Soltero

You're No Dream

You're No Dream

 Label :     La Société Expéditaire 
 Sortie :    mardi 20 mai 2008 
 Format :  Album / CD   

You're No Dream est une échappée solitaire dans le petit monde déjà bien intime de Soltero. S'il a toujours été acquis qu'il s'agissait avant tout du projet de Tim Howard, jamais cela n'a été plus explicite qu'ici. Studio improvisé dans une baraque, instruments empruntés aux potos, main-d'œuvre revue à la baisse... Les conditions réunies pour accoucher d'une série de pistes embaumées dans le parfum ambigu du dénuement.
De la chanson folk classique, ce n'est plus un secret depuis 2001, Howard nous en pond sans péridurale. Les basiques mais maîtrisés "Ol Holiday", "Lemon Car" ou "Sinkhole", ou encore le beau petit "Necromancer", qu'on devine tricoté en deux-deux autour d'un simple arpège de guitare, sont sans aucun doute sortis du ventre fécond de l'hurluberlu en un minimum de contraction. Tout semble aisé chez le monsieur quand il s'agit d'écrire quelque chose de modestement efficace. Au point que l'ensemble du répertoire de Soltero a tendance à couler, vous filer entre les oreilles sans que vous vous en rendiez compte. On passe assurément un bon moment de détente, cependant on rougirait facilement si on nous demandait de nommer un temps fort ou une mélodie plus accrocheuse que les autres à la première écoute. Car voilà, le charme d'Howard, et plus particulièrement de ce discret Your're No Dream, ne réside pas dans la force des compositions. Là où le new-yorkais se démarque, c'est dans l'agencement de ses titres. C'est qu'il faut bien l'aménager un peu cette baraque vide ! Pour se faire, le bonhomme joue sur les sons, les petits traitements, les petits objets enregistrés. Et vu que les pièces de la baraque sont vides, il faut bien faire avec ce qu'on a (pas) : les échos, les reverbs, nous dressent des atmosphères fascinantes en un rien de temps. Plus besoin de chercher la raison d'être d'instrumentaux tel que le furtif "Fete Du Feu" et l'africain tremblotant de froid "Living In The Fish Islands", ou le simple souffle à la mode de "Lemon Car" pour faire authentique ; tout est dans l'ambiance. Des atmosphères qu'on ressent effectivement comme automnales, nuageuses, voire pluvieuses avec les petits sons de clavier en gouttes d'eau du premier "Honey Say It" (et son thème dans le genre bande pour publicité dans la nature...). Même la pochette du disque nous conforte dans cette idée de saison froide... ou en tout cas, de baraque sans chauffage, brrrrrr...
Les pièces "Out Of The Wall" ou "Along The Wire" nous paraissent alors à la fois magnifiques et troublantes, comme si un coup de vent plus frais nous rappelait que l'album n'est jamais à l'abri de la pluie. Entre petit merdeux du renouveau (anti-)folk de ces dernières années et véritable orfèvre d'ambiances sonores, Tim Howard semble repousser les limites du lo-fi de son petit Do It Yourself douillet jusque dans les contrées hypnotiques du psychédélisme intimiste. La baraque est si vide qu'on ne sait trop où asseoir notre ressentiment, et on reste là au milieu de ces demi-perles prenant l'humidité, le cul entre deux chaises. À moins qu'il n'y en ait qu'une et que le fond soit percé... Quoi qu'il en soit, on n'a pas l'air con !


Pas mal   13/20
par X_YoB


Proposez votre chronique !







Recherche avancée
En ligne
392 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
Selon vous, quel intérêt les side-projects offrent-ils au rock indé ?