Noir Désir

Où Veux-Tu Qu'Je R'Garde

Où Veux-Tu Qu'Je R'Garde

 Label :     Barclay 
 Sortie :    février 1987 
 Format :  Mini Album / CD  K7 Audio   

La scène se passe en 1987, au fin fond de la Corrèze entre deux potes, qui ont tendance à écouter la même musique.
-Tiens il est bizarre ce grand poster !
-Noir Désir, ce sera le plus grand groupe de rock français dans quelques années !
-C'est quoi ce groupe ? Ils sont de quel endroit ?
-Je viens de les voir à Bordeaux et je peux te dire qu'ils sont vraiment bons ! (cette discussion était déjà citée pour Tostaky)
Je devais avoir une moue sceptique et incrédule devant ce poster, représentant la pochette du premier mini lp de ce groupe obscur de Bordeaux, moi qui ne jurait, à l'époque, que par la new wave et le punk anglo saxon.
Mais j'avais toujours eu confiance en mon ami, lui qui m'avait fait découvrir The Sound, dont je me suis échiné à retracer la discographie sur ce site. Il m'avait donc prêté sa cassette pour que je puisse écouter tranquillement. Le choc fut certain, avec ce déballage de malaise, de noirceur, de rage contenue mais aussi libérée de temps à autres. Ce type de son rêche m'était pratiquement inconnu, tribal parfois, dominé par une voix à la limite du hululement, des sons de guitares épidermiques, une basse enveloppante. L'utilisation du français ne me gênait absolument pas, les textes puisant dans une poésie originale. Je remarquais tout de même la prédominance de l'élément féminin dans ces textes. Ce mini lp contient donc six titres, dont certains étaient régulièrement joués en public comme "La Rage" ou "Pyromane", avec des versions souvent plus incandescentes sur scène. "Où Veux-Tu Qu'Je R'garde" ouvre donc cet opus, mettant d'entrée la marque de fabrique du combo prometteur : guitares plaintives et tourbillonnantes, le duo batterie basse soudé, la voix de Bertrand Cantat tout en volutes de désespoir, le tout agrémenté d'un son d'harmonica lancinant. Le ton est donné de manière claire. "Toujours Etre Ailleurs" accélère le tempo, Bertrant poussant les limites de ses vocalises. "La Rage" poursuit sur le même rythme, mêlant la guitare nerveuse à l'harmonica dans une danse endiablée. "Pyromane" est sans doute beaucoup mieux construite, avec une intro calme avant un décollage en règle et des breaks dévastateurs. "Danse Sur Le Feu Maria" est particulier du fait de ses cavalcades, mais aussi par la variabilité du jeu des musiciens. L'album se clôt sur une chanson dans laquelle l'anglais est prédominant... l'utilisation de cette langue par Bertrand me laissera toujours dubitatif... L'écoute et la critique de cet album en 2010 sont forcement aisées, sachant tout ce qui se passera ensuite (musicalement s'entend). Ce premier disque était une promesse que les Noir Désir ont tenu largement, puisant sans doute chez Gun Club une inspiration musicale certaine, mais imposant déjà un style d'écriture particulier. Mon ami avait donc raison, et je suis d'accord avec lui, quitte à me faire des ennemis chez les fans de Telephone et autres... J'assume mon avis.


Très bon   16/20
par Foreth


 Moyenne 16.00/20 

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Posté le 24 février 2013 à 10 h 56

C'est assez drôle de regarder la photo des quatre membres du groupe à l'intérieur : Serge Teyssot-Gay avec des cheveux longs et fringué aussi sombre qu'un corbeau, la mine triste d'un Eric Draven juvénile. Bertrand Cantat avec une coupe à la Morten Harket et attireur de midinettes malgré lui. Denis Barthe et son t-shirt marin, puis Fred Vidalenc qui a probablement lancé la tendance du pull camionneur chez des émules pour plus tard.

La musique, elle, est toujours imprégnante, comme des aiguilles de glace dans les pores de la peau. Le disque débute comme des plaintes entendues dans une brume hantée. La guitare traîne un blues, une mélancolie métallique. La rythmique est sourde et lourde. Le chant est épris d'une torture poétique. Puis l'ensemble s'énerve et "Où Veux-Tu Qu'Je R'Garde" s'évanouit pour laisser la place à "Toujours Être Ailleurs", bon simple à l'harmonica plaintif, sorti de cette petite galette frigorifiante. "Pyromane" et "Danse Sur Le Feu Maria" se suivent logiquement : la chrysalide se métamorphose en papillon imprécateur. Jusqu'au bout, dans le délire, on risque les engelures à l'âme.

Ce six coups est paru un mois de février. Ca tombe bien, nous sommes encore en février et l'hiver paraît encore long pour qu'on se passe le mini album au casque dans les sentiers gelés. Ô rage! Ô désespoir!
Très bon   16/20







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