Cowboys From Outerspace

Sleeping With Ghosts

Sleeping With Ghosts

 Label :     Nova Express 
 Sortie :    2006 
 Format :  Album / CD   

Après deux premiers titres où le groupe s'évertue à bouger et à rouler aussi frénétiquement que si on leur avait balancé du poil à gratter à base de piment d'Cayenne dans l'calbute, "I've Been Loving You Too Wrong", slow ténébreux qui donne la part belle à la guitare, tant dans la mélodie que dans le solo fuzz, est le premier des nombreux instants de délectation dont l'album recèle. Même s'il est vrai que seul "Too Drunk To Love You", qui fermera le disque... enfin presque, pourrait réellement prétendre à l'égaler.

Fruit d'un groupe français qui s'essaye autant au blues qu'au rock, tout cela sonne déjà d'entrée comme une bien belle surprise. En effet, ils savent jouer, ne sortent pas du conservatoire, se fringuent correct et -stupeur !- ont de la personnalité dans leur jeu !
Car c'qui compte ici, c'est la réappropriation surprenante des musiques qu'ils aiment : pas de blues trad', ni de performances instrumentales, juste une bande de mecs qui s'attachent à suer ce qu'ils ont d'meilleurs dans l'coin d'leur crâne et d'leurs doigts quand ils pensent rock'n'roll. L'inquiétude de la voix, la densité oppressante de la basse et la qualité (tout simplement) de la guitare s'imposent très vite.

On trouve alors quand même de drôles de choses, d'heureuses choses, cela va sans dire qui rend définitvement l'album sympathique:
. La présence d'un synthé sur "Fade Away"
. Des titres guignols :
> Le single et le titre de l'album rappelant malheureusement les nouvelles énergumènes des charts, 'Les bottines grises de l'épouse de Rommel'
> le morceau de "Too Drunk To Love You" qui prouve que les CFOS connaissent aussi bien leurs classiques 80's que l'art de l'euphémisme.

Tout l'album n'est pas que braise rougeoyante dans une chicha enfumée : non, on respire et on se régale aussi avec "100 Time Better", "The Push In" ou encore "Australian Singer", plus entraînants, plus ouverts, plus rapides.
Mais la gravité des pompes de la femme de Rommel, c'est quand même autre chose ! Les digressions guitaristiques et les chœurs y laissent traîner toutefois un brin de dérision, chose que l'on entendra aussi dans la "Queen Of Evil"...

On est bien chez des inclassables, à la fois rockin' érudits (ils reprennent un Robert Johnson) et des contempteurs du purisme le plus chiant. Et ça les rend meilleurs, détachés et donc bien moins scolaires et froids.
Voilà une entreprise encore trop rare pour être passée sous silence : le rock à tribu (rockabilly, punk, goth, hardcore, pourtant musiques alternatives), snobé par le public indé, oblige les jeunes groupes -même si les musicos ici sont plus exactement tout jeunes et qu'ils en sont à leur 5ème album- à une presque parfaite marginalité, méprisés par les puristes, quand bien même bons, et inconnus des autres publics.

La série Z de la musique. Et les Cowboys From OuterSpace en sont déjà les cinéastes les plus audacieux.


Très bon   16/20
par Serket


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