Alec Empire
Intelligence & Sacrifice |
Label :
Digital Hardcore |
||||
Barré ! Ce type est complètement barré ! Ex-frontman de Atari Teenage Riot, Alec le fou débarque en 2002 avec ce brûlot d'un autre monde, répondant au doux nom de Intelligence & Sacrifice. Aux chiottes le conformisme, telle semble être la devise de cet électron libre de la scène indépendante. Ne pas oublier de tirer la chasse d'eau aussi, et de passer un coup de désodorisant.
Sous la forme d'un double-album, nous sommes conviés à vivre deux expériences soniques radicalement différentes. Et comme le veut la logique, on insère le premier disque en s'attendant à tout. Sur un fond de synthé apocalyptique, Alec nous gratifie d'un discours nihiliste, dans le genre "le calme avant la tempête - préparez-vous à en prendre plein la gueule". Et c'est parti, la machine s'emballe, délivre un mélange ultra-brutal de métal et de techno-hardcore (hardtek pour les intimes). Ca dépote sec comme dirait l'autre, les B.P.M s'affolent, soutiennent la voix compressée au maximum du méchant Alec. Parfois, un instant de répit nous est offert, histoire de respirer pour replonger illico dans une spirale de violence. Truffé de samples en tous genres et de guitares abrasives, l'album se pare d'une couleur indus qui rappelle immanquablement les ténors du genre que sont Nine Inch Nails ou Ministry, en restant un cran au dessus au niveau "lobotomie". Dans l'ensemble, ce furieux melting-pot que constitue le premier disque ravira tour à tour le fan d'indus ("Addicted To You", très réussi), le fan de punk-hardcore ("Tear It Out"), et le fan de death-métal ("Death Favours The Enemy"). Le tout à la sauce électronique, pour un résultat qui "défouraille", mais sans grosse originalité il faut bien avouer.
Puis vient le moment, où, déjà usé par le premier chapitre, on s'intéresse au deuxième CD. Un tout autre trip. Finis les B.P.M déjantés, place à plus d'une heure d'électro expérimentale, volontairement calme, mais qui n'en est pas moins aliénante ! Epreuve éliminatoire, survivre à ce premier titre de trente minutes qui fait tourner en boucle une même mélodie, avec bien entendu des changements d'intensité. C'est clair, il faut s'accrocher, car ce genre de musique est plus propice à égayer la fin d'une soirée de débauche qu'à nous faire réellement vibrer. Il en va de même pour tous les titres, dont l'intérêt est vraiment inégal. Essayez "Parallel Universe", qui vous plonge plus bas que les abîmes, pour vous faire une idée. Certes, il y aura toujours un public pour ce genre de musique, car après tout, ce n'est pas si désagréable à écouter, mais le premier disque est incontestablement supérieur.
Une double-galette à consommer avec modération donc, même si rien ne vaut un bon vieux "Path Of Destruction" !
Sous la forme d'un double-album, nous sommes conviés à vivre deux expériences soniques radicalement différentes. Et comme le veut la logique, on insère le premier disque en s'attendant à tout. Sur un fond de synthé apocalyptique, Alec nous gratifie d'un discours nihiliste, dans le genre "le calme avant la tempête - préparez-vous à en prendre plein la gueule". Et c'est parti, la machine s'emballe, délivre un mélange ultra-brutal de métal et de techno-hardcore (hardtek pour les intimes). Ca dépote sec comme dirait l'autre, les B.P.M s'affolent, soutiennent la voix compressée au maximum du méchant Alec. Parfois, un instant de répit nous est offert, histoire de respirer pour replonger illico dans une spirale de violence. Truffé de samples en tous genres et de guitares abrasives, l'album se pare d'une couleur indus qui rappelle immanquablement les ténors du genre que sont Nine Inch Nails ou Ministry, en restant un cran au dessus au niveau "lobotomie". Dans l'ensemble, ce furieux melting-pot que constitue le premier disque ravira tour à tour le fan d'indus ("Addicted To You", très réussi), le fan de punk-hardcore ("Tear It Out"), et le fan de death-métal ("Death Favours The Enemy"). Le tout à la sauce électronique, pour un résultat qui "défouraille", mais sans grosse originalité il faut bien avouer.
