Miss Kittin & The Hacker
Two |
Label :
Nobody's Bizzness |
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On a tendance à l'oublier, mais la France a bien été le centre d'une effervescence électronique entre la période de la French Touch et de celle de sa jeune petite sœur. Et celle-ci avait pour origine Grenoble, la ville d'origine de Miss Kittin et The Hacker. Avec leur electro aux forts relents de new-wave, aux références trash et glam, le duo s'est vu propulsé figure de proue du vrai faux-mouvement electroclash, aux côtés des Tiga, Felix Da Housecat, Ladytron et autres Fischerspooner, soit des artistes aussi éloignés musicalement que tous attachés à une certaine forme de décadence so 80's. Mais notre duo était bien plus qu'une hype et a su survivre à la tempête médiatique... en se séparant. Ils ont mené chacun de leur côté une belle carrière. Discrète pour The Hacker, avec principalement l'album Rêves mécaniques en forme de retour aux sources technos. Bien plus flamboyante pour Miss Kittin. Devenue une DJtte aux registres extrêmement variées (la dernière fois que je l'ai vu fin 2008, elle m'a ébloui avec un set très minimal), elle a sorti deux albums, dont le récent Batbox, très bon recueil d'electro qui revisite la new-wave. Le retour du duo se précisait néanmoins en 2007, avec la publication du maxi Dimanche, orientée vers une minimale très dark. En bref, bien malin celui qui pouvait prédire l'orientation du nouvel album du duo !
Et bien force est de constater que Miss Kittin & The Hacker ne se sont pas embarrassés de faire des choix. Two porte bien son nom : il s'agit réellement d'un album schizophrène, se nourrissant des influences techno et new-wave du duo, et de l'expérience qu'ils ont accumulé chacun de leur côté.
Tout commence par "The Womb", une hallucinante plongée claustrophobe rythmée par des boucles implacables. La voix d'habitude chatoyante de Caroline alias Miss Kittin se fait presque dérangeante sur un morceau qui va plutôt lorgner du côté de The Hacker. Alors qu'on pense tenir un album très dark, "1000 Dreams" débarque et nous ramène du côté de Miss Kittin, avec un tube de house new-wave. Encore un contre-pied : "PPPO" (pour People Pleasure Power Object) nous propose la techno la plus décharnée et cyber-punk, avec un chant complètement noyé par des machines malsaines. Et tout au long de l'album, on continuera à être bringuebalé entre les manifestes technos les plus radicaux ("Indulgence" au rythme sans concession) et des morceaux d'electro-pop assumant clairement leurs multiples influences. "Party In My Head" est un hit en puissance, au beat italo ravageur, sans oublier les miaulements de Miss Kittin. "Suspicious Mind" et "Emotional Interlude" sont de beaux hommages à la pop synthétique avec toujours cette touche techno pour rendre le tout plus dark et dansant à la fois.
Mais les meilleurs moments nous sont réservés pour la fin. "Electronic City" débute à la façon de "PPPO" avant de s'envoler vers des paysages plus pop et très aériens. Quel morceau passionnant ! Et pour finir, un véritable bijou, "Inutile éternité" au carrefour de toutes les influences du duo. Alors que Miss Kittin scande un texte intrigant en français, l'instrumental nous mène dans des sillons sombres et mystérieux, pour un tourbillon de beats acides et de rythmes technos fabuleux, avec quelques décrochages aériens. Ouf, on ne ressort pas indemne de l'écoute de morceau.
Quelle bonne surprise que ce Two! Il aura fallu l'attendre mais cela valait le coup ! Miss Kittin et The Hacker ont pris le temps d'élargir chacun de leur côté leur spectre musical, et ils les télescopent sur cet album, à la fois foisonnant et cohérent. Foisonnant, car deux styles sont clairement identifiables : ils se succèdent ou se mélangent toujours de façon très subtile. Et cohérent, car il y a malgré tout une ambiance sombre ainsi qu'une griffe du duo reconnaissable au premier instant, un traitement des rythmes, des beats et des héritages new-wave qui rendent le tout très dansant. S'il a de quoi donner le tournis, on ne pourra néanmoins jamais renier à Two son indéniable qualité et surtout son originalité. A l'heure où la minimale patauge, où tous les jeunes producteurs de French Touch utilisent tous les mêmes plug-in, nos deux français montrent l'exemple avec cet album hors des modes, reflet de leur identité musicale.
