Suicide
Suicide - Second Album |
Label :
Mute |
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En 1980, Suicide fêtait déjà ses 10 années d'existence. 1980, c'est aussi l'année qui voit fleurir tous leurs plagiaires synth-pop anglais plus ridicules les uns que les autres. Eux connaîtront le succès et les clips abominables sur MTV, Suicide le statut éternel de groupe culte. Mais la face du monde aurait changé à tout jamais si une seule radio avait consenti à passer ne serait-ce qu'un seul titre de ce merveilleux Second Album. Dès lors, on ne parlerai pas des années 80 comme on le fait aujourd'hui avec condescendance et moquerie... non, bien au contraire.
Produit par Ric Ocasek des Cars, l'album, si le monde était parfait, aurait dû occuper les premières places des charts internationaux pendant plusieurs semaines, c'est évident. Mais attention quand même, n'allez pas croire une seule seconde que cet album s'apparente aux daubes synth-pop évoquées plus haut. Non non non... la production est certes plus propre, plus travaillée que sur leur premier et mythique opus. La mélodie se veut moins rentre-dedans et agressive qu'auparavant, ok. Mais comment passer à côté de ces 10 merveilles electro-pop ? Du sexy "Diamonds, Fur Coat, Champagn" au décalé "Dance", tout y est proprement parfait. Aucun déchet. Et puis faut vraiment être taré pour ne pas tomber amoureux de ce bijou de pop néo-sixties que n'aurait pas renié Roy Orbison "Sweetheart", ou encore ce "Fast Money Music" où Alan Vega retrouve ses accents rockabilly de Gene Vincent épileptique qu'il avait adopté pour le premier album.
Et puis pour ceux qui resteraient encore sceptique quant à la qualité réelle de ce trop souvent sous-estimé Second Album, sachez que Mute nous a pondu une réédition double CD du feu de dieu en 2000. Tout d'abord un premier CD avec l'album original remasterisé (c'est la moindre des choses) et l'ajout d'une outtake "Super Subway Comedian", et l'excellent single "Dream Baby Dream/Radiation". Mais ce qui rend absolument indispensable cette réédition c'est bien entendu le deuxième CD rempli de démos datant de 1975 qui, je préviens les habitués au SACD 5.1, ont un son vraiment pourri. Deux ans avant leur premier jet discographique, le duo mythique enregistrait déjà des choses tout aussi hallucinantes : "Speedqueen", "Creature Feature", "Sneakin'around", "Be My Dream"... Pour être honnête, il faudrait toutes les citer ces 14 chansons minimalistes et ô combien vénéneuses qui composent le deuxième CD.
Alors on va plutôt se contenter de réaffirmer que ce désormais double album est un achat ou vol indispensable à tout être humain désireux de parfaire sa culture musicale. Parce que oui ok, Suicide est intemporel, pas de problème... mais ce Second Album est tout aussi exceptionnel.
Produit par Ric Ocasek des Cars, l'album, si le monde était parfait, aurait dû occuper les premières places des charts internationaux pendant plusieurs semaines, c'est évident. Mais attention quand même, n'allez pas croire une seule seconde que cet album s'apparente aux daubes synth-pop évoquées plus haut. Non non non... la production est certes plus propre, plus travaillée que sur leur premier et mythique opus. La mélodie se veut moins rentre-dedans et agressive qu'auparavant, ok. Mais comment passer à côté de ces 10 merveilles electro-pop ? Du sexy "Diamonds, Fur Coat, Champagn" au décalé "Dance", tout y est proprement parfait. Aucun déchet. Et puis faut vraiment être taré pour ne pas tomber amoureux de ce bijou de pop néo-sixties que n'aurait pas renié Roy Orbison "Sweetheart", ou encore ce "Fast Money Music" où Alan Vega retrouve ses accents rockabilly de Gene Vincent épileptique qu'il avait adopté pour le premier album.
Et puis pour ceux qui resteraient encore sceptique quant à la qualité réelle de ce trop souvent sous-estimé Second Album, sachez que Mute nous a pondu une réédition double CD du feu de dieu en 2000. Tout d'abord un premier CD avec l'album original remasterisé (c'est la moindre des choses) et l'ajout d'une outtake "Super Subway Comedian", et l'excellent single "Dream Baby Dream/Radiation". Mais ce qui rend absolument indispensable cette réédition c'est bien entendu le deuxième CD rempli de démos datant de 1975 qui, je préviens les habitués au SACD 5.1, ont un son vraiment pourri. Deux ans avant leur premier jet discographique, le duo mythique enregistrait déjà des choses tout aussi hallucinantes : "Speedqueen", "Creature Feature", "Sneakin'around", "Be My Dream"... Pour être honnête, il faudrait toutes les citer ces 14 chansons minimalistes et ô combien vénéneuses qui composent le deuxième CD.