Puis vient le moment, où, déjà usé par le premier chapitre, on s'intéresse au deuxième CD. Un tout autre trip. Finis les B.P.M déjantés, place à plus d'une heure d'électro expérimentale, volontairement calme, mais qui n'en est pas moins aliénante ! Epreuve éliminatoire, survivre à ce premier titre de trente minutes qui fait tourner en boucle une même mélodie, avec bien entendu des changements d'intensité. C'est clair, il faut s'accrocher, car ce genre de musique est plus propice à égayer la fin d'une soirée de débauche qu'à nous faire réellement vibrer. Il en va de même pour tous les titres, dont l'intérêt est vraiment inégal. Essayez "Parallel Universe", qui vous plonge plus bas que les abîmes, pour vous faire une idée. Certes, il y aura toujours un public pour ce genre de musique, car après tout, ce n'est pas si désagréable à écouter, mais le premier disque est incontestablement supérieur.
Une double-galette à consommer avec modération donc, même si rien ne vaut un bon vieux "Path Of Destruction" !
Sympa 14/20 | par Head |
Posté le 11 octobre 2007 à 23 h 22 |
Avec une haine comme celle qu'il dégageait quand il faisait partie de feu Atari Teenage Riot, Alec Empire ne pouvait décemment pas en rester là ; il avait encore pas mal de choses à dire. L'expérience solo n'est cependant pas nouvelle pour lui, il nous avait, auparavant, déjà fourni des albums électro ambiant et de jungle d'excellentes factures. Mais ce n'est définitivement pas assez virulent, subversif, il en faut plus, il faut réveiller les consciences, créfieu !
Fort de son passé de révolutionnaire punkisant, Alec décide, avec l'aide de sa camarade de jeu de chez ATR, la charmante Nic Endo, de nous pondre en 2002 un double album sulfureux. Les fans du groupe su-cité retrouveront bien vite leurs traces : des beats urgents, des cassages de tempos à tout va, des retournements structurels à tour de bras, des samples de malade qui tombent toujours à pic ("Someday, we'll go to Heaven, Jesus said I would ..."). Alec s'amuse mais, surtout, nous produit le meilleur travail qu'il n'ait jamais fait.
Divisé en deux parties bien distinctes, cet Intellingence & Sacrifice est un être bicéphale aux caractères bien trempés. La première galette, c'est du ATR sauce Alec, gris, la vitesse est folle, les titres s'enchaînent sans relâche, les rares break ne sont là que pour nous brutaliser un peu plus, on ne reste pas sur place plus de 20 secondes. C'est brutal, de quoi faire pleurer un death-metaleux des plus chevelu ; c'est noir, de quoi faire passer du Nick Cave pour des comptines pour enfants et c'est rapide, très rapide. Ce qui n'empêche pas à l'œuvre d'être complète, diversifiée tout en restant foncièrement homogène. Le maître de soirée nous dévoile toutes les facettes de sa mûre agressivité : de l'indus Addicted To You au bruitiste Killing Machine, du hardcore Tear It Out au presque planant New World Order, Alec ne relâche jamais le pied et ne se prive d'aucun plaisir.
Les bonnes 50 minutes du premier disque s'écoulent à une vitesse affolante. Le moment de mettre le second arrive et on se tâterait bien, après ce que nos oreilles ont subies jusqu'ici, il serait temps de les mettre au repos. Mais ce serait sans compter sur le fait que messire Empire ne s'est pas contenté, et ça aurait été avec mauvais goût, de nous ressasser son Digital Hardcore (comme il aime tant le clamer) sur la longueur d'un second compact disc.
