triste et il veut nous le dire. Moins forestier que Bon Iver, lui aussi a connu sa période d'ostracisme social volontaire. Sans doute une histoire de fille. Sans doute, car Peter n'est pas très bavard sur l'origine d'Hospice. C'est son droit le plus strict, mais il va raconter ce qui le tourmente. Il monte son groupe The Antlers, et pour éviter de trop en dire, il va métaphoriser son traumatisme. A travers l'histoire d'une relation entre un employé de cet hospice donc, et une patiente en phase terminale. Ok, ce n'est pas très gai, et on croirait du pathos de mauvais cinéma français. Cependant, musicalement, que nous offrent les New-Yorkais ?

Musicalement, c'est très réussi. Si les oreilles sensibles font abstraction du falsetto du chanteur, elles seront charmées par ces mélodies chargées de sensibilité et d'amertume. Alternant plages plus calmes ("Kettering"), élans noisy et passages faussement légers ("Bear"), Hospice nous délivre une musique difficilement classable, tant elle emprunte leurs meilleurs éléments à plusieurs genres pour en faire des pièces réellement convaincantes et sincères.

So there's no open doors and there's no way to get through
There's no other witnesses, just us two

On s'en doute, au vu de son passé, les mots sont tout autant essentiels dans la démarche créative de Silberman. Difficilement audibles voire incompréhensibles, à la fois murmurées et avalées plus que chantées, les paroles de Hospice sont d'une profondeur qui ont parfois du mal à transparaître, eu égard à la musique sur lesquelles elles sont posées. Sur "Two", entre la mélodie basculant de la folk à la dream pop, légère et insouciante et les paroles résolument fatalistes, le contraste est saisissant.

Le thème de la mort est certes omniprésent, mais toujours traité avec justesse (la métaphore de "Bear" et de ses paroles ; certains y voient une histoire d'avortement (sic), un optimisme naïf semble être plus présent). Même quand ils tombent dans des mécanismes vus et revus, avec par exemple "Epilogue" qui clôt l'album et qui n'est qu'une reprise acoustique du thème de "Bear", The Antlers parviennent à boucler la boucle sans fioritures. C'est simple et touchant à la fois. Hospice n'est pas un concept album à proprement parler. Néanmoins, connaître ces quelques indices sur l'histoire du chanteur donne un relief supplémentaire aux morceaux et permet peut-être de briser l'armure des plus réfractaires à ce genre de contextualisation dramatico-promotionnelle.

The Antlers obtinrent un succès critique mérité avec ce deuxième album (le premier sur un label), réussi de bout en bout. Discrètement et en-dehors de toute hype, The Antlers, en 2009, devinrent l'une des plus jolies histoires de la musique indépendante.


Parfait   17/20
par GrotesqueAnimal


  En écoute : https://theantlers.bandcamp.com/album/hospice


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