808 State

Don Solaris

Don Solaris

 Label :     ZTT 
 Sortie :    lundi 17 juin 1996 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio  Numérique   

Après la tournée promo de Gorgeous, 808 State, groupe formé autour du trio Graham Massey, Andy Barker et Darren Partington retourne quasiment directement en studio pour enregistrer de nouveaux morceaux. Pendant l'hiver 1993/1994, ils mettent en boite un maxi qui va donner la nouvelle orientation sonore du groupe : "Bombadin". Sorte de morceau tech-house à la rythmique world, c'est un premier pas du trio vers des horizons moins orientés dance, bien qu'une poignée de remixes remet "Bombadin" en bonne position pour être diffusé en rave ou dans les clubs. 808 State passe le reste de l'année 1994 à composer, mais également à faire quelques rares concerts.

En 1995, le groupe se retire un peu de la vie publique pour se concentrer pleinement sur l'écriture et l'enregistrement de leur nouvel album, qu'ils produisent aux studios FON de Sheffield. Peu convaincus par le résultat final, les trois musiciens décident de recommencer entièrement l'écriture et la composition de ce qui deviendra Don Solaris. Graham Massey dans le NME à l'époque : "si nous avions travaillé dur pour faire Gorgeous, nous avons travaillé quatre fois plus sur la production de Don Solaris, déjà parce qu'un album complet était prêt et nous avons décidé au dernier moment de tout recommencer à zéro". Direction les studios Wool Hall de Bath, dans le Pays de Galles pour enregistrer cette version 2.0 du nouvel album.

La nouveauté ? Elle réside dans l'emploi de musiciens de sessions, qui d'ailleurs prendront ensuite la route avec le trio : Colin Seddon (ancien collègue de Graham Massey au sein des Biting Tongues) à la batterie et Paddy Steer à la basse. Excédés par la dance music à laquelle ils seront pourtant toujours associés, 808 State décide de changer complètement d'orientation musicale pour proposer un album nettement plus down-tempo, réfléchi, organique et mature. Si la musique est toujours autant composée de synthétiseurs et de boites à rythmes, le groupe se laisse libre d'utiliser guitares, basses, percussions acoustiques et autres instruments comme des cuivres. Connus pour leur collaboration avec des chanteurs tels que Bjork, Bernard Sumner (de New Order) ou Ian McCulloch (de Echo & The Bunnymen), le trio fait de nouveaux appel à trois vocalistes pour Don Solaris. Cette fois cependant, il ne s'agit pas vraiment de célébrités. Pour chanter sur le tranquille "Lopez", le groupe fait appel à James Dean Bradfield (Manic Street Preachers), même si un petit conflit naît à propos de ce morceau, qui devait selon Massey rester instrumental. Finalement, convaincu par la prestation de Bradfield, le morceau deviendra certainement l'une des plus belles collaborations vocales d'un chanteur avec le groupe (si on met de côté le "Qmart" de Bjork sur Ex:El). Le groupe fait également appel à la chanteuse de Lamb, Louise Rhodes, qui pose sa douce voix sur les breakbeats lumineux de "Azura". Enfin, conçu à la base comme un éventuel thème pour le quinzième film de James Bond, Goldeneye, le morceau "Bond" (ça ne s'invente pas) et la voix très rocailleuse de Doughty de Soul Coughing.

En dehors de ces trois featurings, Don Solaris est composé de huits morceaux instrumentaux, et d'une intro qui ouvre l'album avant de s'enchainer sur l'explosif "Bond". Grosso modo, on retient surtout de tous ces morceaux une volonté de varier le son du groupe tout en développant le modus operandi choisi depuis Ninety : proposer une fusion parfaite de la musique électronique avec le jazz et des influences plus dub. On retrouve d'ailleurs des cuivres (joués par Graham Massey) sur "Black Dartagnon" (le "black" pour faire la liaison avec le jazzy "Black Morpheus" présent sur Gorgeous). Des morceaux comme "Bird", "Mooz", "Joyrider" (qui sample le fameux E2-E4 de Manuel Gottsching), "Kohoutek" ou "Jerusahat" retrouvent le côté "happy" du 808 State des débuts, avec des riffs de synthés et de guitares lumineux, sublimés par des arrangements jazzy, parfois orientés dub, parfois trio-hop, parfois drum'n'bass. On retiens également des morceaux dans la tradition plus "rave", tels que "Balboa" et surtout "Banacheq", morceau composé quasiment en live, ce qui permettait au groupe d'improviser complètement lorsque le morceau était joué sur scène.

De manière générale, Don Solaris fait la part belle à de nouvelles sonorités et étend encore plus un champ des possibles musical déjà bien large. Le seul reproche qu'on peut faire à l'album est qu'il est en rétrospective assez difficile d'accès, surtout en comparaison d'opus plus connus comme Ninety ou Ex:El. En revanche, une fois le premier pas franchi, on découvre au sein de Don Solaris une œuvre unique, à la fois proche et à des kilomètres de la musique électronique de ce milieu de décennie 90. Il est certain que le disque, même si il a déjà presque vingt cinq ans sonne toujours aussi frais et à propos. Il est évident à l'écoute de Don Solaris que des producteurs actuels tels que LONE, Hudson Mohawke ou Oneohtrix Point Never n'auraient pas eu les mêmes influences sans un tel album. C'est la dernière fois que 808 State exprimera un tel génie dans sa musique, et également la dernière production du groupe sur le label ZTT. D'ailleurs, le label fera une énorme campagne de promo concernant le retour des enfants prodiges de la musique électronique de Manchester. Au programme, le journaliste et musicien Paul Morley (attaché au label ZTT depuis sa participation au groupe Art Of Noise) qui s'amuse à rédiger des "Don Solaris Thoughts", des petits postulats concernant le groupe publiés dans la presse. En outre, une grande tournée triomphale du groupe dans son pays d'origine, avec en clou du spectacle un concert sold-out de 20 000 personnes au Castlefield's Arena de Manchester le 21 juin 1996.

Une fois de plus, 808 State prouve avec brio qu'il est autre chose qu'un simple groupe acid-house. Toujours autant métamorphe, Don Solaris marque un nouveau chapitre dans l'histoire du groupe, sans cependant en marquer la fin. Le trio prendra donc le temps de la réflexion avant de livrer un ultime album.


Excellent !   18/20
par EmixaM


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