Pale Saints

Barging Into The Presence Of God

Barging Into The Presence Of God

 Label :     4AD 
 Sortie :    lundi 18 septembre 1989 
 Format :  Single / CD  Vinyle   

Que dire des Pale Saints ? Ce groupe de Leeds revêt pour beaucoup un statut particulier. Les grands enfants que nous sommes ont eu la chance d'accompagner Ian Master vers l'âge quasi adulte, chambardant tous ses rêves d'adolescent et faisant table rase de toutes ses utopies venues se "crasher" à la triste réalité... Jusqu'au silence artistique.
Les Pale Saints se réduisent surtout à la tête pensante d'Ian Master, ce frêle jeune homme à la voix de fausset, pour qui la musique reste avant tout le seul moyen d'exprimer son chamboulement intérieur. L'idée d'intimité, voire de pudeur, est indissociable des compositions de Master. La voix, bien que souvent haut perchée, est soit mixée en retrait (ou chuchotée), soit le plus souvent noyée par des déluges d'effets, posant par là même l'axiome des groupe shoegaze. Le couple guitares/voix renvoie à cette notion de violence rentrée, retournée contre soi. Les paysages sonores de cet EP, assez audacieux (produit par Gil Norton et John Fryer, sorti avant le fantastique "The Comforts Of Madness"), sont autant de mini cavernes, de cathédrales enfouies sous terre sans nécessairement renvoyer l'idée d'obscurité. Pour preuve, les colorations de guitares de "Barging Into The Presence Of God" sont riches et font varier la gamme chromatique des indigos aux orangés.
Cet opus envoie pour face A "Sight Of You". Puisant puissamment dans la gamme des bleus, ce titre est à lui seul une pépite brute extraite du cerveau de Master d'où s'élève la voix fluette, perchée à l'abri des attaques sonores des six cordes. Effets concassés de guitares, cascades mi-lentes d'eaux froides portant des débris de glace tranchants comme des lames de rasoir, ces riffs blessent l'oreille autant qu'ils la caressent de florissants harmoniques.
"She Rides The Waves" dévoile les Pale Saints sur le mode Bloody Valentine : ce titre punchy semble s'être échappé des sessions d'enregistrement d'"Ecstasy And Wine". Les guitares employées ici déploient toute la sécheresse électrique des titres du disque des Irlandais. La batterie s'emballe limite équilibre instable à tel point qu'on se demande si elle ne va pas tout simplement se casser la gueule (ces contretemps !). Les vifs et légers rouleaux de guitare prennent alors le dessus pour finalement littéralement se ronger de l'intérieur et finir le travail.
Complainte désœuvrée, le dernier titre "Mother Might" est une descente dans la torpeur de la nuit. Ian Master, en marchand de sable, y murmure ses textes avec tristesse, rancœur et regrets. A peine si l'on entend la guitare électroacoustique tout en riffs trémolos, puis d'autres larsens et effets de vibrato d'étrangler le morceau, nous laissant seuls affronter l'obscurité. Sale réveil en perspective.


Très bon   16/20
par Cocteaukid


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