Reflétant les expérimentations électro typiques des premiers méfaits du berlinois, la seconde, mais non moins passionnante, partie de l'œuvre nous fait glisser sur une peau de banane mise là à cet effet. Ambiant, indus et même parfois un peu bruitiste, les morceaux sont efficaces et variés, changeant de couleur à chaque nouvelle piste. Nous touchons ici une facette moins novatrice du bonhomme mais qui, contrasté au premier CD, se révèle, à sa manière, assez suave, démontrant encore une fois le talent du géniteur pour ce genre d'œuvres qui lui sont si familières.
Parce que cette œuvre est riche, virulente, interpellante et passionnante, Intelligence & Sacrifice retient toute l'attention qu'il mérite. Même si nous ne pouvons pas classer cet album tel un premier pas d'Empire dans ces domaines, ce petit schleu nous flanque une grande claque dans la face, en nous rappelant qu'il est toujours de la partie et qu'il continuera toujours à faire ce qu'il a toujours si bien fait : de la musique faite pour réagir, et il le fait cette fois-ci excellemment bien, le gueux !
Fort de son passé de révolutionnaire punkisant, Alec décide, avec l'aide de sa camarade de jeu de chez ATR, la charmante Nic Endo, de nous pondre en 2002 un double album sulfureux. Les fans du groupe su-cité retrouveront bien vite leurs traces : des beats urgents, des cassages de tempos à tout va, des retournements structurels à tour de bras, des samples de malade qui tombent toujours à pic ("Someday, we'll go to Heaven, Jesus said I would ..."). Alec s'amuse mais, surtout, nous produit le meilleur travail qu'il n'ait jamais fait.
Divisé en deux parties bien distinctes, cet Intellingence & Sacrifice est un être bicéphale aux caractères bien trempés. La première galette, c'est du ATR sauce Alec, gris, la vitesse est folle, les titres s'enchaînent sans relâche, les rares break ne sont là que pour nous brutaliser un peu plus, on ne reste pas sur place plus de 20 secondes. C'est brutal, de quoi faire pleurer un death-metaleux des plus chevelu ; c'est noir, de quoi faire passer du Nick Cave pour des comptines pour enfants et c'est rapide, très rapide. Ce qui n'empêche pas à l'œuvre d'être complète, diversifiée tout en restant foncièrement homogène. Le maître de soirée nous dévoile toutes les facettes de sa mûre agressivité : de l'indus Addicted To You au bruitiste Killing Machine, du hardcore Tear It Out au presque planant New World Order, Alec ne relâche jamais le pied et ne se prive d'aucun plaisir.
Les bonnes 50 minutes du premier disque s'écoulent à une vitesse affolante. Le moment de mettre le second arrive et on se tâterait bien, après ce que nos oreilles ont subies jusqu'ici, il serait temps de les mettre au repos. Mais ce serait sans compter sur le fait que messire Empire ne s'est pas contenté, et ça aurait été avec mauvais goût, de nous ressasser son Digital Hardcore (comme il aime tant le clamer) sur la longueur d'un second compact disc.
Reflétant les expérimentations électro typiques des premiers méfaits du berlinois, la seconde, mais non moins passionnante, partie de l'œuvre nous fait glisser sur une peau de banane mise là à cet effet. Ambiant, indus et même parfois un peu bruitiste, les morceaux sont efficaces et variés, changeant de couleur à chaque nouvelle piste. Nous touchons ici une facette moins novatrice du bonhomme mais qui, contrasté au premier CD, se révèle, à sa manière, assez suave, démontrant encore une fois le talent du géniteur pour ce genre d'œuvres qui lui sont si familières.
Parce que cette œuvre est riche, virulente, interpellante et passionnante, Intelligence & Sacrifice retient toute l'attention qu'il mérite. Même si nous ne pouvons pas classer cet album tel un premier pas d'Empire dans ces domaines, ce petit schleu nous flanque une grande claque dans la face, en nous rappelant qu'il est toujours de la partie et qu'il continuera toujours à faire ce qu'il a toujours si bien fait : de la musique faite pour réagir, et il le fait cette fois-ci excellemment bien, le gueux !
Excellent ! 18/20
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