The Specials

Ghost Town

Ghost Town

 Label :     Two Tone 
 Sortie :    samedi 20 juin 1981 
 Format :  Maxi / Vinyle   

Quand sort ce qui s'avérera comme le dernier disque des Specials, la perfide albion est dans une situation de crise sans précédent: chômage record, montée du racisme, émeutes urbaines, Margaret Thatcher... Oui, l'Angleterre de 1981, c'est un peu la France d'aujourd'hui. Je précise pour le Xsilencieur du futur que nous sommes en 2007 et que Raoul Vigil est toujours vivant. Ghost Town, c'est avant tout une face A dont chacun s'accorde à dire que parmi les millions de chansons produites par l'humanité, elle est 'la chanson qui colle le plus parfaitement à son époque'.
"Ghost Town" est certainement LA chanson sociale par excellence. C'est l'histoire d'une ville grisâtre débarassée de ses habitants ('This town, is coming like a ghost town') et où un certain esprit fêtard n'a plus sa place ('All the clubs have been closed down [...] Bands won't play no more'), qui est submergée par le chômage de masse qui frappe alors l'Angleterre ('No job to be found in this country'). Alors dans ces situations désespérées, c'est malheuresement trop bien connu, les jeunes se tapent dessus ('Why must the youth fight against themselves? Government leaving the youth on the shelf'). "Ghost Town" narre aussi la fin d'une époque, de l'illusion punk fraternaliste ('Do you remember the good old days Before the ghost town? We danced and sang, And the music played inna de boomtown').
Musicalement, "Ghost Town" est la quintessence, l'aboutissement du son des Specials : racines jamaïcaines et expérimentation. Jerry Dammers, leader omniscient mais si génial des Specials, disait vouloir créer 'une atmosphère de pauvreté miteuse, de décadence et de délabrement'. On ne peut mieux décrire ce que l'on ressent à l'écoute de "Ghost Town". Sur un rythme reggae, sont apposés une progression jazz et des arragements somptueux qui comble de l'horreur pour un groupe issu du punk, sont easy-listening. Et puis... et puis il y a bien sûr ces choeurs suraïgues venus de nulle part. Magique.
Mais les autres chansons de cet EP au fait ? Eh bien, là aussi si les Specials avaient voulu faire mieux, ils en auraient été bien incapables. "Why" composée par Lyndval Golding est un reggae classique qui montre les Specials perplexes mais désireux de comprendre le rascisme qui gangrène la société anglaise via notamment le fameux National Front (Why did you try to hurt me ? Did you really kill me ? Tell me why). "Friday Night, Saturday Morning" est encore plus remarquable avec ses claviers soul. Terry Hall use de sa voix de clown triste pour peindre une vignette burlesque racontant la sortie routinière en club d'un anglais moyen.
L'EP sort en été 1981. La chanson "Ghost Town" sera numéro 1 dans les charts anglais durant 3 semaines. Mais malgré cela, les Specials qui ne pouvaient déjà plus se blairer lors de la tournée More Specials, se séparent. Terry Hall annoncera d'ailleurs son départ à Jerry Dammers juste avant d'enregistrer leur passage à Top Of The Pops pour "Ghost Town" . Hum... ambiance. Il ira fonder Fun Boy Three avec 2 autres membres, alors que Jerry Dammers lui continuera sous le nom Specials AKA (un des premiers noms utilisé par la formation originelle).
Moins d'un mois après la parution de Ghost Town, une vague d'émeutes s'abat sur l'Angleterre. "Ghost Town" n'est plus seulement une chanson de protestation mais la bande-son de ces émeutes et du malaise social anglais. Un bilan et une prophétie... Alors quand on vous demandera la prochaine fois, 'quelle est la meilleure chanson de tout les temps ?' Vous saurez quoi répondre.


Intemporel ! ! !   20/20
par Sirius


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