Christian Death
Death In Detroit |
Label :
Cleopatra |
||||
Death In Detroit (Death Mix) fut mon premier contact sonore avec le Death-Rock de Christian Death. En dépit des critiques exécrables que j'ai pu lire ici et là sur cette compilation taxée de vil mercantilisme, elle reste un de mes albums fétiches, peut-être parce que je l'apprécie pour la qualité des remixes, peut-être parce qu'elle me renvoie à la nostalgie du temps où je piquais en douce les cassettes de ma grande sœur (je sais, ma vie ne doit vous intéresser que très moyennement mais j'aime bien poser des bases historico-insipides.)
Cette compilation se compose de six titres, certains étant déclinés deux fois. D'ailleurs, cette répétition, loin de faire doublon, permet de mieux apprécier le travail des remixeurs qui s'attellent à la tâche. Sont donc présents "Death in Detroit" (Numb et Rosetta Stone), "Figurative Theatre" (Die Krupps), "Panic in Detroit" (Spahn Ranch et Zero Gravity), "Venus in Furs" (Leather Strip), "Skeleton Kiss" (Noise Box) et "Spiritual Cramp" (Joseph Bishara.)
En dépit de ce que pourraient en penser les puristes, et si je fais fi des esprits chagrins qui voient partout et toujours le démon du commerce, je suis en mesure d'affirmer que treize ans après, les morceaux ici présents n'ont rien perdu de leur impact. Et compte tenu de leur aspect électronique prononcé, ce n'est pas un mince exploit car nous le savons, ce type d'exercice se périme très vite, souvent trop vite.
Numb ouvre le bal avec une version puissante de "Death in Detroit." Orchestrée autour de nappes de synthé tantôt puissantes, tantôt lancinantes, de passages plus atmosphériques et de grésillements Indus, puis d'un final où la guitare reprend le thème développé tout au long du titre, tous ses ingrédients participent à très haute tenue de ce remix et augure de l'excellente qualité de cette compilation.
La version de Rosetta Stone se veut plus "tribale", comprendre plus rythmée grâce à un travail important sur les percussions. Le chant y est d'avantage en retrait, au profit d'un gimmick de guitare noisy du meilleur effet. Si le titre peut ainsi sembler moins original, ou plus respectueux de l'esprit Christian Death, il soutient néanmoins largement la comparaison avec la version de Numb.
C'est alors qu'arrive le premier chef d'œuvre de l'album : "Figurative Theatre" par Jurgen Engler et Chris Lietz du groupe Die Krupps. On reconnaît immédiatement la puissance de l'EBM des Allemands qui accompagne le chant habité de Rozz Williams. A l'inverse de ses prédécesseurs, Die Krupps ne noie pas la voix sous des tonnes d'effet : Pure, elle se suffit à elle-même tant la mélodie est envoûtante, sombre, à la frontière de la folie. Du coup, ce titre devient une sorte d'hymne Metal-Indus très efficace que l'on imagine sans problème pouvoir enflammer le dance floor des boîtes goths : Sans conteste l'un des meilleurs titres du C.D.
Les pauvres Spahn Ranch semblent du coup beaucoup moins inspirés pour vivifier "Panic in Detroit." Le titre paraît bancal, hésitant constamment entre une totale transfiguration Electro du morceau et la peur d'ébrécher le mythe Christian Death. Pire, les sons datent un peu et ne résistent pas aussi bien à une écoute contemporaine que ceux de Numb ou de Die Krupps. Je me demande même s'ils ne dataient pas déjà lorsque l'album est sorti. Donc, sans être du mauvais boulot, Spahn Ranch paie cher sa place sur la track list et bascule dans les oubliettes d'un parcours jusqu'ici sans fautes.
L'insignifiance de ce "Panic in Detroit" est d'autant plus évidente lorsque les premières mesures de "Venus in Furs" par Leather Strip envahissent votre espace sonore : Bon sang qu'il fait froid tout à coup ! Un rythme Electro martial dessine un paysage crépusculaire alors que le synthétiseur joue une mélopée mortuaire qui glace le sang. Dans un registre très différent de Die Krupps, nous tenons là une perle qui nous éblouit de ses couleurs cauchemardesques et nauséabondes. Cette chanson me mystifie à chaque écoute.
