Ween

God Ween Satan: The Oneness

God Ween Satan: The Oneness

 Label :     Twin/Tone 
 Sortie :    vendredi 16 novembre 1990 
 Format :  Album / CD   

Les faux frères Ween ont vingt ans, God Ween Satan est leur premier album, et pourtant le duo n'en est pas à son coup d'essai. En effet, depuis déjà six ans, ils affûtent leurs armes en enregistrant des morceaux au kilomètre, entre les cours de lycée et d'université. De 1986 à 1989, Dean et Gene Ween sortent ainsi quelques dizaines de ces expérimentations en indépendant, sous la forme de cinq cassettes, complétées par une première production solo de Gene en 1987.

Avec God Ween Satan, la folle paire marque d'emblée les grandes lignes du territoire musical du groupe: éclectisme, humour potache, bonne humeur et énergie virant souvent au grain de folie. Certes l'ensemble n'est pas toujours abouti, mais, si la forme est parfois hésitante ou lourde, le fond est là, indiscutablement. Il faut dire que sur les vingt six titres qui composent l'album, il y a forcément matière à faire du déchet. La plupart de ces titres ne dépassent pas les deux minutes, ce qui les rend parfois plus semblables à des ébauches qu'à des produits finis. D'ailleurs, de temps en temps, on pense même au Commercial Album des Residents, avec cette propension à réduire le morceau au strict minimum, en élaguant les fioritures, tout en conservant l'efficacité pop.
Enregistré à deux sur un quatre pistes avec l'apport d'un batteur, God Ween Satan fait l'effet d'un kaléidoscope des influences musicales du groupe. C'est une constante chez Ween: ils possèdent cette capacité rare de s'approprier l'ensemble des idiomes d'un genre musical, pour les utiliser sous une forme qui leur est propre, accompagnée d'un second degré permanent qui atteste de la distance prise avec les poncifs du genre.
En soixante-dix minutes le duo nous balade avec une assurance désarmante entre rock cradingue façon heavy metal ("Wayne's Pet Youngin'", "Common Bitch", "Cold & Wet", "Tick"), pop-rock aux relents jazzy ("Never Squeal", "I Gots a Weasel", vraisemblable référence au standard "I Got Rhythm" où Gene prend la voix de Louis Armstrong), simili country ("Old Man Thunder", préfigurant 12 Golden Country Greats), ballade acoustique sur les pas des dinosaures du rock progressif ("Squelch The Weasel", qui évoque même parfois Simon & Garfunkel), rock aux touches flamenco ("El Camino", annonçant les références espagnoles de Ween, qu'on retrouvera sur Chocolate and Cheese ou La Cucaracha), longues jams funky ("L.M.L.Y.P.", futur classique live du groupe, qui intègre des extraits de "Shockadelica" et "Alphabet St." de Prince, et qui annonce déjà l'excellent "Voodoo Lady"; "Nicole", improbable mélange de guitares funky sur effets dub), hybride de gospel et de rock 50's ("Up On The Hill"), et surtout rock indé fait maison ("Nan", "Don't Laugh (I Love You)", "Marble Tulip Juicy Tree", trois titres où le groupe expérimente avec succès le format chanson sur quatre minutes). Au beau milieu, des titres plus dispensables et plus expérimentaux, comme "Blackjack", "I'm In The Mood To Move", "Puffy Cloud (Puffy Claude)" ou "Bumblebee" (qui propose un rock bluesy à la Captain Beefheart).

Pour suivre et apprécier cet album, le néophyte est prévenu: il faudra s'accrocher, car l'expérience s'apparente plutôt aux montagnes russes! Pourtant, si la diversité d'ambiances, d'influences et de formats peut déconcerter au premier abord, le ton et l'humour des paroles assurent une unité à l'ensemble. Quelques pépites à ce sujet: "L.M.L.Y.P.", "Tick", "Up On The Hill", "You Fucked Up", "Common Bitch".

Pour information, God Ween Satan a été réédité en 2001 par Restless en version remasterisée, avec trois titres bonus (25th Anniversary Edition!).

A écouter en priorité: "L.M.L.Y.P.", "Nan", "Wayne's Pet Youngin'", "Squelch The Weasel", "Marble Tulip Juicy Tree".


Sympa   14/20
par Ershibai


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