Et bien force est de constater que Miss Kittin & The Hacker ne se sont pas embarrassés de faire des choix. Two porte bien son nom : il s'agit réellement d'un album schizophrène, se nourrissant des influences techno et new-wave du duo, et de l'expérience qu'ils ont accumulé chacun de leur côté.
Tout commence par "The Womb", une hallucinante plongée claustrophobe rythmée par des boucles implacables. La voix d'habitude chatoyante de Caroline alias Miss Kittin se fait presque dérangeante sur un morceau qui va plutôt lorgner du côté de The Hacker. Alors qu'on pense tenir un album très dark, "1000 Dreams" débarque et nous ramène du côté de Miss Kittin, avec un tube de house new-wave. Encore un contre-pied : "PPPO" (pour People Pleasure Power Object) nous propose la techno la plus décharnée et cyber-punk, avec un chant complètement noyé par des machines malsaines. Et tout au long de l'album, on continuera à être bringuebalé entre les manifestes technos les plus radicaux ("Indulgence" au rythme sans concession) et des morceaux d'electro-pop assumant clairement leurs multiples influences. "Party In My Head" est un hit en puissance, au beat italo ravageur, sans oublier les miaulements de Miss Kittin. "Suspicious Mind" et "Emotional Interlude" sont de beaux hommages à la pop synthétique avec toujours cette touche techno pour rendre le tout plus dark et dansant à la fois.
Mais les meilleurs moments nous sont réservés pour la fin. "Electronic City" débute à la façon de "PPPO" avant de s'envoler vers des paysages plus pop et très aériens. Quel morceau passionnant ! Et pour finir, un véritable bijou, "Inutile éternité" au carrefour de toutes les influences du duo. Alors que Miss Kittin scande un texte intrigant en français, l'instrumental nous mène dans des sillons sombres et mystérieux, pour un tourbillon de beats acides et de rythmes technos fabuleux, avec quelques décrochages aériens. Ouf, on ne ressort pas indemne de l'écoute de morceau.
Quelle bonne surprise que ce Two! Il aura fallu l'attendre mais cela valait le coup ! Miss Kittin et The Hacker ont pris le temps d'élargir chacun de leur côté leur spectre musical, et ils les télescopent sur cet album, à la fois foisonnant et cohérent. Foisonnant, car deux styles sont clairement identifiables : ils se succèdent ou se mélangent toujours de façon très subtile. Et cohérent, car il y a malgré tout une ambiance sombre ainsi qu'une griffe du duo reconnaissable au premier instant, un traitement des rythmes, des beats et des héritages new-wave qui rendent le tout très dansant. S'il a de quoi donner le tournis, on ne pourra néanmoins jamais renier à Two son indéniable qualité et surtout son originalité. A l'heure où la minimale patauge, où tous les jeunes producteurs de French Touch utilisent tous les mêmes plug-in, nos deux français montrent l'exemple avec cet album hors des modes, reflet de leur identité musicale.
Excellent ! 18/20 | par Vamos |
Posté le 15 avril 2009 à 20 h 25 |
Romantisme désespéré et mélancolie nostalgique magnifiée... Miss Kittin & The Hacker sont de retour et créent l'événement sans éprouver le besoin de faire de bruit. Une simple, et pourtant si grande, évasion de l'esprit le temps d'une petite dizaine de chansons. Si on évoque souvent les années 80, peu d'artistes réussissent à en capturer l'atmosphère paradoxale faisant heurter l'humeur noire du coeur à une envie démesuré de s'évader à travers la fête ou un futur électronique fantasmagorique. Le deuxième essai des grenoblois s'appuient sur cette magie tout en rejetant les gimmicks trompeurs de l'electroclash du déjà culte First Album. Le développement musical du duo s'aventure vers des plages plus planantes et moins directes. D'une apparente opacité, Two se révèle au fil des écoutes d'une grande richesse sans éprouver le besoin d'effectuer une démonstration tapageuse. La techno se rappelle de l'EBM et de la New Wave quand la house taquine l'italo disco dans une novo pop. Une électronique robotique mais pourtant charnelle qui fait de Miss Kittin & The Hacker une entité passionnante et de ce Two un album aussi rare que passionnant.
Parfait 17/20
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