The Necks
Aquatic |
Label :
Fish Of Milk |
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4 ans ont passé depuis le dernier effort discographique des Necks. 4 années qu'on imagine volontiers passées à peaufiner leur formule live aussi bien qu'à réinterroger leur pertinence studio. Pour tout fun qu'il était, Next était une impasse artistique ; vraisemblablement les Australiens n'avaient pas envie de continuer sur cette pente glissante qui tâchait de concilier maladroitement format long et format court, retenue instrumentale et luxuriance d'overdubs. Tant mieux, l'avenir confirmera que le salut est ailleurs. Leur nouvelle proposition se nomme Aquatic et fait office à la fois de compromis entre les deux premiers opus et de transition vers ce qui s'annonce comme la formule essentielle du trio.
Enfin trio c'est vite dit ; on a pas l'impression d'entendre simplement trois musiciens improviser au long de l'album. Des overdubs et samples sont intégrés sans remords (mais avec infiniment plus de précaution et du subtilité que sur le précédent), et un musicien annexe (Steve Wishart) est même invité à venir tourner la manivelle de sa vielle à roue. Aquatic est séparé en deux pistes de 27 et 25 minutes. "Aquatic I" est une de leur compo lentes et méditatives. La contrebasse de Swanton assoit un long groove tranquille sur lequel chacun vient trouver sa place ; Buck titille calmement ses cymbales et frappe doucement sa grosse caisse, quant à Abraham il se dédouble pour assurer aussi bien un piano léger et délicat qu'à l'orgue Hammond dont il saura apprécier la capacité de créer des ambiances méditatives et, précisément, aquatiques. Comme sur Sex, des samples sont employés pour contribuer à l'atmosphère (le groupe n'assume pas encore tout à fait la face "minimaliste" de son approche jusqu'au bout, le silence fait encore peur et tend à être comblé... ça viendra). Ici, c'est une sorte de grognement instrumental d'origine inconnue (peut-être un frottement de corde ou un grondement de cuivre passé au ralenti?), comme sorti d'une caverne au loin, ainsi qu'un son de percussion sourd et profond, qui viendront apporter une nouvelle couleur à la palette déjà riche d'Aquatic. Difficile de ne pas penser au In A Silent Way d'un certain Miles Davis – une influence immanquable du groupe et dont le spectre hantera toute la carrière.
"Aquatic II" est une toute autre bestiole. Si le premier volet était le rêve paisible d'une créature d'un autre monde dont on pouvait percevoir les grognements ensommeillés, alors le second rapporte l'éveil de la Bête. Et la Bête a faim. Swanton fait vrombir sa contrebasse sur deux notes à l'octave, le tintement de cymbale est devenu plus nerveux, s'y est ajouté un tambourin qui évoque des chaînes qu'on secoue et des toms qui courent. Abraham y improvise une partition tendue, prompte à bondir et laisser éclater au grand jour toute la splendeur de l'instrument. La vielle à roue promise un peu plus haut vient faire son entrée, et jouera d'ailleurs un rôle déterminant. Écorchée, elle viendra cingler cruellement le morceau de ses drones abrasifs, et aura même droit à ce qui ressemblerait à s'y méprendre à un solo (si on n'était pas chez les Necks pour qui le concept est étranger), emmenant la piste dans un entre-deux rappelant les amples méditations de Henry Flynt, sorte d'interlude en apesanteur... Avant que le morceau reparte sur les chapeaux de roues, plus intense, tendu et gonflé d'urgence que jamais, pour une dernière ligne droite de 9 minutes toutes voiles dehors, à couper le souffle.
Si Aquatic, avec son incursion de vielle et et ses ajouts divers, restera avec le recul comme une nouvelle direction – celle d'un "maximalisme" qui se traduit jusque dans la pochette surchargée – finalement abandonnée par le groupe, qui n'a pas encore trouvé son équilibre (il faudra attendre 1999 pour cela... patience) ; il reste que ce découpage en deux parties, l'une intense et l'autre apaisée, ne restera pas sans suite. Mindset en 2011 en proposera une relecture poussée à l'extrême... un maelström dévastateur suivi d'un océan de paix. Sur le thème de l'eau on aura aussi Silverwater qui en 2009 ira bien plus loin dans son sujet. Mais ceci les enfants, est une autre histoire.
