Peter Hook

Rennes [Le MeM] - vendredi 13 mai 2022

Il y a forcément quelque chose de légendaire d'impliqué dans une conversation concernant Joy Division, New Order ou Factory Records. Il en va en généralement de même concernant les membres phares de ces deux groupes et de ce label de Manchester, icône même du rock anglais des années 1970 jusqu'aux années 1990.

Et forcément, quand on vous annonce une tournée de Peter Hook & The Light en France tout le mois de mai, vous réfléchissez à deux fois avant de prendre vos places : est-ce que le père Hooky ça vaut vraiment le coup d'aller se le taper sur scène ? Est-ce que les deux albums de Joy Division qui sont annoncés dans le programme il va les jouer convenablement ? D'ailleurs, est-ce qu'il va réellement jouer de la basse ? Bref, l'annonce tombe, je suis quand même intéressé. Faut dire que New Order, j'ai eu la chance de les voir en 2013, avant que Bernard Sumner commence à vraiment être trop fatigué pour la scène. Ils m'avaient impressionnés, tout jeune que j'étais, mais m'avaient aussi laissé un goût de bâclé en bouche, de "jenfoutisme" qui me laissait croire que peut-être le concert aurait pu être meilleur si Hooky n'avais jamais quitté le groupe.

A ce propos, l'année suivante (2014 donc, pour ceux du fond qui suivent pas), alors que j'écume les bancs de la fac pour la première fois de ma vie, j'étais censé voir Hooky jouer Low Life et Brotherhood. Le concert est finalement annulé le jour même par manque de réservations. Dégoûté, je décide de faire une croix sur ses lives. Il aura fallu attendre huit ans et l'invitation d'une de mes meilleures amies pour finalement voir Peter Hook sur scène, le 13 mai 2022 donc, alors qu'il doit jouer Unknown Pleasures et Closer en intégralité, plus quelques morceaux de New Order et de Joy en rab.

C'est donc un vendredi 13 (un présage ?) qu'on prends la route direction le MeM de Rennes, une petite salle en bord de Vilaine qui m'a l'air d'être un mélange de guinguette des années folles et de chapiteau de cirque. L'endroit est déjà bondé, rempli de quinquas arborant fièrement leurs tshirts Ian Curtis tout en s'abreuvant de bière éventée. On attends sagement le début du gig à 20h20 pétantes. Après une introduction un peu étrange au synthé, Hooky et son groupe (dont on remarque David Potts, rescapé des projets Revenge et Monaco) montent sur scène sans cérémonie (no pun intended) et embrayent directement sur "I.C.B", extrait de l'album Movement. Il poursuivent avec "Procession" et "Dreams Never Ends".

Rapidement, je suis aux anges, ces morceaux font partie de mes tous préférés de New Order, la qualité de son est franchement parfaite et le son de basse me file des frissons que j'ai jamais eu pendant mon concert de New Order. Très vite, on remarque une chose : monsieur Hook ne sait toujours pas chanter et jouer en même temps. Il se contente donc de jouer les intros, les ponts et outros avec sa Yamaha ou sa Shergold, laissant le cœur des morceaux à son bassiste qui ressemble un rien trop à Johnny Depp pour être pris au sérieux. L'intro New Order se poursuit avec un "Regret" enflammé, un "Crystal" franchement surprenant et se conclut sur une version pourrie de "Your Silent Face", un morceau qui a mon avis n'a pas vraiment sa place dans un live.

Passé une pause de dix minutes, la sono crache "Trans-Europe Express" de Kraftwerk à pleine balle, signifiant le début du "vrai" concert. The Light est de retour sur scène, cette fois pour Unknown Pleasures. Le riff de batterie de "Disorder" commence, le public s'ambiance déjà, Hooky commence à jouer puis chante... et là c'est la cata. Le son qui était si bon pour la partie New Order semble être complètement déréglé pour Joy Division : trop de kick drum, trop de basse, trop de chant (faux, dans la tradition New Order) mais pas assez de guitare et une caisse claire qui sonne franchement creuse. Heureusement, "Day of The Lords" arrive, et là, c'est la claque. Le morceau est légèrement réarrangé, accéléré, et semble beaucoup plus lourd et violent qu'auparavant. "Candidate" calme les esprits avant la montée en puissance de "Insight" (les passages avec la Syndrum sont impressionnants) suivie de "New Dawn Fades". "She's Lost Control" fait pogoter toute la salle, "Shadowplay" aussi, puis "Wilderness" calme encore un peu le jeu. C'est certainement "Interzone" qui sera mon moment préféré de la soirée, joué de main de maitre par Hooky qui chantait déjà sur l'originale en 1979. La deuxième partie du concert se termine sur une version bien psyché mais un rien trop longue de "I Remember Nothing".

