Jesca Hoop

Love Letter For Fire

Love Letter For Fire

 Label :     Sub Pop 
 Sortie :    vendredi 15 avril 2016 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio  Numérique   

Presque un an après sa collaboration avec son grand ami Ben Bridwell, le chanteur de Band of Horses, pour Sing Into My Mouth, un album de reprises bien agréable, Sam Beam délaisse son alias d'Iron & Wine et se lie cette fois avec la Californienne Jesca Hoop, à l'époque sa partenaire de label (Sub Pop pour ne pas le nommer) et auteure sous son propre nom d'une œuvre intrigante, mêlant influences jazz, folk, country et rock (entre autres). Désirant depuis un certain temps enregistrer un disque complet de duos unissant voix masculine et féminine, cet art de la conversation galante (ou pas) mis en musique en quelque sorte, Beam n'avait pas réussi à dénicher la perle rare pour l'accompagner dans ce projet, jusqu'à sa rencontre avec Hoop donc, qui de son côté n'avait jamais expérimenté l'écriture à quatre mains. Mais si ces deux-là ont fini par se trouver et se sont, nous allons le voir, aussi bien entendus, c'est sans doute parce qu'ils savaient que leurs deux voix, leurs styles et univers respectifs pouvaient parfaitement s'accorder. Ils avaient en fait déjà tenté l'expérience deux années auparavant, en 2014, quand Hoop avait invité Beam sur son album Undress, qui revisitait son répertoire de manière acoustique et parfois sous forme de duos. C'est ainsi qu'ils chantent ensemble sur la très belle "Hunting My Dress", dont l'originale se trouve sur le disque du même nom sorti en 2009. Ils ne partaient donc pas de rien et c'est armés de ces certitudes qu'ils se sont retrouvés en studio à Portland en Oregon et ont enregistré ce Love Letter For Fire, entourés notamment de Rob Burger et Sebastian Steinberg, collaborateurs récurrents d'Iron & Wine, le tout sous l'égide du producteur Tucker Martine, qui dispose d'un CV plus qu'alléchant.

Love Letter For Fire est, avec son titre un peu ironique, tout entier dévolu à l'amour, qu'il soit joyeux ou triste, éphémère ou durable, heureux ou non. Les treize chansons qui le composent sont autant de petites vignettes (pas une de plus de quatre minutes), d'instants fugaces pris sur le vif, de moments suspendus qui ont chacun leur propre itinéraire, leur vie bien à eux, mais qui s'accordent parfaitement et se retrouvent irrémédiablement liés. Et s'ils semblent assez remarquablement unis, c'est que, à l'évidence, le duo à leur origine l'est aussi. En effet, avec Sam et Jesca, rien ne paraît forcé, artificiel, contraint ou indécis, tout coule de source, respire et est bercé par une douce énergie apaisante, presque solaire. Alors, entrelaçant délicate country, folk introspectif, americana brillante et soupçons de pop, ces deux voix font corps, se répondent, harmonisent, se soutiennent comme un couple pourrait le faire, tour à tour puissantes et suaves, et cela sur des rythmes variés bien répartis sur l'intégralité de l'album et de vibrantes cordes (Beam s'en souviendra pour son somptueux Beast Epic l'année suivante). Et les perles de se succéder, particulièrement en fin de disque, avec la superbe "One Way To Pray" et son langoureux violon, la mystérieuse "We Two Are A Moon", la joueuse et charmante "Kiss Me Quick", l'irrésistible "Valley Clouds", l'alanguie "Soft Place To Land", la parfaite "Sailor To Siren", aussi belle que son titre le laisse suggérer. Et finalement, ce que l'on a bien compris, c'est que ces deux-là étaient faits pour se rencontrer et collaborer ensemble tant le résultat est beau et admirable. Nous vient alors cette fatale question : mais pourquoi diable n'y ont-ils pas pensé plus tôt ?


Excellent !   18/20
par Poukram


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