Enfin trio c'est vite dit ; on a pas l'impression d'entendre simplement trois musiciens improviser au long de l'album. Des overdubs et samples sont intégrés sans remords (mais avec infiniment plus de précaution et du subtilité que sur le précédent), et un musicien annexe (Steve Wishart) est même invité à venir tourner la manivelle de sa vielle à roue. Aquatic est séparé en deux pistes de 27 et 25 minutes. "Aquatic I" est une de leur compo lentes et méditatives. La contrebasse de Swanton assoit un long groove tranquille sur lequel chacun vient trouver sa place ; Buck titille calmement ses cymbales et frappe doucement sa grosse caisse, quant à Abraham il se dédouble pour assurer aussi bien un piano léger et délicat qu'à l'orgue Hammond dont il saura apprécier la capacité de créer des ambiances méditatives et, précisément, aquatiques. Comme sur Sex, des samples sont employés pour contribuer à l'atmosphère (le groupe n'assume pas encore tout à fait la face "minimaliste" de son approche jusqu'au bout, le silence fait encore peur et tend à être comblé... ça viendra). Ici, c'est une sorte de grognement instrumental d'origine inconnue (peut-être un frottement de corde ou un grondement de cuivre passé au ralenti?), comme sorti d'une caverne au loin, ainsi qu'un son de percussion sourd et profond, qui viendront apporter une nouvelle couleur à la palette déjà riche d'Aquatic. Difficile de ne pas penser au In A Silent Way d'un certain Miles Davis – une influence immanquable du groupe et dont le spectre hantera toute la carrière.
"Aquatic II" est une toute autre bestiole. Si le premier volet était le rêve paisible d'une créature d'un autre monde dont on pouvait percevoir les grognements ensommeillés, alors le second rapporte l'éveil de la Bête. Et la Bête a faim. Swanton fait vrombir sa contrebasse sur deux notes à l'octave, le tintement de cymbale est devenu plus nerveux, s'y est ajouté un tambourin qui évoque des chaînes qu'on secoue et des toms qui courent. Abraham y improvise une partition tendue, prompte à bondir et laisser éclater au grand jour toute la splendeur de l'instrument. La vielle à roue promise un peu plus haut vient faire son entrée, et jouera d'ailleurs un rôle déterminant. Écorchée, elle viendra cingler cruellement le morceau de ses drones abrasifs, et aura même droit à ce qui ressemblerait à s'y méprendre à un solo (si on n'était pas chez les Necks pour qui le concept est étranger), emmenant la piste dans un entre-deux rappelant les amples méditations de Henry Flynt, sorte d'interlude en apesanteur... Avant que le morceau reparte sur les chapeaux de roues, plus intense, tendu et gonflé d'urgence que jamais, pour une dernière ligne droite de 9 minutes toutes voiles dehors, à couper le souffle.
Si Aquatic, avec son incursion de vielle et et ses ajouts divers, restera avec le recul comme une nouvelle direction – celle d'un "maximalisme" qui se traduit jusque dans la pochette surchargée – finalement abandonnée par le groupe, qui n'a pas encore trouvé son équilibre (il faudra attendre 1999 pour cela... patience) ; il reste que ce découpage en deux parties, l'une intense et l'autre apaisée, ne restera pas sans suite. Mindset en 2011 en proposera une relecture poussée à l'extrême... un maelström dévastateur suivi d'un océan de paix. Sur le thème de l'eau on aura aussi Silverwater qui en 2009 ira bien plus loin dans son sujet. Mais ceci les enfants, est une autre histoire.
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
En écoute : https://thenecksau.bandcamp.com/album/aquatic
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