The Triffids

Calenture

Calenture

 Label :     Domino 
 Sortie :    1987 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Calenture est le disque maudit par excellence. Sorti en 1987, il aura fallu attendre vingt ans pour qu'il soit réédité. Pendant cette période, peu de gens ont pu écouter cet étrange album de pop baroque, qui fut quasiment rayé de la carte par la vague grunge des 90's...
Le groupe est australien. Il vient d'une ville isolée sur la côte ouest, Perth. Après un album lo-fi et prometteur, le groupe s'envole pour l'Angleterre où il enregistre ce disque bien entouré, notamment par Gil Norton (producteur de Echo & The Bunnymen, ou un certain groupe nommé Joy Division...). Mais le minimalisme oppressant du groupe de Ian Curtis ne peut qu'être suggéré par le duo basse-batterie. La basse est plate et mécanique, la batterie claque et n'en rajoute pas. Face à ça, on entend quelque chose d'infiniment différent : surchargé, baroque, intense : une pléthore d'instruments s'organisent autour de compositions pop d'un romantisme échevelé. C'est du grand lyrisme, très orgueilleux par moments, qui peut agacer ou prendre aux tripes. Dès l'ouverture, "Bury Me Deep In Love" installe un paradoxe entre fragilité et démesure qui se poursuivra pendant tout le disque. Proches du ridicule, un détail qui tue vient toujours faire éviter au groupe de s'étaler dedans. Chaque chanson, avec les faiblesses de ses qualités, sonne comme un tube intemporel.
Pourquoi donc ce disque très orchestré, aux mélodies parfaites, n'a il pas laissé de trace dans l'histoire du rock ? Chaque chanson sonne comme un manifeste de la musique pop. Dans cette catégorie, le groupe atteint des sommets dont peu de groupes peuvent se vanter de les avoir atteints.
A écouter avec attention : "Blinder By the Hour" est renversante. Cornemuse, cloches, cordes et cuivres, ça part dans tous les sens, mais ça garde une belle unité.
Un disque qui a assez bien vieilli, injustement méconnu, et qui mérite qu'on l'écoute. David McComb, leader excentrique aux poses de dandy, est mort d'une overdose en 1999. Ca n'a pas ébranlé l'histoire. Ne serait-ce que pour ça, il me semblerait chouette de se repencher sur cet oeuvre où il semble avoir mis toute son énergie... On sent une volonté de conquérir les charts européens... C'est le petit bémol.
Mais ça devient touchant, quand on connaît le résultat.
Le groupe n'aura réussi à former qu'un fan club transi...


Très bon   16/20
par Sam lowry


 Moyenne 14.00/20 

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Posté le 04 octobre 2008 à 17 h 26

The Triffids (dont le nom vient du roman de science-fiction The Day of the Triffids, des créatures végétales maléfiques), est sans doute un nom inconnu pour beaucoup. Fondé en Australie en 1978 et séparé en 1989, il comptait pourtant en ses rangs le bassiste Martyn Casey, futur Nick Cave And The Bad Seeds (il a depuis fait beaucoup de progrès). Et les arrangements de cordes et les parties de violoncelle sur Calenture sont signés par Adam Peters (Echo & the Bunnymen, Lloyd Cole & The Commotions). Leur single "Wide Open Road" (1985) sera repris en 2007 par leurs compatriotes de The Church. Le groupe a en effet connu un certain succès au milieu des années 80.
On pourra d'un côté se réjouir de la sophistication de cette pop baroque, de ces arrangements complexes, de ces envolées de cordes évoquant parfois Echo & the Bunnymen à la grande époque. L'ambiance est souvent océanique (comme sur Ocean Rain), et "calenture" est d'ailleurs le nom d'une fièvre tropicale dont souffrent les marins au long cours, qui finissent par voir des prairies au lieu de la mer et se jettent par-dessus bord. Et le groupe a le sens des détails, l'ajout ci et là d'une guitare acoustique tout en finesse est par exemple délectable. On est très loin des groupes de post-punk de la même époque, préférant un son minimaliste, famélique et décharné pour la plupart. La voix de David McComb est unique, même si on pense à Jim Morrison, son chant riche en envolées lyriques.
"Bury Me Deep In Love" (titre qu'on pourra trouver romantique ou ridicule, et la musique aussi, d'ailleurs) donne le ton, grandiloquent, surchargé, baroque, avec de belles envolées de cordes. Il sera repris par... Kylie Minogue. L'intérêt, déjà quelque peu perplexe, de l'auditeur, s'émousse dès le deuxième morceau, "Kelly's Blues", lourdaud, mainstream, avec un solo de guitare hard FM. Au troisième morceau, "A Trick Of The Light" (McComb a décidément le goût des illusions d'optique), ça devient carrément insupportable : refrain putassier, chœurs de mauvais goût, synthé et boîte à rythmes. Le niveau remonte cependant, quelques morceaux plus tard, avec "Blinder By The Hour", presque digne d'Ocean Rain d'Echo & the Bunnymen, trop théâtral cependant, "Vagabond Holes", enfin intense, mais un peu gâché là encore par un refrain grossier, "Jerdacuttup Man", aux accents marins presque celtiques, ou "Calenture", sobre composition instrumentale au piano.
En effet, d'un autre côté, on pourra reprocher à cet album ses mélodies et refrains indigestes, sa rythmique pataude, sa guitare slide country dégoulinante, ses arrangements pompiers, sa production boursouflée. Tout cela, ajouté à la grandiloquence de David McComb, devient vite agaçant. Et fait penser aux grandes heures du rock héroïques, aux groupes de stade sévissant à la même époque, comme U2 et, surtout, Simple Minds. Les limites de l'insupportable sont même parfois franchies, avec "Holy Water", joyeux et dansant mais, surtout ridicule et "Love The Fever" et ses rythmes, chœurs féminins, synthé et boîte à rythmes putassiers. Le groupe nous aurait-il floué, nous faisant le même effet que la "calenture" ? Croyant pouvoir nous ébattre dans de vertes prairies, nous nous retrouvons en réalité noyé au milieu des mers.
Il faut dire que le groupe venait de signer sur une major, Island. Les possibilités offertes étaient alors multipliées. McComb s'achète des instruments. Il a l'ambition d'enregistrer un album ne sonnant comme personne d'autre. Des musiciens additionnels sont recrutés pour l'enregistrement, pour jouer notamment de la cornemuse ou du melodian (mélange de piano et d'accordéon). L'album est produit par Gil Norton (Echo & the Bunnymen, il se fera connaître avec les Pixies).
Calenture est long, très long, avec pas moins de 17 titres. Cette surenchère dans le nombre de morceaux correspond bien à celle dans la musique elle-même. La réédition de 2007 comprend d'ailleurs un second CD constitué de démos, avec même trois inédits. La consistance de ces versions est bien entendu plus minimaliste. Mais on se rend compte que la faute n'incombe pas seulement aux arrangements et à la production, le mal était déjà fait en amont, à la composition et à l'interprétation.
Correct   12/20







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