Les Wampas

Paris [L'Élysée-Montmartre] - samedi 01 février 2020

Tous les cinq ans en moyenne depuis 1993, je participe à une grand-messe d'un genre un peu particulier : un concert des Wampas, une secte gauloise pacifiste mais turbulente, qui se réunit régulièrement dans un enthousiasme digne d'une chorale gospel dans le sud des États-Unis.

Une légende urbaine veut que Kurt Cobain (oui, Kurt Cobain) ait été marqué par deux groupes de rock français : les Thugs, et ce groupe psychobilly très marrant dont il n'avait pas retenu le nom. Ce groupe existe toujours, il a même réussi à faire un tube potache en moquant un de ses collègues (plus particulièrement son portefeuille), et un scandale en moquant un président de la république ayant eu des démêlés avec la justice. Et organise donc depuis plusieurs décennies des grand-messes punk.
Comme dans toute grand-messe, on y retrouve les fidèles. Pour celle-ci, les retrouvailles se déroulent dans un bar proche du lieu de culte, dans lequel on partage le pain, la charcuterie, le fromage et la bière, tant et si bien qu'on en loupe les deux groupes qui assurent la première partie. Une fois entré dans le lieu de culte, le très solennel Élysée-Montmartre, chargé de souvenirs forts mais que je n'avais quasiment jamais associé à une tête d'affiche française, je me mêle à la foule qui entonne un cantique pour hâter l'arrivée du prédicateur : "Didier Wampas est le roi". Mégalomanie de la part du chanteur ? Autodérision plutôt. Didier Wampas ne se prend pas au sérieux, sa seule ambition est de s'amuser avec ses musiciens et ses fans, sans aucune retenue, et d'envoyer les pisse-froids se faire foutre. Son côté Iggy Pop yéyé en fait une sorte d'héritier punk de Jacques Higelin, avec une quantité similaire de détracteurs.

Les premiers morceaux sont ceux d'un groupe de punk français, énergiques mais somme toute assez classiques. Le groupe est bien rodé, avec Niko le batteur historique, un ancien des Satellites à la basse (Jean-Michel Lejoux), un ex-Dogs à la guitare (Tony Truant) et un autre guitariste beaucoup plus jeune, Effelo. Le véritable spectacle commence avec le premier hymne, "C'est l'amour", et ne s'arrêtera plus jusqu'à la fin du rappel : Didier, vêtu d'un T-shirt Mickey trop court, commence ses acrobaties, avec le caisson surélevé sur la scène, les plongeons dans la fosse, la chaise portée par le public, le "wall of death" (il sépare la fosse en deux jusqu'à la table de mixage, et quand le morceau démarre, les pogoteurs se jettent les uns sur les autres), et toutes ses interventions en mode messie allumé. Il a beau approcher la soixantaine, il est encore en pleine forme, même s'il a oublié une partie des paroles de la jolie comptine "Les bottes rouges".
Ce qui frappe, c'est le côté familial de ce concert. Malgré leur penchant pour la provoque, les Wampas restent accessibles à tous les âges. Didier se transforme même en Jacques Martin, faisant monter deux enfants sur scène, les interviewant avant de leur poser LA question : ce soir c'est quoi ? Et d'enchaîner sur l'hymne psychobilly "Ce soir c'est Noël". Il fait également monter sur scène une partie de la composante féminine du public pendant que le groupe commence à jouer "Où sont les femmes", avant d'enchaîner sur l'hymne surf-garage "Petite fille". Alors oui, tous les morceaux ne sont pas du même calibre, mais ils les enchaînent si vite qu'on arrive sans s'en rendre compte au rappel. Celui-ci comprend encore quelques hymnes, dont "Rimini", un hommage touchant à Marco Pantani, et "Oï", dont est tiré le slogan "Didier Wampas est le roi", que Didier transformera pendant un crowd surfing en "Are We Not Men ? We Are Devo", montrant qu'il n'est pas le décérébré que certains perçoivent de ses interviews.

Au bout de deux heures, le couvre-feu met fin à la cérémonie. Nous nous retrouvons à nouveau au bar, pour revivre ces bons moments et recueillir les témoignages des nouveaux adeptes. Car oui, il reste encore des amateurs de rock français qui n'ont jamais vu les Wampas.


Parfait   17/20
par Myfriendgoo


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