Leather Strip a placé la barre tellement haut qu'il arrive au "Skeleton Kiss" de Noise Box la même chose qu'à Spahn Ranch : La chanson glisse sur nos oreilles comme une goutte de pluie sur le plumage d'un corbeau. Impossible d'accorder une attention quelconque à cette version plutôt Rock mais qui ne décolle jamais réellement. Noise Box propose pourtant une approche très personnelle, aux arrangements corrects, mais elle souffre trop de la comparaison avec le choc que nous a infligé Leather Strip. Il est dur de remonter des limbes pour apprécier "Skeleton Kiss" à sa juste valeur.
La version électro-acoustique de "Panic in Detroit" par Zero Gravity manque hélas un peu de profondeur. Répétitive et ne se focalisant que sur des bribes de textes, les idées sont bonnes mais l'interprétation reste bien trop neutre et la chanson bien trop longue (plus de sept minutes.) Pour faire simple, on s'emmerde considérablement et l'on espère donc beaucoup du "Spiritual Cramp" de Joseph Bishara, qui clôture l'album.
Il s'agit là du titre le plus expérimental, le plus déstructuré et musicalement dense de l'hommage rendu à Christian Death. Pesant, sombre, il me fait penser à ce que proposera Trent Reznor avec The Downward Spiral, notamment dans le traitement des guitares. Plus difficile d'accès et moins immédiatement accrocheur que les hommages précédents, ce "Spiritual Cramp" n'en demeure pas moins un des meilleurs titres offerts ici.
Si la qualité des travaux proposés semble inégale, cela est surtout dû au fait que l'excellence côtoie le simplement bon et que l'aspect anecdotique des versions de Spahn Ranch ou Zero Gravity n'est recevable que mise en regard avec les transpositions géniales de Die Krupps, Leather Strip ou, à un moindre niveau, Dumb et J. Bishara. Car il ne faut pas s'y tromper : On a beau dire que Cleopatra a cherché à se faire de l'argent, cela ne se fait pas au détriment de la qualité artistique et ces remixes peuvent figurer plus qu'honorablement dans la discographie de Christian Death.
Cette compilation se compose de six titres, certains étant déclinés deux fois. D'ailleurs, cette répétition, loin de faire doublon, permet de mieux apprécier le travail des remixeurs qui s'attellent à la tâche. Sont donc présents "Death in Detroit" (Numb et Rosetta Stone), "Figurative Theatre" (Die Krupps), "Panic in Detroit" (Spahn Ranch et Zero Gravity), "Venus in Furs" (Leather Strip), "Skeleton Kiss" (Noise Box) et "Spiritual Cramp" (Joseph Bishara.)
En dépit de ce que pourraient en penser les puristes, et si je fais fi des esprits chagrins qui voient partout et toujours le démon du commerce, je suis en mesure d'affirmer que treize ans après, les morceaux ici présents n'ont rien perdu de leur impact. Et compte tenu de leur aspect électronique prononcé, ce n'est pas un mince exploit car nous le savons, ce type d'exercice se périme très vite, souvent trop vite.
Numb ouvre le bal avec une version puissante de "Death in Detroit." Orchestrée autour de nappes de synthé tantôt puissantes, tantôt lancinantes, de passages plus atmosphériques et de grésillements Indus, puis d'un final où la guitare reprend le thème développé tout au long du titre, tous ses ingrédients participent à très haute tenue de ce remix et augure de l'excellente qualité de cette compilation.
La version de Rosetta Stone se veut plus "tribale", comprendre plus rythmée grâce à un travail important sur les percussions. Le chant y est d'avantage en retrait, au profit d'un gimmick de guitare noisy du meilleur effet. Si le titre peut ainsi sembler moins original, ou plus respectueux de l'esprit Christian Death, il soutient néanmoins largement la comparaison avec la version de Numb.