La performance de Closer démarre peu après avec une étonnante version de "Atrocity Exhibition" suivie d'une version bien pêchue de "Isolation". Les claviers sur ces deux morceaux sont un poil gênants, notamment quand le zicos fait son Fletch (cf Depeche Mode , RIP) à n'appuyer que d'un doigt sur un sample d'hélicoptère pendant "Atrocity Exhibition". Le morceau suivant, "Passover", fait partie de mes favoris sur l'album. Pas de chance pour moi, le setup du second bassiste, nommons le Johnny parce que je n'arrive pas à retrouver son vrai nom, flanche pile sur l'intro. Il change de basse six cordes, récupère la Shergold de Hooky qui lui fait les gros yeux, genre "t'a pas intérêt à faire de la merde avec garçon, sinon après la France tu peux aller pointer au chômage", n'arrive pas à brancher son rig d'effets pourtant ESSENTIELS sur une basse quand on joue du Peter Hook et démarre enfin le morceau. Et là, clairement, déjà que le mixage du son était pas toujours ouf, la six-cordes en mode "clean", ça casse tout. Manque de bol, c'est aussi sur Closer que Hooky a écrit le plus de morceaux avec une six-cordes. Vous l'avez donc compris, on s'est tapé la basse merdique quasiment tout le reste du concert, et notamment sur mes morceaux préférés, soit "Heart & Soul", "The Eternal" et "Decades". Ajoutez à ça un public un poil trop déchainé et deux sales c*n qui se permettent de foutre la merde dans le public, et tout de suite Closer devient moins beau et moins triste. Je passe donc en vitesse...

Le concert se termine heureusement en apothéose, et après une pause bien méritée, Hooky revient sur scène et enchaine "Digital", "Transmission", "Ceremony" et un "Love Will Tear Us Apart" de rigueur qui mettra enfin tout le monde d'accord. Hooky, même si il fait bien ses 66 ans, se permet de bouger bien davantage sur la scène pendant ce rappel, fait du rase mottes avec sa basse comme en 1987 puis tente de balancer son tshirt dans la fosse, tshirt qui restera finalement accroché à un câble au dessus du public... C'est que même sans son tshirt on remarque qu'il est bien conservé, le Hooky ! C'est sur son torse nu et un "I'm f*cked, good night" que la performance s'achève.

En bref, le concert était fort sympathique, notamment sur la première partie avec les morceaux de New Order et Unknown Pleasures. La performance live de Closer, bien qu'étant mon disque préféré de Joy Division, restera une déception. Je suis dans l'ensemble bien content de ce concert qui m'aura permis de voir Peter Hook malgré tout et boucler pour de bon mon expérience live avec ces deux groupes mythiques de Factory Records... Clairement, pour un prix modique, Peter Hook & The Light demeure certes un excellent cover band, mais avec l'un des meilleurs musiciens rock des années 1980... Rien que pour ça, si on oublie le côté cheap de certains morceaux, l'âge du protagoniste et sa voix d'ours mal léché, ça peut encore valoir le coup !


Bon   15/20
par EmixaM


  Setlist

ICB
Procession
Dreams Never Ends
Regret
Crystal
Your Silent Face

Disorder
Day of the Lords
Candidate
Insight
New Dawn Fades
She's Lost Control
Shadowplay
Wilderness
Interzone
I Remember Nothing

Atrocity Exhibition
Isolation
Passover
Colony
A Means To An End
Heart & Soul
Twenty Four Hours
The Eternal
Decades

Digital
Transmission
Ceremony
Love Will Tear Us Apart


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