Bodega

Endless Scroll

Endless Scroll

 Label :     What's Your Rupture? 
 Sortie :    vendredi 06 juillet 2018 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

La loi de Murphy est formelle : c'est quand tu as fini ton top albums de l'année que tu découvres ton album de l'année. Pour 2018, j'ai commis l'erreur d'écouter une émission de bilan de fin d'année de Michka Assayas, et bing : un petit morceau d'un groupe new-yorkais dont le nom évoque plus un brass band qu'un groupe de rock, et me voilà parti pour refaire ma liste.

Il faut dire que Bodega a mis la barre assez haut, rien que par le concept : douze commandements qui indiquent comment les deux leaders (Ben et Nikki pour les intimes) veulent éviter de foirer cette aventure comme leurs précédentes. Cela va du classique "plus (+) de démocratie" jusqu'à "pas de paroles futiles" (et surtout pas de "pizza-core", c'est-à-dire du gros rock qui parle de comment c'est cool de manger des pizzas en buvant de la bière et en fumant des gros joints), en passant par "pas d'effet sur les voix ni de disto ou de fuzz sur des power chords". Leur précédent projet, intitulé Bodega Bay (lieu de tournage des Oiseaux de Hitchcock), annonçait déjà la couleur en matière de manifeste, puisque leur album de 2015 s'intitulait Our Brand Could Be Your Life et comportait une setlist de 33 morceaux que n'aurait pas reniée les Minutemen, héros du bouquin de Michael Azerrad au titre paronyme. C'est ce qu'on appelle de la référence appuyée.

Avec ce nouveau groupe et ce nouvel album, Ben Hozie et Nikki Belfiglio se détachent de l'indie-rock lo-fi qui caractérisait Bodega Bay pour gagner en efficacité, avec plus de finesse dans le propos et plus de groove dans la musique. Ils remontent le temps jusqu'aux premiers Wire, Gang Of Four et autres Talking Heads, et se rapprochent du coup du son de Parquet Courts, leurs parrains et collègues de label ("Truth Is Not Punishment"), mais sans le côté foutraque et approximatif de ces derniers : Endless Scroll est taillé au cordeau, sans un pète de gras, avec un sens de la formule choc pour pointer les travers de nos sociétés occidentales piqué chez Fugazi. La chanson "Bodega Birth", dont est extrait le titre de l'album, évoque ainsi le temps que nous passons devant des écrans à dérouler à l'infini des fils Twitter et Facebook, tandis que le court brûlot punk "I Am Not A Cinephile" proclame "Don't count frames / Don't memorize names / Don't seek divinity in Hollywood shame". Le groupe sait également varier les plaisirs, des folk songs austères et rugueuses qui évoquent The Evens ("Williamsburg Bridge") aux morceaux P-funk façon LCD Soundsystem ("Name Escape"), en passant par le punk Riot Grrrl de Nikki ("Gyrate"), avec au sommet de ce très bel édifice un petit bijou de rock satirique au leitmotiv catchy ("Jack In Titanic").

En résumé, un album coup de poing (expression bannie par les douze commandements du chroniqueur exigeant) qui devrait m'accompagner pendant au moins la première moitié de 2019.


Excellent !   18/20
par Myfriendgoo


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