Alors on va plutôt se contenter de réaffirmer que ce désormais double album est un achat ou vol indispensable à tout être humain désireux de parfaire sa culture musicale. Parce que oui ok, Suicide est intemporel, pas de problème... mais ce Second Album est tout aussi exceptionnel.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Sirius |
Posté le 23 mars 2010 à 21 h 43 |
"Dream Baby Dream" : un xylophone étincelle une même ritournelle et rejoint l'orgue qui sonne le ciel, tout deux en communion, dans un chant d'amour qu'Alan Vega reprend, dans l'apesanteur magique de mots doux et plein d'espoir ("Dream Baby Dream"). Cette musique chasse toute peur à jamais, pour toujours. Elle devrait être passée en boucle dans les HP.
Martin Rev ne lave plus les os de Frankie Teardrop. Le rythme robotique n'est plus autiste mais s'amuse maintenant avec des lignes, des lignes mélodiques qui se croisent et forment ensemble un dessin. S'en dégage un exotisme urbain, parfois même montrant du doigt une plage de sable cheyenne depuis son trottoir. Le régime punk pain-bière-foutre accorde des interludes de coloriage.
Vega, sur le sable, poursuit ses complaintes, prie le fantôme de Morrison, joue à chat avec le jeune Iggy dans un délire rockabilly intemporel sous Lexomil (il est fascinant d'entendre l'inertie qui prend possession de ce chanteur génial. Il témoigne d'un feedback qui le tord tout entier, répond à ses propres chant, dans un dialogue infini, avec ses ruptures, ses temps morts : étrange respiration qui ne respire qu'elle même).
Suicide a mis du lait dans son acide, vous l'aurez goûté. Le sang reste en fond mais un effet lacté donne un rendu plus léché. On évite les éclaboussures passées, on croiserait presque les bras autour d'un bol sans se soucier d'un éventuel court-jus.
Ca n'est pas pour autant un retournement de veste. L'heure n'est pas aux Weetabix. C'est juste que la langue s'affine, goûte à d'autres éclairages, gagne en corps. L'apport de chair exotique, plus proche maintenant de la mangue que de la plaie, même s'il trahit un kitsch naissant (qui gonflera), ne dénature pas pour autant l'énergie du groupe. C'est une énergie moins anarchique, plus feutrée, et du coup plus enveloppante, comme de la fourrure et du champagne
Martin Rev ne lave plus les os de Frankie Teardrop. Le rythme robotique n'est plus autiste mais s'amuse maintenant avec des lignes, des lignes mélodiques qui se croisent et forment ensemble un dessin. S'en dégage un exotisme urbain, parfois même montrant du doigt une plage de sable cheyenne depuis son trottoir. Le régime punk pain-bière-foutre accorde des interludes de coloriage.
Vega, sur le sable, poursuit ses complaintes, prie le fantôme de Morrison, joue à chat avec le jeune Iggy dans un délire rockabilly intemporel sous Lexomil (il est fascinant d'entendre l'inertie qui prend possession de ce chanteur génial. Il témoigne d'un feedback qui le tord tout entier, répond à ses propres chant, dans un dialogue infini, avec ses ruptures, ses temps morts : étrange respiration qui ne respire qu'elle même).
Suicide a mis du lait dans son acide, vous l'aurez goûté. Le sang reste en fond mais un effet lacté donne un rendu plus léché. On évite les éclaboussures passées, on croiserait presque les bras autour d'un bol sans se soucier d'un éventuel court-jus.
Ca n'est pas pour autant un retournement de veste. L'heure n'est pas aux Weetabix. C'est juste que la langue s'affine, goûte à d'autres éclairages, gagne en corps. L'apport de chair exotique, plus proche maintenant de la mangue que de la plaie, même s'il trahit un kitsch naissant (qui gonflera), ne dénature pas pour autant l'énergie du groupe. C'est une énergie moins anarchique, plus feutrée, et du coup plus enveloppante, comme de la fourrure et du champagne
Excellent ! 18/20
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