JARV IS...

Beyond The Pale

Beyond The Pale

 Label :     Rough Trade 
 Sortie :    vendredi 17 juillet 2020 
 Format :  Album / CD  Vinyle  Numérique   

Jarvis Cocker va avoir 57 ans à la rentrée 2020. On a l'impression que depuis 1978, l'année de ses 15 ans et de la formation de Pulp, il a toujours quelque chose en cours, toujours un projet qui lui trotte dans la tête. Le dernier en date se nomme JARV IS..., et de prime abord, on remarque que c'est la première incursion de Jarvis dans un groupe, depuis la (seconde) séparation de Pulp. Si tant est qu'un duo ne soit pas considéré comme un groupe. Je vous laisse vous débrouiller avec cette question qui n'en est pas vraiment une.

JARV IS... donc, apparaît pour la première fois en public au festival Nordur og Nidur de Sigur Ros en Islande fin 2017. Formé sur les cendres encore chaudes des enregistrements des Likely Stories (Ep/B.O. de la série Neil Gaiman's Likely Stories sorti en 2016), le groupe n'est formé que pour la scène, pour la plaisir de la communion live. Une tournée des petites salles & autres caves du Royaume-Uni durant le printemps 2018 suffit pour que quelques vidéos sauvages commencent à tourner, alimentant l'envie des curieux et autres fans. Ils enregistrent tout de même quelques concerts, histoire de, et la majeure partie du tout premier titre diffusé est enregistrée lors d'un concert en avril à la Peak Cavern, salle de 600 places dans le Derbyshire (aucun lien avec Delia). Selon la légende, ce serait ce bon vieux Geoff Barrow qui, lors d'un concert californien fin 2018, aurait dit au groupe qu'ils tenaient là une base solide pour un album.

"Must I Evolve", le premier single, sort en mai 2019, et l'album est (enfin) annoncé en mars 2020, pour une sortie début mai. Beyond The Pale ne sortira finalement qu'à la mi-juillet, décalée comme toutes celles prévues dans cette période.
Suivront "House Music All Night Long", et "Save The Whale", deux autres singles, sortis en avril et juin 2020.

Dès les premières notes de "Save The Whale", Jarvis retrouve son coté crooner aguicheur désabusé, proche d'un Leonard Cohen, avant de retrouver l'immédiateté de "Must I Evolve", seul titre qu'on avait à se mettre sous la dent pendant presqu'un an, qu'on connait évidemment par choeur. On peut aussi remarquer que tout l'album est une oeuvre globale, commune, ce n'est pas Jarvis qui écrit ses courtes nouvelles ou ses états d'âme, on sent un regard spectateur, on pourrait céder à la facilité avec cette notion toute faite, ils portent un regard sur la société qui les entourent, ils nous parlent tout en parlant de nous. même si évidemment on ressent sa présence partout, quand il nous parle de Frankie Knuckles ou de cette fille aux cheveux d'or. Alors évidemment, on peut trouver des accointances avec Pulp ("Am I Missing Something"), mais c'est se couper d'un certain plaisir je pense, de vouloir à tout prix rattacher ce disque aux anciennes œuvres de Jarvis. Il faut essayer de prendre ce Beyond The Pale (dépasser les bornes, dans la langue de Gérard Rinaldi) pour le premier album d'un groupe. Même si, évidemment, on y va parce que Jarvis. Je vous laisse vous démerder avec cet espèce de paradoxe. L'album ne dure que sept titres, mais ils sont consistants, dépassant pour la plupart les cinq minutes, et l'avantage c'est qu'il n'y a pas de remplissage, ce serait trop visible, et ce n'est pas le genre de la maison.

Mêlant à merveille l'esprit indé, pour ce que ça veut dire, avec un coté dansant (attention, je n'ai pas dit post-punk), désenchanté aussi, non pas Mylène, le disque se veut à l'image d'une setlist de concert, alternant les humeurs comme les rythmes, les envies et les ambitions, à l'image de l'enchaînement final mais néanmoins parfait "Swanky Modes"/"Children Of The Echo".

Je pense qu'on peut dire merci à Geoff, qui a sans doute confirmé le potentiel des titres joués par JARV IS.... On peut imaginer que sans ce petit coup de motivation, le groupe aurait sans doute sorti à un moment donné ce disque, ou un autre. Mais le groupe aurait eu du mal à ne rester qu'un groupe de scène. Sans aucune espèce de dépréciation de ma part. Il est des choses qui ne doivent pas rester dans les caves d'outre Manche. Seulement certaines.


Bon   15/20
par X_Lok


  Une version vinyle collector de l'album s'accompagne d'un cd contenant un seul titre de 25 min, enregistré entre 2015 & 2017, "Suite For Iain & Jane". Il a été composé pour les Likely Stories et pour un épisode de The Urban Hymn, "The Dali & The Cooper".

Pour en savoir plus sur ces séries :
https://www.imdb.com/title/tt5182786/
https://www.imdb.com/title/tt8241290/


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