Eiffel

A Tout Moment

A Tout Moment

 Label :     [PIAS] 
 Sortie :    lundi 05 octobre 2009 
 Format :  Album / CD   

Minouche ...
L'art de jongler avec les images, les mots, les idées, les mélodies .. quand l'envie de jouer ensemble est là. Eiffel, ça tient souvent plus du passe-temps que du groupe sérieux. Ils se font et se défont à l'envie, selon l'humeur de l'année. 2008 semble être une période propice, car la bande va ici sortir ce qui sonne comme leur meilleur effort.

A commencer par des retrouvailles, avec double dose de Nicolas. Le premier, membre fondateur du projet Oobik And The Pucks sur les cendres duquel se formera Eiffel, reprend du service derrière les fûts. Le second sera recruté à la guitare lead pour la tournée du-dit album, et y restera ad vitam eternam. Par dessus tout, le studio personnel du groupe, dit "des Romanos", est enfin achevé, leur permettant de se conforter encore un peu plus dans leur indépendance artistique. Eternel faché des maisons de disque, Eiffel entend se détacher complètement de l'étau de l'industrie musicale moderne qui ne comprend rien à l'inspiration et l'envie de jouer (ou pas). Ainsi, en 2005, Eiffel était en pause et Romain enregistrait son premier solo, parce que d'abord. Ces cachotteries incessantes conduisent à leur inévitable départ de chez EMI, en 2007, en pleine tournée "Tandoori". Tant pis pour ça.

Début 2008, le groupe a usé leur studio d'enregistrement jusqu'à la moelle, et s'il continue d'enchaîner les nuits blanches pour finaliser le mix de l'album, leur manager rame d'autant plus : toujours aucun contrat sous lequel faire paraître le futur bébé. La bonne nouvelle tombe en mai, quand PIAS, maison de disque anglaise de renom, accorde sa confiance à la bande. Hauts les coeurs ! Et pour officialiser le mariage, un premier single parait le 8 juin. Matraqué sur les ondes, "A Tout Moment La Rue" est un succès immédiat. Fusion parfaite entre un format de tube rock revanchard et le son-coeur mi-engagé mi-enragé du groupe, il fait parler de lui et pour la première fois, Eiffel devient connu !

Ce titre sera le porte-étendard du groupe, que certains fredonneront sans en connaître l'auteur ou la provenance, et il s'agira là de réparer cet affront. "Minouche", donc ... cette ouverture est inquiète, brumeuse, mais en même temps teinté d'espérance. Une guitare acoustique égrainant des accords dissonants entre lesquels de glorieux carillons se frayent un chemin. Entre chien et loup. Dès la piste suivante, le décor est posé : Eiffel impose son style. Avec Bertrand Cantat en seconde voix, ils disent "non comme un oui", et ça sonne comme un hymne. Plus loin, "Je m'obstine" se dresse aussi fièrement, dans cette tension mi-acoustique, mi-électrique. Quand le groupe pousse les potards à fond, on se le rappelle plus jeune. "Clash" ou "Mille Voix Rauques", c'est gros et gras comme un "T'as Tout, Tu Profites de Rien" du début des années 2000, mais ça passe encore, allez savoir. Dans une autre veine, "Le Coeur Australie" est un exercice de style pop-punk qui aurait clairement pu apparaître sur les premières parutions du groupe. Bien qu'il mûrisse, et qu'il change beaucoup. De ci de là, ça expériment; une impro jazz en guise d'outro, des cordes sur une adaptation d'un texte du poète médiéval François Villon ("Mort j'appelle"), du banjo par ci, beaucoup de guitare "slide" par là, leur son s'enrichit. De son timbre décidé, Romain, coeur et voix du groupe, chapote l'ensemble de ses poésies surréalistes. Entre révolte et rêverie, le chanteur se plaît à osciller, la tête dans les étoiles, les pieds dans le vrai.

Musclé, audacieux, cet album est un point d'ancrage sûr pour quiconque souhaiterait mettre une patte dans l'œuvre d'Eiffel, à la fois leur musique (bien sûr) mais aussi leur ligne de conduite, indépendante et besogneuse, qui se résume en trois mots sur le site actuel de leur label : "décroissance dans l'artisanat". Rien que ça.


Excellent !   18/20
par Lulum


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