C'est alors qu'arrive le premier chef d'œuvre de l'album : "Figurative Theatre" par Jurgen Engler et Chris Lietz du groupe Die Krupps. On reconnaît immédiatement la puissance de l'EBM des Allemands qui accompagne le chant habité de Rozz Williams. A l'inverse de ses prédécesseurs, Die Krupps ne noie pas la voix sous des tonnes d'effet : Pure, elle se suffit à elle-même tant la mélodie est envoûtante, sombre, à la frontière de la folie. Du coup, ce titre devient une sorte d'hymne Metal-Indus très efficace que l'on imagine sans problème pouvoir enflammer le dance floor des boîtes goths : Sans conteste l'un des meilleurs titres du C.D.
Les pauvres Spahn Ranch semblent du coup beaucoup moins inspirés pour vivifier "Panic in Detroit." Le titre paraît bancal, hésitant constamment entre une totale transfiguration Electro du morceau et la peur d'ébrécher le mythe Christian Death. Pire, les sons datent un peu et ne résistent pas aussi bien à une écoute contemporaine que ceux de Numb ou de Die Krupps. Je me demande même s'ils ne dataient pas déjà lorsque l'album est sorti. Donc, sans être du mauvais boulot, Spahn Ranch paie cher sa place sur la track list et bascule dans les oubliettes d'un parcours jusqu'ici sans fautes.
L'insignifiance de ce "Panic in Detroit" est d'autant plus évidente lorsque les premières mesures de "Venus in Furs" par Leather Strip envahissent votre espace sonore : Bon sang qu'il fait froid tout à coup ! Un rythme Electro martial dessine un paysage crépusculaire alors que le synthétiseur joue une mélopée mortuaire qui glace le sang. Dans un registre très différent de Die Krupps, nous tenons là une perle qui nous éblouit de ses couleurs cauchemardesques et nauséabondes. Cette chanson me mystifie à chaque écoute.
Leather Strip a placé la barre tellement haut qu'il arrive au "Skeleton Kiss" de Noise Box la même chose qu'à Spahn Ranch : La chanson glisse sur nos oreilles comme une goutte de pluie sur le plumage d'un corbeau. Impossible d'accorder une attention quelconque à cette version plutôt Rock mais qui ne décolle jamais réellement. Noise Box propose pourtant une approche très personnelle, aux arrangements corrects, mais elle souffre trop de la comparaison avec le choc que nous a infligé Leather Strip. Il est dur de remonter des limbes pour apprécier "Skeleton Kiss" à sa juste valeur.
La version électro-acoustique de "Panic in Detroit" par Zero Gravity manque hélas un peu de profondeur. Répétitive et ne se focalisant que sur des bribes de textes, les idées sont bonnes mais l'interprétation reste bien trop neutre et la chanson bien trop longue (plus de sept minutes.) Pour faire simple, on s'emmerde considérablement et l'on espère donc beaucoup du "Spiritual Cramp" de Joseph Bishara, qui clôture l'album.
Il s'agit là du titre le plus expérimental, le plus déstructuré et musicalement dense de l'hommage rendu à Christian Death. Pesant, sombre, il me fait penser à ce que proposera Trent Reznor avec The Downward Spiral, notamment dans le traitement des guitares. Plus difficile d'accès et moins immédiatement accrocheur que les hommages précédents, ce "Spiritual Cramp" n'en demeure pas moins un des meilleurs titres offerts ici.
Si la qualité des travaux proposés semble inégale, cela est surtout dû au fait que l'excellence côtoie le simplement bon et que l'aspect anecdotique des versions de Spahn Ranch ou Zero Gravity n'est recevable que mise en regard avec les transpositions géniales de Die Krupps, Leather Strip ou, à un moindre niveau, Dumb et J. Bishara. Car il ne faut pas s'y tromper : On a beau dire que Cleopatra a cherché à se faire de l'argent, cela ne se fait pas au détriment de la qualité artistique et ces remixes peuvent figurer plus qu'honorablement dans la discographie de Christian Death.
Bon 15/20 | par Arno Vice |
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